Chapitre 5

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Roméo

Septembre

Ce matin, je suis réveillé à cause du réveil de Talia. Je regarde l'heure sur mon portable et constate qu'il est à peine six heures.

Putain !

Qui de normalement constitué se réveille à cette heure-ci pour aller courir avant le lycée ? Cette fille ne l'est pas. Elle répète pendant des heures dans sa salle de danse et ça ne lui suffit pas. Elle a aussi besoin de courir au moins une heure par jour.

Quand est-ce qu'elle se repose ? Ou mange ? Je ne la vois presque pas manger et lorsque c'est le cas, elle picore dans son assiette et regarde les aliments comme s'ils étaient ses ennemis. C'est plus fort que moi, je m'inquiète pour elle à cause de l'effet néfaste qu'a cette famille.

Je tente de me rendormir, mais c'est impossible. Mon cerveau est assailli de pensées qui m'empêchent de trouver le sommeil. À chaque fois, c'est pareil, dès que mon cerveau carbure, je repense à cette sombre période de ma vie, mais surtout à lui.

Quand est-ce que la colère et la tristesse se dissipent et laissent place à un sentiment plus doux ? Quand est-ce que je me souviendrai de lui en ne repensant quaux bons moments ?

Certainement jamais.

J'enfile un jogging et un sweat, puis vais fumer devant la piscine tout en faisant attention à ne croiser personne en sortant. Il n'y a que l'herbe qui peut me calmer les nerfs et m'empêcher de trop cogiter. Il vaut mieux que j'évite lalcool un moment.

Ou plutôt cette famille.

Jules se permet de me provoquer parce qu'il sait que son père a un moyen de pression sur moi. Sans son papa chéri, il n'est rien.

Je retourne dans mon immense chambre sans âme, prends une douche bien chaude et fais l'effort de traîner ma carcasse jusque dans la cuisine. Je marmonne un bonjour à Hector tout en m'installant sur le tabouret en face du plan de travail. Je préfère déjeuner ici en sa compagnie que seul autour de l'immense table de la salle à manger.

– Prêt pour ce premier jour de rentrée ? me demande-t-il.

Je grogne en guise de réponse, ce qui fait ricaner Hector. Je n'ai aucune envie d'intégrer ce lycée de bourges à la con. Ces filles et fils de riches ne vont pas cesser de péter plus haut que leur cul, d'étaler leur fortune et de se pavaner comme s'ils étaient des rois.

– Tout se passera bien, Roméo, ne vous en faites pas !

– Mouais, pas sûr que j'en aie envie, marmonné-je.

Encore une fois, il ricane. Il est persuadé que je réussirai à me faire une place dans ce monde particulier. Perso, jen doute fortement. Je n'ai rien à voir avec eux.

– Je croyais avoir précisé que je ne voulais pas être vouvoyé, ajouté-je. Je ne suis pas un petit snob !

– Et je le répète, Roméo, vous êtes le beau-fils de mon employeur, je me dois de vous vouvoyer !

– Quelle connerie, raillé-je.

La première fois que j'ai rencontré Hector, j'ai été choqué. Non seulement il m'a vouvoyé, mais il m'a aussi appelé « Monsieur ». J'ai pris vingt ans dun coup. J'ai bataillé pendant des semaines pour qu'il cesse les « Monsieur » à tout-va. Je reste confiant, il finira par me tutoyer.

Sa femme le fait, alors pourquoi pas lui ?

Tous les matins, je refuse qu'Hector me prépare mon petit déjeuner. Je ne suis pas un putain d'assisté comme les autres et j'aime la cuisine. En ce qui concerne le ménage dans ma chambre, je laisse Marnie s'en occuper. Franchement, le ménage et moi, ça fait trente. De toute façon, il est impossible d'aller contre l'avis de Marnie Vernier.

Upside Down (PUBLIEE AUX EDITIONS ADDICTIVES)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant