Prologue

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Talia

Juillet

Le bip du four me sort de mes pensées. Machinalement, je me munis des gants de cuisine et sors les amuse-bouches, que je pose sur le plan de travail de la cuisine.

Je soupire.

Aujourd'hui, c'est le grand jour.

La nouvelle copine de mon père, Sofia, vient s'installer à la maison. Quatre mois de relation et ils sont déjà sur le point de se fiancer. Est-ce qu'ils se connaissent assez pour envisager le
mariage ? J'ai un sacré doute.

Oh, bien sûr, elle ne débarque pas seule. Dans sa valise, elle emmène son fils de 18 ans.

Me voilà donc avec une nouvelle belle-famille !

Une première pour mon père qui ne garde pas de femme plus de quelques semaines. Je ne sais toujours pas ce qu'il peut bien trouver à Sofia. Je reconnais qu'elle est belle, mais après ?

Les fois où je l'ai vue, elle ma paru vide, matérialiste et cupide. Peut-être que je la juge mal.

Toutes les autres copines de mon père se sont avérées être de vraies manipulatrices assoiffées d'argent.

Peut-être que Sofia est différente.

Évidemment, mon père a fait les choses en grand, comme si la reine d'Angleterre avait décidé de venir nous rendre une petite visite. Traiteur hors de prix, décoration tout en fleurs dans la maison et principalement dans le salon, aménagement de ses appartements privés, grand ménage partout, nouveau jardin, et j'en passe.

Je suis réaliste, je sais que mon père sort le grand jeu pour en mettre plein la vue à sa nouvelle copine. Il vaut mieux pour lui qu'il montre ses bons côtés avant qu'elle ne réalise qu'il en a beaucoup plus de mauvais. De moins « attirants ». Je peux paraître assez dure, mais je connais mon père. Si les femmes ne restent pas, ce n'est pas pour rien.

Ma future belle-mère ne se fera jamais à la vie mondaine et particulière des Bellerive. Et je ne parle pas de son fils. Le cliché de bad boy décrit par mon père ne s'intégrera jamais ici. Ça peut paraître assez snob, mais je ne dis que la vérité. Je ne compte plus le nombre de personnes que j'ai vues tenter de faire partie de ce monde et finir par tout perdre.

N'enviez pas les riches, la plupart se sentent bien seuls et perdus...

Selon les dires de mon père, les rapports entre Roméo et sa mère sont pires que tendus. Mon père a sous-entendu qu'il était une sorte de pseudo-rebelle qui se drogue à la fumette. Peut-être que mon père exagère. Et puis, rebelle et fumette ne veulent pas dire délinquant et dangereux. Si je me fie à son opinion, le fils de Sofia est la némésis parfaite du personnage de Shakespeare du même nom. Ni romantique, ni beau, ni poétique.

Je me demande si je vais bien m'entendre avec lui. En toute honnêteté, ça m'étonnerait. Lui et moi semblons être diamétralement opposés. Et de toute façon, je ne m'entends pas avec grand monde.

Je moccupe de dresser l'apéritif au salon lorsque mon père me rejoint. Il s'est changé depuis ce matin. Il a troqué son costume sur mesure contre une belle chemise bleu nuit, un pantalon simple camel et des chaussures italiennes beiges, ses préférées. Aucune trace de nervosité ne transparaît sur son visage. Non, il préfère checker ses mails, le nez devant son écran de téléphone.

En presque dix-huit ans d'existence, je n'ai vu que très rarement une émotion passer sur son visage. Il est toujours si sérieux, si dur. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que la ride sur son front se creuse de jour en jour. À force de froncer les sourcils, les marques du temps finissent par s'installer.

Upside Down (PUBLIEE AUX EDITIONS ADDICTIVES)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant