Chapitre 1

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Talia

Fin août

– Talia, tu m'entends, m'apostrophe Manon, ma meilleure amie, en s'agitant sur sa serviette de bain.

Non, je n'écoute pas. Depuis ce matin, je suis en boucle sur le même sujet ; à savoir mon voisin d'étage.

Roméo Castillon.

Je ne le supporte plus. Pire, je le déteste.

Je suis rentrée de New York trois jours plus tôt et son comportement n'est pas loin de me faire exploser. Il ne respecte rien ni personne. La salle de bains est dans un état déplorable, et sa chambre est encore pire. C'est un véritable dépotoir. Mais Monsieur le rebelle de pacotille s'en fiche puisque « nous avons une boniche pour ramasser notre bordel ». Ce sont ses mots.

À chaque fois que je le croise, j'ai envie de cogner son visage bien fait. Je n'ai jamais rencontré de personnes aussi fourbes et hypocrites que lui. Roméo a réussi à berner son monde. La « boniche », plus communément appelée Marnie, l'adore, et je ne parle même pas de son mari, Hector, et accessoirement notre cuisinier, qui ne jure que par Roméo. Ça m'agace. Personne ne voit qu'il n'y a rien de gentil en lui.

Et je ne parle pas de sa mère !

Cette chère Sofia s'est approprié la maison comme si elle y vivait depuis toujours. Elle a changé toute la décoration, de la cuisine aux chambres. Elle s'est permis de redécorer ma chambre pour « créer un lien » entre nous. Qui agit ainsi, sérieusement ? Je déteste ce qu'elle en a fait. Cest trop rose pâle, épuré, froid, sans âme.

J'ai essayé d'en discuter avec mon père, mais tout ce qu'il a trouvé à me dire est que j'étais une gamine capricieuse et ingrate.

Merci papa !

Il laisse tout passer à sa fiancée, même le fait qu'elle a retiré presque toutes les photos de ma mère aux murs. Jamais Sofia Castillon ne remplacera ma mère, peu importe ce qu'elle fait pour y parvenir.

– Talia, insiste Manon.

Je sors de mes pensées et reporte mon attention sur l'une des personnes que j'aime le plus au monde. Manon est ma meilleure amie depuis la maternelle et même si nos parents ne se parlent plus, on a toujours gardé le contact. Elle est de ces amis qui le restent pour l'éternité.

– Talia, tu mas entendue ? me demande-t-elle, presque agacée.

Le bruit des vagues ne parvient pas à calmer cette tornade aux cheveux miel. Je pensais que la plage serait une bonne idée pour nous retrouver après des semaines de séparation et décompresser au soleil, mais j'avais oublié à quel point Manon ne restait jamais en place.

– Désolée Qu'est-ce que tu me disais ?

Je m'installe sur le dos pour lui donner toute mon attention.

– Je te demandais comment ça sétait passé à New York ?

– Bien. J'ai dansé sept heures par jour, visité la ville, assisté à des spectacles et jai bu des tonnes de macchiato caramel !

Elle grimace. Si un tas de personnes raffolent de cette boisson, Manon l'exècre. Elle la trouve chimique et trop sucrée. Elle m'interdit même d'en boire pour, je cite « ne pas bousiller mon estomac, et pour repousser le diabète loin chez les Grecques ».

– Rassure-moi, tu me fais marcher ?

– Évidemment, souris-je. Je n'ai été autorisée à boire que des thés verts sans sucre !

Encore une fois, elle grimace. Elle sait qu'une alimentation stricte est nécessaire pour devenir ballerine, mais ne le comprend pas. Elle trouve stupide de maltraiter son corps dans le seul but de danser plus « léger ». Dans un sens, elle a raison. Seulement, chaque rêve nécessite des sacrifices.

Upside Down (PUBLIEE AUX EDITIONS ADDICTIVES)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant