Chapitre 21

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  Quand Beca ouvrit les yeux, elle était toujours nue dans les bras de sa rouquine. Elle ne voyait pas son visage, mais vu qu'elle lui caressait les cheveux, Chloé était forcément réveillée. La petite brune sourit et se redressa, de façon à pouvoir voir le visage de sa petite amie. En croisant son regard, elles échangèrent un sourire complice, puis un doux baiser.

- Bonjour ma chérie. Déclara Chloé à la fin du baiser.
- Bonjour mon amour. Répondit la brune.
- Hummm... j'adore quand tu m'appelle comme ça.
- Et moi j'adore être ta chérie.
- Ma chérie rien qu'à moi que j'aime plus que tout. Et pour toujours.
- Moi aussi je t'aime. De tout mon être.

La rousse sourit et embrassa Beca de tout son amour. Elle en profita pour la forcer à se rallonger, et se positionna au-dessus d'elle. Sentir le corps nu de Chloé sur le sien, procura des frissons de plaisir à la petite brune. Elle laissa alors ses mains se perdre et explorer le corps si parfaitement formé de Chloé. La rouquine sourit contre ses lèvres, sentant le plaisir et le désir monter en elle grâce aux caresses de Beca. Elle le lui fit parfaitement comprendre en se mettant à onduler du bassin, créant ainsi un doux, mais très plaisant, frottement de leurs intimités nues.

- Chlo... Gémit Beca. Gourmande...
- Surtout de toi. Précisa l'infirmière avec un clin d'œil. T'as pas envie ?
- Si... Mais doucement.
- Je serai douce t'en fais pas.

Beca n'en doutait pas. Elle savait que Chloé ne la mettrait jamais en danger, encore moins maintenant qu'elle savait pour son cœur. Elle avait confiance en elle, et se sentait en sécurité auprès de la jeune rouquine. Elle avait raison de lui accorder son cœur et sa confiance... car Chloé fut la plus douce des amantes ce matin-là.


Plus tard le même jour :

Beca s'apprêtait à rentrer chez elle, même si elle était loin d'en avoir envie. Chloé avait décidé de l'accompagner jusqu'au manoir, ne voulant pas prendre le risque qu'il lui arrive quelque chose sur la route, et que personne ne soit là pour l'aider. En arrivant à quelques mètres du portail, elles se stoppèrent et Beca se tourna vers Chloé. Elle lui sourit avant de se mettre sur la pointe des pieds et de l'embrasser tendrement. La rouquine profita de ce baiser, et quand elles se remirent face à face, elle caressa la joue de sa petite amie.

- Je te promets que tu reviendras au manoir. Assura Beca. D'une manière ou d'une autre. Je trouverai un moyen de te faire revenir.
- J'en doute pas. Bien-sûr qu'elle trouvera un moyen. Elle obtient toujours ce qu'elle veut quand elle est déterminée.
- Je t'aime.
- Je t'aime aussi ma chérie.

Elles s'embrassèrent encore une fois, et se serrèrent l'une contre l'autre.

- Fais attention à ton cœur, d'accord ? J'aimerai te trouver en bonne santé quand je reviendrai. Fit Chloé.
- Euh... ça va être compliqué là...
- Oh arrête. Tu sais très bien ce que je veux dire par là.
- Oui... je ferai attention. Promis. Fit la jeune fille.
- Merci.

Un dernier baiser, et Beca rentra au manoir, à contre cœur naturellement. Elle aurait tout donné pour rester avec Chloé, ou au moins qu'elle puisse venir avec elle. Mais elle ne pouvait malheureusement pas... pour l'instant.
En rentrant chez elle, il ne fallut que quelques secondes pour que son père débarque du salon, et la regarde avec un drôle de regard. Il était à la fois soulagé de voir qu'elle allait bien, et en colère pour sa « fugue » de la veille. Elle soupira, elle savait qu'il aurait du mal à gérer ses émotions. Comme toujours. Et la colère prendrait sans doute le dessus sur le soulagement.

- Papa... Commença-t-elle alors.
- Où étais-tu ? Demanda-t-il sans crier, mais froidement.
- Avec Chloé...
- Je t'ai interdis de la revoir !
- Mais je l'aime... Je... je veux qu'elle revienne.
- Il n'en est pas question ! Ça va rendre les choses encore plus compliqués qu'elles ne le sont déjà !
- Les choses ne sont pas compliqués ! Au contraire ! C'est très simple ! Limpide comme de l'eau de roche ! Je suis malade, et je vais mourir quoi qu'on fasse ! Voilà ! Y'a pas plus clair que ça ! Celui qui rend tout compliqué c'est toi ! Parce que tu m'interdis de vivre les choses qui pourrait me rendre heureuse ! Comme si tu pensais que je vivrai plus longtemps comme ça ! Mais c'est faux et tu le sais très bien ! Je vivrai pas plus longtemps en restant enfermée ici, isolée du monde et du moindre sentiment !
- Mais tu ne vivras pas non plus longtemps en sortant et en tombant amoureuse Beca !
- Non c'est vrai ! Je te l'accorde ! Mais par contre, je vivrai plus heureuse pour le peu de temps qu'il me reste !

Elle n'avait jamais tenu tête à son père... mais en même temps, il ne lui avait jamais prit quelque chose auquel elle tenait autant qu'à Chloé. Il venait de lui retirer l'amour, et ça, elle n'arrivait pas à le supporter. Son père se voulait protecteur, mais il avait été trop loin. Elle avait parfaitement conscience qu'elle était dure avec lui, mais il était temps qu'il comprenne. Il ne la sauverait pas en la gardant enfermée chez eux. Personne ne pouvait la sauver.

- Je suis condamnée papa. Tu ne peux rien y faire. Tu as tord de croire que me garder ici changera quoi que ce soit à la situation. Parce que tout ce que ça fait, c'est que je me sens seule, et que je déprime dans mon coin. Avec Chloé au moins je ris, et j'apprécie la vie, même s'il ne m'en reste pas beaucoup. J'ai accepté le fait que j'allais mourir jeune. Alors tu ferais mieux d'en faire autant. Et de me laisser mon bonheur tant que je peux encore en profiter. Non mais c'est vrai quoi. Y'en a marre à la fin. S'il croit que l'isolement est le remède miracle, il est temps qu'il se rende compte qu'il se trompe complètement.

Benjamin ne dit plus rien, il avait les larmes aux yeux. Jamais il n'avait pleuré devant sa fille, et en voyant que les larmes allaient tomber, Beca monta dans sa chambre. C'était lâche certes, de fuir le chagrin de son père, mais elle ne l'avait jamais vu comme ça et elle ne savait pas quoi faire. Alors elle avait paniqué et avait préféré monter dans sa chambre. De toute façon, elle savait très bien que sa mère allait s'en occuper.
En effet, au salon, Justine était en train de serrer son époux dans ses bras. Benjamin laissait sortir son chagrin dans les bras de la femme qui était toujours là pour le soutenir depuis plus de 20 ans. Celle qui ne l'avait jamais laissé tomber malgré les épreuves et les obstacles que la vie leur envoyait. Incluant la maladie rare et mortelle de leur fille unique.

- Elle a raison Benjamin... et tu le sais. Fit Justine une fois qu'il fut calmer.
- Bien-sûr que je le sais... mais c'est mon bébé. Ma fille... Et je vais devoir lui dire au revoir. C'est pas juste. Normalement c'est les enfants qui enterrent leurs parents, pas l'inverse. Elle n'a que 17 ans... et savoir qu'elle ne sera jamais majeure... je ne le supporte pas... Avoua-t-il en essuyant d'autres larmes.
- Je ne le supporte pas non plus. Mais tu dois cesser de la couver. La laisser vivre sa vie... tant qu'elle le peut encore.
- Je voudrai juste... trouver un moyen de la préserver.
- Moi je le sais. Et au fond d'elle, elle le sait aussi. Seulement ce n'est plus un bébé. Même si elle est encore jeune, elle est assez vieille, et assez mature pour comprendre ce que c'est l'amour. Et elle est amoureuse de Chloé. Rien ne changera ça. Alors laisse-la en profiter.
- Mais c'est ma princesse...
- Et elle le sera toujours. Seulement, il y a quelqu'un d'autre dans son cœur maintenant. Mais ça ne signifie pas qu'elle t'oublie. Rassura madame Mitchell.
- Je... je vais monter lui parler. Tu veux bien appeler Chloé ?
- Pour lui dire quoi ?
- Pour lui dire de revenir.

Justine sourit et hocha la tête, heureuse que son époux entende enfin raison. Elle sortit son téléphone de sa poche et appela la rousse, alors que Benjamin montait les deux étages qui le séparait de sa princesse.
Beca pleurait dans son lit quand elle entendit des coups à sa porte. Elle essuya ses larmes et dit à la personne d'entrer. Seulement, en voyant que c'était son père, elle sentit les larmes revenir. Elle détourna le regard, mais il continua d'approcher.

- Je veux pas te voir. Annonça-t-elle alors clairement.
- Je veux te parler Beca, c'est important. Fit Benjamin en se mettant sur le bord du lit.
- Et moi je veux que Chloé revienne. Ça aussi c'est important... pour moi. La chose la plus importante au monde.
- Ta mère est en train de l'appeler pour lui dire de revenir.

Elle fut choquée et surprise. Elle était persuadée d'avoir mal entendue. Son père avait réellement cédé ?!? Elle se tourna vers lui, et vit qu'il souriait. Faiblement certes, mais il souriait quand même. Ça faisait des années qu'elle ne l'avait plus vu sourire. Alors elle laissa couler ses larmes et alla se blottir contre lui, comme lorsqu'elle était encore une petite fille. Il soupira de soulagement, et serra fort sa fille contre lui.

- Merci... Murmura-t-elle.
- Non. Fit-il en la remettant face à lui. C'est normal. C'est toi qui a raison princesse.
- Princesse ? Il ne m'a plus appelée comme ça depuis l'âge de 12 ans...
- Oui. Ma princesse... je voulais te préserver. Je supportais pas, en fait je supporte toujours pas l'idée que tu partes avant moi... avant même de pouvoir être majeure. Comme je l'ai dis à ta mère, c'est toi qui devrait nous enterrer, pas le contraire. Et je trouve ça injuste... je voulais te protéger de tout le malheur du monde... et je ne me rendais pas compte qu'en le faisant, je t'empêchais aussi de connaître les meilleures choses du monde... comme l'amour. Je suis désolé Beca. Je te jures que... que dans ma tête, j'agissais pour ton bien... je voulais simplement te protéger...
- Je sais papa...
- Mais comme ta mère me l'a fait remarquer... tu as 17 ans. Pas 7. Tu sais ce qu'est l'amour, et tu le comprends. Tu comprends assez le fonctionnement du monde... tu n'es pas en danger quand tu sors. Parce que tu as conscience de ce qui t'entoure et de comment ça fonctionne... alors je... je devrais peut-être... te laisser vivre... Tant que tu le peux encore.
- Merci...
- J'espère juste que tu me laisseras une place dans ta vie. Tu sais ? Comme lorsque tu étais enfant et qu'on passait des journées rien que toi et moi.
- Oui, ça me ferait très plaisir. Ces journées me manquent... J'ai tellement de bons souvenirs de ces journées avec mon père...
- Elles me manquent aussi... Tu sais quoi ? À partir de maintenant, finit les conférences de plusieurs semaines, ou plusieurs mois. Je passerai autant de temps que possible avec toi. Je veux profiter du temps qu'il nous reste. Enfin... en te laissant quand même du temps pour être avec Chloé, naturellement. Et si tu veux bien.
- Je veux bien oui.

Il lui essuya ses larmes et lui embrassa la joue. Elle avait du mal à croire que ça se passait vraiment, mais elle en était ravie. Elle embrassa la joue de son père et lui sourit. Il commençait à voir qu'en face de lui, ce n'était plus un bébé, mais une vraie jeune fille. Sa princesse...

- Tu l'aime ? Demanda-t-il soudainement.
- De tout mon cœur.
- Et elle te rend heureuse ?
- Très heureuse.
- Alors j'imagine que c'est tout ce qui compte.

De nouveau, elle sourit, et se blottit dans les bras de son père. Elle avait récupéré sa petite amie ce jour-là... mais ce n'était pas ce qui lui faisait le plus plaisir pourtant. Non. Parce qu'elle avait aussi récupéré son père. Et ça... ça lui faisait incroyablement chaud au cœur...

Gagner contre le tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant