Les mains blanches

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La neige était belle et innocente, au premier abord. Il était facile de la croire endormie, et les voyageurs guettaient bien souvent le danger dans le brouillard plutôt que sous leurs pieds.

Pourtant, sous le doux manteau de l'Hiver se cachaient de froides atrocités. Rien ne trahissait leur présence, et c'est par surprise qu'elles attaquaient les imprudents. D'elles, on ne voyait rien sinon leurs mains, des mains blanches aux longs doigts fins et glacés. Elles venaient, perfides, se saisir des chevilles et, l'infortunée proie au sol, l'agrippaient de toutes parts dans un empressement avide. Bientôt, le malheureux disparaissait, happé par les monstruosités jusqu'au-dessous de la neige.

Qu'advenait-il d'eux, ensuite ? Nul ne le sait. Les mains blanches sans doute appartenaient à quelque bête innommable, qui se nourrissait férocement des voyageurs égarés dans son piège. Alors, peut-être étaient-ils amenés à ses crocs meurtriers, puis abandonnés à leur sort tandis que les doigts glacés retournaient guetter là-haut ? Ici, quelques flocons revenaient dissimuler les mains patientes et fourbes du monstre.

Et la neige calme paraissait à nouveau endormie, toute traîtresse qu'elle était.

Texte modifié le 22 août 2018 (+17/10/18)

EDIT du 04/07/19 : ajout de la musique associée.


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