Chapitre 22

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- Jessica ! Va préparer un bain brûlant ! Vite ! Cria Chloé.

La rousse était de retour au manoir depuis seulement trois jours. Et Beca refaisait la même crise que la première nuit où elle était venue ici.

- Chloé, va préparer ta tisane. Pria Benjamin.
- Mais je...
- Je sais. Je la mets dans l'eau et dès qu'elle sent la brûlure je la sors du bain. Je le ferais, je resterai près d'elle. Mais va préparer cette tisane. Je t'en prie.

La rousse soupira et elle se pencha vers Beca, dont la douleur se lisait sur son visage. Elle lui embrassa le front, et se remit face à elle.

- Essaie de prendre sur toi d'accord ? Je te laisse avec ton père. Il va te mettre dans le bain comme la dernière fois. Tu te souviens ?
- Oui...
- Je vais te préparer ma tisane. Ma tisane magique comme elle dirait...

Beca hocha la tête et Chloé s'empressa de courir jusqu'à la cuisine pour préparer sa fameuse tisane. Seulement elle n'était pas sûre qu'elle fasse effet cette fois. La douleur semblait beaucoup plus forte, et il n'était pas certain que cette fois, la tisane lui suffirait. Même si elle l'espérait vraiment. Elle remonta rapidement dans la chambre quand elle entendit le cri déchirant de Justine. Mais ils n'étaient pas là. Alors elle se dirigea vers la salle de bain, et comprit se qui se passer en voyant l'eau se teinter de rouge. Elle s'approcha, et vit que Beca saignait abondamment du nez. Elle hurlait à s'en déchirer les poumons, et elle pleurait à chaudes larmes.

- Benjamin, sortez-là du bain ! S'exclama la rousse.

Il ne se le fit pas dire deux fois, et il la porta hors de l'eau. Il suivit l'infirmière jusqu'au cabinet et il mit sa fille sur le lit.

- Penchez-lui la tête en arrière, et empêchez-la de la baisser à nouveau vers l'avant.

Le père obéit et maintint la tête de sa fille en arrière pour empêcher le sang de couler. Mais Beca hurlait et bougeait dans tous les sens. Benjamin devait mettre toute sa force pour l'empêcher de baisser la tête vers l'avant. Pendant ce temps-là, Chloé se dépêchait de préparer les outils dont elle allait avoir besoin. Vu la quantité de sang, Beca devait être ouverte quelque part. Comment elle s'était fait ça ? C'était une autre histoire... mais il fallait cautériser la plaie au plus vite. Avant qu'elle ne perde trop de sang. Elle prit une petite et fine tige de métal, qu'elle chauffa à blanc, jusqu'à ce qu'elle devienne rouge. Quand elle revint vers la brune, Benjamin comprit tout de suite ce qu'elle avait en tête.

- Pas question que je vous laisse mettre ce truc dans le nez de ma fille. Fit-il en fronçant les sourcils.
- Croyez-moi, ça ne m'enchante pas. Mais je dois cautériser la plaie, ou le saignement ne s'arrêtera pas. Alors laissez-moi faire, s'il-vous-plaît.

Benjamin la laissa faire alors, conscient qu'elle avait raison. Chloé souffla un coup et fit entrer la tige de métal dans la narine gauche de Beca, puis la droite. La brûlure était si forte, et si intense, que la brune cria alors qu'elle venait juste de se calmer. La rouquine détestait la voir comme ça, lui faire ce mal... Mais elle n'avait pas le choix.

- Je suis désolée ma chérie... Murmura l'infirmière en lui caressant le front.

Elle retira la tige de la narine droite, puis prit le chiffon d'eau froide. Elle lui nettoya le sang et une fois que ce fut terminé, elle fut satisfaite de voir que le sang ne coulait plus. Elle sourit pour rassurer sa petite amie, et lui caressa la joue.

- C'est finit Beca... c'est terminé. Elle a l'air d'avoir moins mal...
- Qu'est-ce... qu'est-ce que j'ai eu ? Demanda faiblement la brune.
- Un vaisseau sanguin à éclaté...
- Juste comme ça ? S'étonna Benjamin.
- C'est... c'est comme les médecins l'ont dit... son corps la lâche...

L'infirmière laissa couler des larmes en comprenant ce que ça signifiait. Beca perdait des forces petit à petit, et si maintenant elle perdait des vaisseaux sanguins, elle ne tiendrait plus très longtemps. Alors elle espérait, elle ne pouvait faire que ça, espérer. Elle priait silencieusement pour que les autres n'éclatent pas. Pas trop vite en tout cas... pour qu'elle puisse encore profiter d'elle un moment. Elle savait que c'était égoïste, car la brune souffrait sans se plaindre. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir la garder près d'elle plus longtemps. Seulement, en la voyant fermer les yeux, et perdre connaissance aussitôt, elle savait que ça ne serait pas possible. Benjamin prit sa fille dans ses bras et l'emmena dans son lit. Quand elle se réveillera, il priait pour que la douleur ai disparue. Car c'était tout ce qu'il pouvait faire lui aussi. Une fois qu'il eut bordé la jeune fille, il lui embrassa le front, et il prit Chloé à part, hors de la pièce.

- Il lui reste combien de temps ? Demanda-t-il tristement.
- Je... sais pas... Mentit Chloé.
- Je t'en prie, j'ai vu ton regard quand tu as su qu'un vaisseau avait lâché de lui-même, sans raisons.

C'était la première fois qu'il la tutoyait. Elle baissa le regard, elle ne pouvait pas lui mentir plus longtemps...

- Si son corps la lâche de cette façon... 6 ou 7 mois... 10 avec de la chance. Mais ce serait vraiment un miracle...
- C'est tellement peu...
- Je ne peux rien faire... ça va être rapide à partir de maintenant. Comme ils vous l'ont dit à l'hôpital. À partir du moment où le cœur lâche... le corps suit... et on ne pourra rien faire.

Il pouvait voir que ça lui coûtait de dire ça. Car elle aimait Beca. Elle en était amoureuse. Et il le voyait à cet instant dans ses yeux. Il lisait tout l'amour qu'elle portait à sa fille. Justine était partie se recoucher, et ils n'étaient plus que tous les deux. Sans prévenir, il la prit alors dans ses bras, et la serra contre lui. Chloé fut surprise par ce geste, mais elle le laissa faire. Il n'était plus son patron à cet instant. Il était le père, et l'ami. Ils avaient tous les deux besoin de réconfort, et ils décidèrent de se soutenir mutuellement.

- Va la rejoindre. Et veille sur elle. Pria Benjamin au bout de plusieurs minutes.
- C'est promit. Je veillerai sur elle comme sur le plus précieux des trésors. Affirma la rouquine.

Il sourit et rejoignit sa femme dans leur chambre. Chloé soupira et entra dans la chambre de Beca. Elle était toujours inconsciente sur son lit. Alors elle alla s'allonger à ses côtés, et l'attira dans ses bras. Même dans son sommeil, la brune se blottit dans les bras de Chloé, et ça la fit sourire. Alors la rouquine se permit de lui embrasser le front, et essuya ensuite ses larmes.

- Je veillerai sur toi ma chérie... je te le promets... et ça, jusqu'à la fin.

Elle ne la laisserait pas seule. Peu importe qu'il lui reste des jours, des mois ou des années. Elle voulait être présente pour sa brune, jusqu'à la fin. Beca était une battante, elle savait qu'elle ferait tout pour rester auprès d'elle aussi longtemps qu'elle pourrait le supporter. Mais Chloé ne voulait pas qu'elle souffre trop longtemps. Alors elle la forcerait sûrement à arrêter le combat quand elle verrait que c'est vraiment trop douloureux... mais d'ici là... elle prit une décision. Le procès pour la garde de Mathys ne se finirait pas tout de suite, elle le savait. L'oncle de Beca se chargeait de la représenter à Londres, vu qu'elle ne pouvait pas se déplacer. Elle se contentait de répondre au téléphone et d'envoyer tous les documents qu'on lui demandait, prouvant qu'elle pourrait s'occuper de son fils. Mais elle ne pouvait pas se déplacer en personne. Le juge avait été mit au courant de la situation, et il comprenait qu'elle devait rester en Amérique, pour sa patiente. Alors comme elle n'avait pas besoin de s'occuper de ça... elle décida de faire des derniers mois de la brune, les meilleurs qu'elle ai jamais vécu.

Tu n'auras aucun regret au moment de partir ma chérie... je te le promets... Je vais y veiller personnellement. Tu auras tout ce que tu veux...

Gagner contre le tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant