La forêt garde ses secrets

25. Une autre révelation

Nous sommes seuls, elle est moi dans cette chambre, ma chambre.
Son petit corps de lutin presque caché dans cet amas de draps.

Son visage si expressif dans lequel nage ses deux grands yeux exprime si fort l'attente que je m'empresse de débiter toute l'histoire.

« -Ecoûte, il faut que tu saches que je suis un loup-garou et que tu es mon âme sœur. »

Je me coupe ahuris de ce que je viens de déblatérer. Quand je tombe sur le visage de Beth, il est inexpressif, comme si elle était coupée de la réalité. Soudain j'ai peur. Que ce soit trop d'un coup pour elle. Qu'elle ne me croit pas. Ou pire que je la fasse fuir.
Mais heureusement ce n'est pas ça.

« -Quoi qu'est ce que tu dis ? Je ne t'es pas écouté, chuchote-t-elle timidement. »

Je ne l'exprime pas à voix haute mais Zapel et moi venons de relâcher toute notre angoisse dans un énorme soupir. Encore mieux, elle me sourit comme pour m'inviter à tout lui révéler.

« -Vas-y je t'écoute. »

Elle accompagne sa parole d'un geste affectueux. Sa toute petite main, froide en comparaison de ma température se pose sur la mienne. La sensation est divine. Pour peu qu'elle commence à la caresser que Zapel en ronronnerait. Malheureusement elle retire sa main presque aussitôt. Si je n'avais pas enregistré son mouvement dans ma mémoire j'aurai pu penser que cela n'est pas arrivé. Pourtant son regard intelligent et interrogatif corrobore la véracité de la scène.
Quand nos yeux se rencontre j'y vois tout un tas de questions, son désir de comprendre et de l'appréhension. Pour ma part c'est la peur qui prédomine. Comme tout à l'heure j'ai affreusement peur de la perdre, avant même d'avoir pu lui révéler quoi que ce soit.

Je choisis cette fois ci d'y aller étapes par étapes. Je veux, je souhaite qu'elle découvre par elle même plutôt que de la mettre face à la vérité d'un coup d'un seul.

«-Beth, avant de commencer, je dois te demander quelques choses... »

Rien que le début me semble nul et débile mais je suis lancé et je ne veux pas faire machine arrière.

Tu es un Alpha bon sang, ressaisis-toi me sermonne mon loup.

Elle finit pas hocher la tête. Je poursuis.

« -Est ce que tu me fais confiance ? »

Pitoyable, continue-t-il.

« -J'imagine... enfin on ne se connaît pas tellement. Je n'irais pas jusqu'à te confier ma vie mais je peux te croire jusqu'à un certain point il me semble, hésite-t-elle. »

Malgré son bégaiement, malgré le doute qui imprègne son aura. J'ai l'impression qu'elle a envie de me croire.

« - tu crois aux légendes ? »

A ce moment là c'est moi qui est envie de me jeter pas la fenêtre. Je n'y arriverai jamais à ce rythme là. Mais ça réponse si naïve, si pure me fait fondre. Je la couve des yeux pendant qu'elle me répond.

« -euh.... il me semble que quand j'étais petite je pensais qu'un croc-mitaine ce cachait sous mon lit.... et je crois que le jour d'Halloween je ne sortais pas chercher les bonbons parce que je croyais que tous les déguisements étaient vrais.... et... »

Elle a l'air sérieuse. Le petit froncement de ses sourcils m'indique qu'elle cherche vraiment à répondre et que malgré mes questions somme toutes débiles et incongrues, elle veut y répondre le mieux possible.
Finalement j'essaie de l'aider un peu, pour la mettre sur la bonne voie.

« -je ne te parle pas de ces légendes là.

-des quelles alors ? Le demande-t-elle tout aussi naïvement.»

Elle a l'air si pure comme ça. Ses questions sont si innocentes. Je m'en veux de la faire plonger dans ce monde de violence et de chaos.
Avec son petit corps frêle j'ai du mal à me la représenter comme une jeune femme presque adulte. Elle a l'air si fragile.

D'un geste aussi instinctif que contrôlé j'avance ma main vers son visage. Je prends sa joue au creux de ma paume.

Être en contact de cette façon, les yeux dans les yeux. Tous les deux absolument conscients du moment est indescriptible. C'est comme si je trouvais enfin ma place dans le monde. Comme si c'était ainsi que j'aurais du être depuis toujours.

Je ne suis pas le seul à apprécier cet instant, Beth s'appuie un peu plus sur moi et ferme les yeux pour ce concentrer sur ses sensations.

Cette vison d'elle, douce, paisible, presque heureuse me pousse en avant.

Sans que je ne m'en rende vraiment compte je me retrouve avec ses lèvres tout contre les miennes.