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Voilà que je suis prêt à m'endormir, perturbé par ce qui est en train de se passer. Je n'arrive même pas à réaliser.

Manon:
Rdv dehors? Faut qu'on discute😅

Ce message tombe à pic, nous avons besoin de discuter, c'est important. J'accepte et me lève, met des chaussures et la rejoins. Elle est sur les escaliers en train de fumer une énième clope sûrement, elle a son téléphone en main et regarde l'horizon. Je m'assois à côté d'elle et elle tourne son regard vers moi, elle affiche un léger sourire et baisse les yeux jusqu'à sa clope.

- Je voulais qu'on discute, affirme-t-elle.

- Ouais bonne idée, je pense que c'est mieux.

- Je n'avais aucune idée que tu étais ici à vrai dire, je croyais que tu restais en France.

Elle me regarde fixement, je soutiens son regard et elle continue de tirer.

- Je me doute sinon tu ne seras pas venu.

Elle me regarde et baisse les yeux, une silence de quelques secondes s'installe puis elle repose son regard sur moi.

- Je ne sais pas.

- T'en est où niveau drogues? lui demande-je.

- Comme l'été dernier, en soirée mais pas plus.

- Mais niveau clope ça change pas ! m'exclame-je.

Elle rigole et baisse son regard vers sa cigarette qu'elle porte à sa bouche.

- Et toi niveau drogue?

- Je ne refumerai pas, c'est sûr mais l'alcool en soirée je sais comment ne pas en abuser et d'autres trucs pas trop addictifs comme les tases, Alix m'en a parlé.

Elle rigole et se gratte l'arrière du crâne avec sa main libre.

- Tu veux commencer fort Josh, fais gaffe à toi, ne deviens pas accro bêtement même si je me doute que tu as appris des erreurs du passé.

Je lui rends son sourire et opine. Elle a raison, l'été dernier m'a donné une leçon inoubliable.

- Ça fait combien de temps que vous parlez avec Alix ?

- Le début des vacances, elle est chelou ta pote quand même.

Elle rit et remet une mèche en place derrière son oreille.

- Elle est spéciale et très complotrice à ce que je vois.

Je ris à sa remarque.

- Pourtant, je sais qu'elle a bien fait, ose-je dire.

Elle se pince la lèvre inférieure et échappe un rire nerveux.

- Tu as sûrement raison.

Elle pose son regard sur le mien, elle est toujours aussi belle. Ses yeux marrons peuvent paraître banales mais me font ressentir tant de belles émotions. L'amour peut-être.

- Je... Tu ne m'en veux pas? tente-je d'articuler.

Elle me regarde un peu intriguée et finit par comprendre après quelques secondes de flou.

- Ah, euh ça... La drogue fait faire de belles conneries, je te préfère sobre, dit-elle en posant sa main sur la mienne.

Automatiquement, un sourire se créé sur mon visage. Son geste me touche mais nous ne devons pas aller trop vite, tant de belles choses peuvent être gâchées si j'ose prendre les devants.

- On va profiter de cet été alors.

Elle opine et pose sa tête sur mon épaule, j'entoure mon bras des siennes et pose ma tête sur la sienne. Nous restons dans cette position sans rien dire durant cinq minutes ou plus. Je ne sais pas, ça me paraissait court mais ça aurait pu durer plus longtemps si elle n'avait pas décidé d'aller voir l'arrière de mon jardin. Le temps passe si vite quand je suis avec elle, il est déjà minuit alors que je suis parti de ma chambre vers 22h30. Elle marche un peu plus devant moi, elle s'avance vers le derrière de mon jardin et y découvre des balançoires. Je n'ai aucune idée de pourquoi mon père a ceci. Nostalgique, elle court et se met sur une des deux. Elle fait un mouvement de jambes qu'elle reproduit pour la faire basculer. Je me met derrière elle et la pousse en faisant pression sur son dos. Elle semble s'amuser, je le sens. Pourtant seul le bruit des criquets bercent cette nuit, rien aux alentours. Puis, elle s'arrête nette. Elle me regarde avec un sourire jusqu'aux oreilles. Je le sens mal.

- Attends attends ! On est d'accord que y'a la mer ici !?

- Manon, c'est super long faut aller jusqu'au grand pont et c'est l'océan pas la mer, soupire-je.

- M'en fous, je refuse de louper ça ! s'excite-t-elle.

Je lâche un long soupire avant de la regarder avec un regard de désespoir et de finir par un sourire qui traduit mon acceptation.

- Pète sa mère !

Je rigole, son langage ne s'est toujours pas amélioré à ce que je vois.
Nous marchons en direction du pont. Un trentaine de minutes de marche nous attend avant d'arriver à destination. Mais ça vaut le coup.
Nous discutons comme souvent de drogue, la conversation devient presque automatique. Elle m'explique qu'elle aimerait essayer les champignons et que ce n'est pas addictif, c'est à faire une fois dans une vie à son avis. Je suis du sien, si je suis capable de me contrôler et que je suis surveillé je dois essayer avec elle. De plus, j'ai perdu le pari avec Alix. Je pense que je suis largement capable d'essayer. Ce serait une preuve que je peux me contrôler et ne pas tomber accro de tout et de rien. De plus, d'après internet et elle, on ne peut pas devenir accro à ces merdes.
Le sujet dévie rapidement sur Victor, elle me parle de sa descente aux enfers que même ses meilleurs amis ont remarqué trop tard. Il se piquait depuis bien longtemps. Maintenant plus personne ne pouvait l'arrêter. Nous n'aurions rien pu faire. Elle ne semble pas plus affecté que ça visiblement. J'ai encore du mal à en parler avec elle, ma voix flanche dès que je dois prononcer ce prénom... Victor... Tout le monde l'aimait, il avait tout pour plaire. Même le plus entouré peut périr. Ce n'est pas une liste d'amis interminables qui va épargner.

Nous arrivons enfin devant la plahe, elle est complètement libre. Ce qui est rare pour un soir de vacances. Elle se promène sur les galets avant de prendre une photo du paysage magnifique.

Puis je m'allonge sur un grand rocher brulant tandis que Manon trempe ses pieds dans l'eau froide. Elle s'avance jusqu'aux chevilles avant de ressortir. Elle s'allonge près de moi et j'attrape sa main posé sur le rocher. Je la sers et ferme mes yeux avant de tomber de fatigue et de me jeter dans les bras de Morphée.

AloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant