30. Le temps passe

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C'est une longue semaine pour moi. Que je passe seul, la plupart du temps et sous forme de loup aussi.
Depuis le départ précipité de Beth je ne suis presque pas rentré chez moi. J'ai passé la semaine entre les cours ennuyeux à mourir que je suis obligé de suivre malgré tout, et la forêt de la réserve et le jardin de Beth. Je ne la vois pas. Elle ne revient pas au lycée. Je ne reçois aucun SMS non plus.

« Le temps passe et moi je trépasse. »

Jamais plus qu'aujourd'hui cette citation ne m'a paru plus vrai. L'éloignement de Beth me déchire l'âme. Ce sentiment de détresse est d'autant plus fort pour moi qui suis un loup-garou, je ressens tout plus fort. Alors n'être pas auprès de mon âme sœur... 

Mais il faut que je fasse bonne figure, parce que je suis un Alpha et qu'il faut que je tienne le coup.

——-

« -Sam tu es de plus en plus faible, commente Riley.

- c'est l'éloignement avec Beth, confirme Amanda.

- d'ailleurs je crois que Beth aussi souffre de ne pas te voir. »

C'est Lucie cette fois qui ajoute ça.

« - quand on allait lui apporter les cours ces derniers jours, c'est ses parents qui les ont récupéré. Apparemment elle ne sort plus de sa chambre et elle aurait de la fièvre.

- ah oui c'est vrai, et elle mange encore moins aussi d'après son père... »

Lucie s'apprête à rajouter quelque chose mais je ne peux pas en entendre plus. C'est ma faute si elle souffre.

- Elle est malade a cause de nous, confirme Zapel. C'est encore de notre faute, on ne lui apporte que du malheur.
- te lamentes pas comme ça, commence Theo, c'est normal que ce soit plus compliqué pour toi.
- c'est vrai c'est une humaine elle est différente, elle ne peut pas tout comprendre et accepter du premier coup, ajoute son âme-sœur.

« - mais je lui fais quand même du mal, même si on ne la confronte pas. C'est trop tard. Je ne peux plus faire machine arrière. »

Une fois que j'ai pu affirmer ça a voix haute. Fort de ma résolution, je me sens un peu mieux.
J'ai l'impression que mes bêtas l'ont remarqué aussi au vu des sourires qu'ils arborent et des soupirs qu'ils lâchent.

Avec mon regain d'énergie mes émotions se réveillent. Après quatre jours sans vraiment manger je meurs de faim. Je dois me remettre d'aplomb si je veux être à même de retrouver Beth et la ramener avec moi.

J'aurais l'air de quoi si quand je la vois, je finis par tourner de l'œil.
J'ai encore un peu de temps. Il est encore un peu tôt, ou tard selon de quel côté on se place, avant d'aller chez elle.

Je reviens chez moi pour me restaurer. J'espère qu'il y aura de quoi manger. Je ne veux pas devoir patienter de trop.
Mes pattes foulent la terre meuble et humide de la forêt, mes griffes s'enfonçant dans le sol pour aller encore plus vite. J'arrive devant la maison et un tas d'habits m'attend déjà sur le perron.

Redevenir humain et douloureux si je ne l'ai pas fais depuis longtemps. De ce fait me tenir debout et difficile. Avant de faire quoi que ce soit de plus je m'étire de long en large. Quelques articulations sont un peu raides mais être sur mes deux jambes et quand même plaisant. A la longue tout voir par en bas et stressant.

C'est habillé que je rejoins les autres a l'intérieur, ils m'ont tous précédé.
Un fumet de viande grillée embaume toute la cuisine. Si j'étais plus désespéré je me pourlècherait les babines. Devant mon regard envieux, quelqu'un fait glisser une assiette devant moi. Je remercie silencieusement quelque soit la personne et m'attaque à mon bout de viande.

———

Il s'est passé plus de temps que je l'aurais voulu avant que je ne puisse repartir. Il a fallu que nous débrifions un peu sur les quelques jours qui se sont écoulés ainsi que sur la fuite de la meute d'Alastor. Nous sommes tous d'accord la dessus : il ne restera pas sur un échec.

Je décide de mettre un terme à notre petite réunion, rien de plus n'en sortira. En tout cas rien qui m'intéresse plus que l'état de Beth.
D'après les filles, elle est très mal en point. Je me déshabille dans ma chambre, ouvre les volets et la fenêtre pour aérer et saute par la fenêtre ouverte en me transformant.

La transition est presque instantanée. Je cours de-nouveau sur quatre pattes en direction de l'endroit qui est devenu mon nouveau chez moi.
Je m'apprête à rejoindre l'arrière de sa maison et son jardin quand j'entends des bruits venant du porche.
Les pas de trois personnes : ça veut dire qu'elle s'apprête à partir. Pourquoi ?

- va voir, m'ordonne mon loup.

Comme si ce n'est pas ce que je comptais faire.
C'est ainsi que je me retrouve à trottiner dans la forêt, en parallèle de la voiture des parents de Beth pour savoir où Elle va.

Quel est ma surprise en arrivant aux abords de l'hôpital. C'est pire que ce que je croyais. Beth n'est pas bien du tout. Et si ce n'était pas le lien qui m'affecte mais autre chose ? Et si elle était vraiment malade ? Et si s'était une infection du à ses blessures ? Une septicémie ?

Les rouages dans mon cerveau tournent à mille à l'heure. Je suis vraiment inquiet, et ça ne m'aide pas à me retransformer pour la rejoindre Elle ou ses parents.
Je me force à retrouver un semblant de calme, pour reprendre mon apparence humaine. Il me faut dix bonne minutes pour me contrôler assez pour rester sur deux pieds. Je revêts un short de sport et un t-shirt que j'avais apporté et me dirige à grand pas vers les urgences.

Je franchis les portes du bâtiment. Tout est aseptisé, blanc, médical et rempli d'une odeur de médicaments. Je fronce du nez, je n'arrive même pas à retrouver l'odeur de fraise et de blé qui est celle de mon âme-sœur.

En désespoir de cause je m'oriente vers la secrétaire de l'accueil pour avoir plus de renseignements.

« - Je peux vous aider, monsieur, susurre-t-elle en clignant des yeux.

-Euh oui, en fait je cherche quelqu'un. Commençais-je.

- Vous auriez un nom ? Peut être ? Me demande la secrétaire avec un sourire en coin.

- oui oui bien sûr ! C'est Veedo, Beth Veedo.

- Vous êtes de la famille ?

- pas vraiment, enfin c'est compliqué... »

Elle remarque mon air désespéré mai continue de ne rien vouloir me dire. J'ai même l'impression qu'elle cherche plus à me draguer qu'à me renseigner.

-C'est quoi son problème, elle veut ma photo, commence Zapel.

Je suis en train de mettre fin à cette discussion à sens unique quand j'entends mon nom.

« -Sam ? »

Je me retourne, surpris et heureux. J'ai reconnu sa voix.

Au contraire de mon sourire qui disparaît quand je la vois. Elle, elle est méconnaissable.

La forêt garde ses secrets Où les histoires vivent. Découvrez maintenant