Sa fourrure était-elle blanche, ou la neige l'avait-elle entièrement recouverte ? Le louveteau ne savait plus. Il s'ébroua, dans l'espoir de chasser les flocons de son pelage. Ce fut peine perdue : il en tombait toujours d'autres. Ils enveloppaient le petit loup d'une froide couverture et déposaient des baisers glacés sur son museau tendre. L'un d'eux acheva sa chute sur sa truffe et entreprit d'y fondre, le faisant éternuer.
Trempé, les oreilles gelées, le louveteau se devait pourtant de poursuivre son voyage. Il avançait, une patte après l'autre. Le manteau immaculé de l'hiver lui montait au ventre, à certains endroits. Autour de lui, tout n'était que blancheur monotone. De chaque côté qu'il regardât, le ciel était d'un gris uniforme, et les congères étaient les mêmes partout, tant proches que lointaines, froides et tranquilles. Marchait-il seulement dans la bonne direction ? Aveuglé, il ne voyait plus que les flocons qui dansaient devant ses yeux. Assourdi, il n'entendait plus que le hurlement du vent glacial qui traversait sa fourrure mouillée. Anosmique, il ne sentait plus que l'odeur douce de la neige qui recouvrait le monde.
Les pattes du jeune loup étaient lourdes. Il se laissa choir à terre pour se reposer, un peu, juste un peu. Les flocons en profitèrent pour tomber de plus belle, formèrent sur son dos une épaisse couverture comme pour l'enjoindre à fermer les yeux.
Le louveteau obéit à la neige et laissa ses paupières tomber, s'abandonnant à l'Hiver caressant.
EDIT du 18/03/19 : ajout de la musique associée.
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Les Brumes | Recueil de textes
Poetry[Gagnant Wattys 2019] Les Brumes... Un endroit merveilleusement cruel, abandonné à l'Hiver éternel, où règne un épais brouillard glacé. A chaque page, le portrait d'une curiosité des Brumes. Des écrits courts, tout droit sortis de mon imaginaire, p...