20. Sûrement ma fin

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La suite se déroule dans un silence étrange, pesant. Tout ce qui m'entoure est plongé dans dans une sorte de coton transparent absorbant tous les bruits qui s'enchaînent, je n'entends rien, je ressens tous, comme les basses dans un concert mais en ayant la tête sous l'eau.

Malgré la pénombre environnante la suite des événements m'apparaît presque aussi clairement qu'en plein jour, tout est assombris et différents mais tout est pourtant visibles.

Un énorme loup brun surgit de nul part et saute sur mon agresseur, qui lui aussi est un loup. Attendez on revient en arrière, l'homme qui me torturait s'est transformé en loup? La douleur est-elle si forte que j'hallucine ? Ça sent pas bon pour moi ça.

Les sons sont de plus en plus nombreux, comme le nombre de loups autour de moi, une dizaine de loups surgissent du même néant que le premier et se jettent sur les hommes qui me retenaient, je souffre encore de la même hallucination parce que je me retrouve seule au milieu de bêtes sauvages.

C'est ignoble ce que je vois, du sang gicle de partout, des hurlements déchirent la nuit. Tous les loups quels qu'ils soient se battent, se déchirent à coups de crocs et de griffes, c'est ma chance de fuir avant qu'ils ne se rendent compte de moi. Je ne sais plus vraiment réfléchir, je sais juste que j'ai mal et que je dois partir de là.

En gémissant de douleur je me traîne au sol à la force de mes bras. Je ne peux pousser qu'avec une seule jambe, l'autre étant hors d'usage. Je sens le sang quitter mon corps et laisser une traînée rouge vif derrière moi. Mais c'est pas grave si ? Tant que je m'éloigne de ces animaux. Je ne pense même pas au fait qu'ils pourraient me retrouver grâce à l'odeur de mon sang, en tout cas je n'y pense pas pour l'instant.

Maintenant que j'ai retrouver l'usage de mes oreilles, j'entends très distinctement les bruits de l'affrontement, tous ces cris, ses bruits de mâchoires qui claquent, ses bruits de peau qui se déchirent, tout est trop clair, et je voudrais tant que ce cesse.

A peine ais-je formulé silencieusement ce souhait que les horribles sons s'arrêtent seulement remplacer par un hurlement de douleur incommensurable. Je le ressens au plus profond de moi, comme si il était le fruit de ma douleur.

Je suis plus loin du lieu de la bagarre et j'espère échapper aux bêtes, même si cela est dû à mon imagination, cette scène me semble trop réaliste, comme si j'avais vraiment assisté à la transformation d'hommes en loups.

Au nomment où tout est calme, où le silence règne à nouveau, mes oreilles captent difficilement des reniflements comme si une des bêtes humée l'air à la recherche de quelque chose ou de quelqu'un en l'occurrence. Au fond de moi je sais que ma fin est proche je n'aurais pas succombé aux coups de couteaux mais aux crocs tout aussi aiguisés d'un des loups. Doucement comme avec peur et précaution les reniflements se rapprochent de mon corps, je ne bouge plus pour ne pas attirer son attention, dans le but vain de repousser la mort.

La tête face contre terre, les yeux clos, une langues humide et rêche me lèche le visage. Surprise j'ouvre les yeux et tombe nez à nez ou plutôt nez à museau avec la gueule immenses d'un loup bruns. Ses yeux bleus, très bleus emplis de douceur et de douleur me rappelle le loup près de chez moi, j'en souris, mon imagination me ramène à de bons souvenirs.

Presque aussitôt le loup disparaît, il s'éloigne et me laisse à nouveau seule. Des larmes silencieuses dévalent mes joues sales, désespérée à l'idée de mourir dans ce froid avec toutes ces douleurs, seule.

Le temps passe, quelques secondes ou quelque heures s'écoulent et je ne sombre toujours pas. J'attends mais je ne sais pas quoi ni qui. Je suis sur le pont de perdre espoir quand d'autres bruits atteignent mes oreilles, ils sembleraient que ce soient des bruits de pas. Des pas sur les coussins de feuilles et de brindilles de la forêt. Ils ne cherchent pas à être discret aux contraires, on dirait qu'ils font tout pour que je les attendent. Peut être est-ce celui où celle que j'attends ? Ou peut être est-ce cet homme qui m'a enlevé ? Dans tout les cas, je ne bouge pas, j'attends encore parce que je ne sais faire que ça.

La personne est arrêtée, je vois ces pieds ou du moins ces chaussures. Ce sont celles d'un homme sans aucun doute. Ce sont des chaussures de marches, pour la randonnée. Je m'attarde tellement sur ce détails que je ne regarde pas à qui elles appartiennent ni au fait qu'elle se baisse à mon niveau.

D'autres yeux bleus me regardent, ils me transpercent, ils me rendent heureuses. D'un coup je me sens mieux, la douleur s'évaporent presque entièrement, je me sens légère.

Malheureusement c'est fini, tout est fini, je m'en vais en voyant une dernière fois les fantômes de mon ami.

Dans un demi état de conscience je m'entends prononcer son nom.

-Sam...

La forêt garde ses secrets Où les histoires vivent. Découvrez maintenant