Eden - Les Héritiers Tome 1 (BxB)

Chapitre 1

Depuis les récents attentats, perpétrés par Gardenia, la sécurité s'était renforcée dans tout Edenia. Chaque accès était contrôlé et pour les points sensibles, tels que les centres commerciaux ou les universités, les issues avaient été restreintes. La vie de tous les habitants d'Edenia était surprotégée par le plan Vigipirate. À Eden, la capitale où toutes les élites se rassemblaient, la présence militaire et policière était en surnombre. La population avait fini par s'y habituer, même si cela était contraignant. La fouille des sacs et des manteaux était devenue un quotidien, auquel on ne pouvait échapper.

À l'université Eden 7, les points de contrôle étaient peu nombreux : il n'y avait que deux issues restées ouvertes avec un vigile pour contrôler les sacs des étudiants pour chacun des bâtiments. La sécurité était sans faille !

Un étudiant s'assit sur les escaliers de la seconde entrée close pour déjeuner tranquillement. À travers l'immense grillage, il observa les autres étudiants se hâter à la cafétéria ou à la bibliothèque. Parmi ce tourbillon d'élèves et de professeurs, il ne représentait rien. Il n'était qu'une goutte dans cet océan, qui ne changerait rien si elle venait à disparaître. Malgré tout, il aimait croire que cette idée était erronée, que quelqu'un serait dévasté s'il cessait d'exister. De son sentiment d'insécurité germa une étincelante idée dans sa tête. L'État devait les protéger eux, l'avenir d'Edenia. Alors pourquoi cette grille devant lui les enfermait-elle ? Ce plan Vigipirate se devait d'être dans leur intérêt, alors pourquoi se sentait-il si vulnérable ? Il allait leur montrer à tous ! Il allait leur monter qu'Edenia ne les protégeait pas !

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Comme tous les matins, Kilian Austin ouvrait son sac à dos pour qu'il soit inspecté par le vigile, avant de rejoindre son amphithéâtre. Le cours de sociologie commençait dans dix minutes, ce qui lui laissait le temps de trouver une place bien située et de sortir ses affaires.

Le professeur Lavin arriva et le cours démarra.

Kilian tenta de se concentrer sur le monologue du professeur, il était gêné par d'incessants gloussements venus d'un groupe derrière lui. Le jeune homme leur lança un regard noir, en se maudissant de ne pas avoir pris place plus bas dans l'amphithéâtre. Il ne comprenait pas pourquoi ces gens venaient en cours alors qu'ils n'écoutaient rien. L'envie de leur dire de se taire le rongea intérieurement. Il attira l'attention de l'un d'entre eux qui lui offrit un sourire moqueur, ce qui énerva encore plus Kilian. Il essaya à nouveau d'écouter le professeur, mais le garçon taquin prit place à ses côtés. Kilian ne put lui faire de reproches, l'alarme incendie retentit de manière criarde dans l'amphithéâtre.

– Calmez-vous, ordonna le professeur Lavin. Et sortez doucement.

Cependant, une odeur de brûlé envahit l'endroit et les élèves prirent conscience qu'il ne s'agissait pas d'un simple exercice de prévention. La panique fut générale.

Kilian récupéra ses affaires et se dirigea vers les sorties, mais avec le plan Vigipirate activé, les issues de secours étaient limitées aux deux seules entrées restées ouvertes. Une vague d'étudiants bloquait les passages alors que certains avaient déjà été rattrapés par les flammes. Comme beaucoup d'autres, Kilian trébucha et tomba. Il parvint à se coller contre le mur pour éviter de se faire piétiner. Il paniqua en voyant le corps inconscient de son professeur, probablement écrasé dans la cohue.

Le feu n'était plus très loin et la fumée avait envahi tout le couloir. Devant lui, une armada de personnes et derrière, une chaleur qui voulait le consumer. Il allait mourir.

Une main le saisit et le souleva. Kilian ne put distinguer qui était son sauveur, mais il comprit qu'on l'entraînait à l'opposé des issues de secours. Il essaya de se défaire de l'emprise de celui qui le portait, mais n'y parvint pas. La fumée se faufila dans ses poumons le faisant tousser. L'air respirable commençait à manquer et l'asphyxiait peu à peu. La peur de mourir s'empara de lui à nouveau. L'absence d'air sain engourdissait son esprit, le rendant confus.

Sans comprendre, il se retrouva à l'air libre, Kilian prit une profonde inspiration pour donner à son corps cet oxygène qui lui avait manqué. Il jeta à un coup d'œil à la personne qui l'avait porté et reconnut le garçon moqueur de son cours. Il remarqua qu'ils étaient une dizaine sur le toit de l'immeuble consumé par les flammes.

Les pompiers arrivèrent rapidement sur les lieux, permettant ainsi leur sauvetage par hélicoptère. Les dégâts de cet incendie étaient impressionnants : le feu s'était déclenché au niveau de la passerelle entre les deux ailes, piégeant ainsi les élèves de l'aile Est. Certains avaient réussi à s'en sortir, les plus chanceux avaient été ceux de l'aile Ouest qui avaient pu se sauver grâce aux deux issues. On savait d'avance qu'une partie des grands brûlés ne passeraient pas la nuit. C'était un véritable drame.