Chapitre 9

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A la sortie de nos cours, Spencer me force à aller à nos casiers pour "vérifier" si nous avons reçu des papiers. Impatiente, elle court pendant que je la suit.

J'ouvre mon casier, y dépose mes livres et fouille dans la petite boîte qui m'a été attribuée. J'y trouve deux petits papiers :

1 : Je ne peux plus résister à ta présence et ma bipolarité m'en empêche, ma fierté me retiens et mon corps réagis. Tu me comprends mieux que n'importe quelle personne de ce monde alors que depuis seulement quelques jours on se connaît. Je le vois dans tes yeux, je le sens dans tes propos, dans ta façon d'être, tu es comme moi, un être incompris du moins, jusqu'à maintenant...

Waw, je ne m'attendais pas à une telle déclaration. Que dois-je faire de ces informations ? Tant de questions sans réponses mais maintenant je me sens moins seule, je me sens moins vide, plus comprise.

2 : Je t'aime depuis trop longtemps pour continuer à te le cacher et le nier. J'ai besoin de toi mais j'ai peur de casser notre amitié. Si tu ne veux pas de moi je t'en prie fais simple et dis le moi clairement. Ton meilleur ami, D.

Merde ! DYLAN est amoureux de moi alors ?! NOONN c'est pas possible ça risque de gâcher notre si belle amitié et je ne veux pas que ça arrive !

Spencer est déjà partie, elle ne m'a pas attendue, c'est étrange.

J'essaie de rentrer chez moi mais le bus est déjà parti. Je me pose donc sur un banc et me met à réfléchir à propos de tout ceci. C'était sans compter sur la présence de Dylan qui vient s'asseoir à mes côtés et m'embrasse fougueusement avant que je ne puisse dire un mot. Je le repousse ne sachant quoi faire d'autre et tente de m'en aller mais je restais figée quand je vis au loin une silhouette barraquée, cheveux bruns et j'en passe me fixer avant de se retourner pour partir dans la direction opposée. J'ai envie de courir et de lui dire que tout ça n'est rien car je ne sais depuis combien de temps il se trouvait à cette emplacement mais je soupçonne qu'il y soit depuis assez longtemps pour avoir vu la scène précédente avec Dylan, qui en ce moment même est d'ailleurs en train de prononcer mon nom pour daigner obtenir une quelconque réaction de ma part, en vain.

Il se place donc devant moi en s'excusant de m'avoir embrasser comme ça mais je ne l'écoutais toujours pas, j'étais beaucoup trop concentrée sur cette personne qui nous tournait le dos depuis déjà bien 10 min peut-être dans l'espérance que je la rattrape ce que je n'ai bien évidemment pas fait.

E : Dylan, écoute tu es mon meilleur ami et je veux que ça le reste ainsi. Je suis désolée si je t'ai amenée vers de fausses pistes en me montrant trop proche de toi peut-être. Je t'aime, mais pas comme ça. 

Je laissais Dylan planté là à ruminer même si je sais que ce n'est pas très amical mais je pense que c'est la meilleure façon de le faire souffrir le moins possible.

Prise d'une force encore inconnue, je me mis à courir de plus en plus rapidement pour rattraper cette homme qui me comprend si bien. Je lui pris le bras comme il l'a fait tout à l'heure.

T : Ever...lâche...mon bras s'il te plaît. Prononce-t-il, s'immobilisant mais sans se retourner, et essoufflé par ses paroles plus lourdes de sens.

Je ne le lâchais pas. Et puisqu'il ne voulait se retourner, je me plaçais devant lui, la tête posée sur son torse chaud, écoutant les battements de son coeur très rapides. Il gardait les yeux fermés ,sans doute depuis qu'il s'immobilisa. Je sentis son menton s'appuyer sur ma tête comme pour répondre à mon étreinte, ses yeux toujours clos.

Nous restâmes dans cette position un moment.

T : Pourquoi...

E : Pourquoi quoi ?

T : Pourquoi lui... et pas...moi ?

E : Je ne l'ai pas choisi...

T : Alors pourquoi l'as-tu embrassé ?

E : Je ne l'ai pas fait. C'est lui.

T : ...

E : Pourquoi t'es-tu comporté comme cela avant ?

T : Car c'est comme ça que j'ai toujours été mais avec toi je n'ai jamais eu envie de l'être.

E : Alors pourquoi l'as-tu été ?

T : Par fierté. C'est quelque chose qui ronge surtout que, tu le sais, les gens comme nous ne peuvent être eux-mêmes avec les autres. Et je crois que j'avais peur de ce qu'il pouvait arriver si je baissais ma garde et que je te montrais ne serais-ce qu'une petite partie de moi. Et j'avais surtout peur parce que je n'ai jamais ressenti ça auparavant et que je ne sais pas comment y faire face et comment réagir avec toi, tu es tellement différente et tellement, comme moi. Tu ne t'accordes aucune faiblesse que les autres voudraient t'accorder sans problème car ils trouvent ça normal mais tu ne veux pas et pourtant tu es capable d'être parfois si douce et attentionnée mais tu ne veux pas que cela se sache et tu te sens compliquée parce que tu demandes aux autres d'être comme toi et de réfléchir autant que toi mais tu es déçue car leur réaction n'est pas celle que tu attendais... je me trompe ?

E : Non... Dis-je avec stupéfaction mais surtout avec tristesse et bonheur à la fois. 

Je me sens comprise pour la première fois dans ma vie et savoir que je peux être moi-même est soulageant. Je ne pensais jamais rencontrer une personne telle...

Il me raccompagna chez moi dans sa voiture de luxe.

Je me couchais sans manger et respirais le bonheur pour la première fois, la seule fois où je me sentais différente mais pas seule à l'être.

Je m'endormais sur une mélodie de piano.

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IncompriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant