Chaque soir, depuis que je t'ai envoyé cette fameuse lettre, j'espère trouver, en rentrant, posée sur la table, une enveloppe qui me serait destinée. Sur laquelle je reconnaitrai ta calligraphie si particulière, la forme de tes lettres formée par l'encre bleue marine imprégnant le papier. Et chaque soir depuis déjà deux semaines, il n'y a rien. Si ce n'est ma déception. Je me moque de ce que peut contenir cette lettre hypothétique et attendue, mais j'aimerais la lire. La relire. M'imprégner de tes mots. Même si ils ne sont pas ceux que j'espère. Je voudrais avoir connaissance de ton point de vue. Avoir idée de ce qu'il te passe par la tête. Dis-moi non. Dis-moi que je suis décidément trop dans la sensiblerie. Dis-moi tout ce que tu as envie de dire. En fait, non. Ne le dis pas. Ecris-le.
''Comme si la vie, c'était ça, simplement ça, se fréquenter et se perdre de vue et continuer à vivre, comme s'il n'y avait pas de déchirements, des séparations qui laissent exsangues, des ruptures dont on peine à se remettre, des regrets qui vous poursuivent longtemps après.''
Eh bien, j'ai beau essayé, je n'arrive pas à me faire à cette idée. Comme pour moi, ton départ c'est exactement ça : ''un déchirement, une séparation qui laisse exsangue, une rupture dont je peine à me remettre, des regrets qui me poursuivront longtemps'' ; eh bien non, je ne parviens pas à croire que la vie c'est faire abstraction de tout ça. Je crois même que la vie c'est se laisser submerger par tout ça, d'en faire une source de tristesse, de pleurs ; et ce, aussi longtemps qu'il le faudra...
Je sais que tu as commencé à écrire. Tu me l'as dit. Je crois que c'est pire. Savoir que ça va arriver. Juste attendre. Garder encore espoir. Prier, toujours. Pour que cette lettre soit celle que j'aimerais lire. Celle qui me ferait plaisir. Et pourtant, se contenir un peu. Ne pas avoir trop d'espérance. (''Expectations always hurt.'' ) Se préparer à être déçue. Perdue. Décontenancée. Mais attendre. Patiemment. Ouvrir les yeux. Voir la réalité en face. Arrêter de se faire des films. Croire qu'on s'est toujours trompée. Penser que j'ai tout fait foirer. Me répéter sans cesse ''sensibilité n'est pas sensiblerie''. Croire que tout ça, c'est de ma faute. Se remémorer les bons moments. Ces temps passés. Remuer le couteau dans la plaie. Se faire du mal. Et pourtant continuer. Se calmer quelques instants. Prier, encore. Y croire, toujours. Et juste, attendre.
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Correspondances à sens unique...
General FictionParce qu'il est des choses qui ne se disent pas, je les ai écrites. Mais puisque le courage me manque, je n'enverrais probablement jamais ces lettres... Des lettres de moi, à toi, mais qui ne quitteront pas ce tiroir où je les garde jalousement. Sau...