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Ce dernier échange avec Victor m'avait fait mal. J'étais réellement inquiet pour mon ancien ami. Je pouvais le comprendre, se planter cette serringue dans les veines était vraiment plaisant. Mais je pouvais aussi l'aider, mais je l'avais abandonné. Voilà encore une fois où j'avais échoué, maintenant c'était trop tard, il ne répondait plus à mes messages. Je devais juste espérer qu'il  la gravité de ses agissements et que ses amis l'aident. Comme il me l'avait dit, je n'étais plus rien, si ce n'est un inconnu. L'ancien drogué du coin. Je n'avais marqué aucun esprit même si ce voyage avait marqué le mien.
Je décide de prendre un peu d'espace, ce passé m'obsède bien plus et prend une partie bien trop importante dans ma vie paisible.

J'entends les escaliers grincer. Ma porte s'ouvre et mon père me sourit.

– Tu pourrais frapper à l'avenir papa? dis-je calmement.

– Aah regarde comme tu es gentil, je ne comprends pas...

Je fronce les sourcils, je n'ai aucune idée de quoi il me parle. Il remarque l'incompréhension sur mon visage et se met à parler.

– L'été dernier Josh.

Ma bouche s'entrouvre. Ce passé ne se supprimera donc jamais. J'avais mal parlé à mon père et je m'en étais voulu il est le seul de ma famille que j'aime, enfin ce n'est pas comme s'ils étaient nombreux dedans.

– Tu te souviens des messages ?

Des souvenirs me reviennent, j'étais sur les quais et sous l'effet du shit. C'est soit je n'ai aucune émotion, soit mes émotions restent incontrôlables et en surdose. Cette soirée j'avais perdu ma virginité dans des toilettes publics, je me dégoûtais. J'avais vraiment fait plein de choses que je regrettais avec amertue. Mais avoir parler de la sorte au seul membre de ma famille était l'un de mes plus gros regrets. Quasiment rien comparé à l'héroïne que j'avais consommé ou au viol que j'avais commis, mais je le regrettais tout de même.

– Alors ? m'interromps-t-il dans mes douloureux souvenirs.

Je me racle la gorge et pose mes yeux sur les siens, sombre mais traduisant de sa gentillesse et de sa générosité.

– Papa, je vais tout te dire.

Il passe une main dans ses courts cheveux et gratte le peu de barbe qu'il a. Il lève un sourcil, intéressé.

– Papa, je me sens comme vide d'esprit, d'intérêt. Avant ça je t'avoue que je ne savais pas ce qu'était de ressentir une émotion, de la tristesse, de l'énervement. Je me sentais sans intérêt et pour moi les gens autour étaient détestables, ils ne profitaient pas réellement de la vie et préféraient se pourrir mais bref je ne vais pas te soûler avec ça.. J'ai reçu le message de cette fille et j'ai commencé à m'attacher à elle, au début je la trouvais juste marrante mais au fur et à mesure je voulais être comme elle, je l'enviais. Elle buvait et fumait de temps en temps mais était raisonnable. Je suis allé la voir à Lyon et j'ai voulu tout tester d'un coup... En vérité quand j'ai bu j'ai ressenti comme une force, je me sentais vivant, les gens m'appréciaient, j'étais intéressant. Mais quand je redevenais sobre, je redevenais vide, sans émotions comme une coquille qui attendrait qu'on la combre. C'était l'alcool et surtout la drogue qui me permettait ça. J'ai tout testé papa, je voulais tout tester pour enfin me sentir vrai. Quand Victor, mon meilleur ami, a voulu m'aider en m'ordonnant d'arrêter j'ai refusé car pour moi, il était incapable de comprendre ma souffrance. Autour de moi, je ne voyais pas que je désespérais tout le monde et je suis devenu la pire des ordures sous ces drogues... Papa, j'ai violé la fille que j'aime. Enfin je crois que je l'aime, j'y connais rien, papa je t'en prie ne me juge pas... Je n'aurais pas dû faire tout ça... Je n'aurais pas dû me piquer, c'était si bien.

À cette dernière phrase ma voix se mit à flancher et des larmes se mirent à couler, elles étaient incontrôlable. Voilà, je ressentais de la tristesse mais uniquement parce que ça me manquait et que je refusais de retomber dedans. Uniquement la drogue ou son souvenir me faisait ressentir des putains d'émotions. J'avais affreusement peur que cela se reproduise, que l'ennui de ces vacances me donnent envie de m'amuser seul comme je le faisais.

Je relève le regard vers mon père, il est immobile et je n'arrive pas à traduire son expression faciale, il semble être en train de réfléchir à ma connerie. 

– Comment te sens-tu maintenant sans la drogue ? me questionne-t-il.

Je me frotte mon œil droit et me pince la lèvre inférieur.

– Vide, comme avant.

Il lâche un soupire et me regarde comme avec... Pitié. Je déteste ça.

– Tu dois te trouver des amis saints d'esprit Josh, je refuse que tu retombes.

– Je ne vais pas retomber papa ! Je le sais.

– Non tu ne sais pas, regarde ce manque dont tu me parles.

Je fuis son regard, j'ai honte de lui avoir tout dit, je me sens réellement ridicule. Je n'étais qu'un camé incapable de vivre sans drogues.

– Tu connais la voisine Ava ?

J'écarquille les yeux, pas encore elle. Je ne peux pas la supporter, elle m'ennuie et elle est hautaine.

– Oui et je ne l'apprécie pas.

– Mais elle au moins ne te forcera jamais à prendre de la drogue.

Je lâche un long et bruyant soupire face à ses paroles. Qu'elle retourne faire son CAP coiffure elle, je m'en fichais de sa vie.

– Ça ira.

– Je veux que tu aies des amis bien Josh.

Je lève les yeux au ciel, il a atrocement raison mais les gens biens sont aussi chiants que Ava.

Je décide de prendre l'air ce soir, je n'ai pas envie de rester seul chez moi à ne rien faire. Je vois alors sur le programme des activités de Edinburgh qu'à part des boîtes, il n'y a rien à faire. Je ne compte pas y aller et encore moins seul.

Je sors de la maison et me dirige vers le portail après avoir dit à mon père ce que je comptais faire : me promener dans son village que je n'avais pas encore visité. Je sors donc et me balade dans le sentier étroit jusqu'à arriver devant une route goudronnée. Je prends en direction du village et marche environ 5 minutes avant d'arriver près du clocher de l'église. Le ciel s'est assombrit et seul la lumière des lampadaires me permet de voir ma route. Devant moi se dresse une grande Église avec des appartements et des maisons tout autour ainsi qu'une route descendant jusqu'au city stade. Je marche jusqu'à cette route et l'empreinte. Les lampadaires se font de plus en plus rares et je sors alors mon téléphone pour éclairer mon chemin et me rend compte par la même occasion que j'ai un nouveau message. Je m'apprêtais à le lire lorsque des cris dans une langue que je reconnais parfaitement se font entendre. Que font des françaises ici ?

AloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant