En moi
Mots
Plaisirs
Voguent
Je tremble d'avenir
Tremble de lointain
Souris à l'impossible
Une terre qui ne sent pas mes pas
La beauté me dissout
La langueur m'évapore
Marche sans nord
Déchirée de lumières du corps
Envie qui conduit mes muscles
Dans un jaillissement de leur voix
Sans voix
On me l'a dérobée
Geôliers aux mille visages
Un flottement
Un fantôme
Le rideau de mes fantasmes
Une corde où me pendre
Un radeau sur mon doux naufrage
Sur mon naufrage de quinze ans
Naufrage timide invisible long depuis la nuit des temps jusqu'à la fin de moi peut-êtreToujours dans un coin son visage à lui
Ou plutôt son torse
Ou plutôt lui-même
Des bribes de lui des parcelles
Amour divagant pour lui des longs bras vers lui de tendresse comme les bras de l'aube
Et je pourrai jusqu'à ma décomposition ressasser sa chaleur
Si je le veux l'oublier
Si je le veux. Rien n'est trop fort
Un père un ange un foyer
Je l'ai quitté on se reverra
J'ai peur que la douce grisaille soit une cage l'acier contre ma plaie
S'évader laissez-moi seule je supplie sur la plage dans la nuit marcher dans la nuit qu'importe
Et s'il y avait quelqu'un ce ne serait que lui
Partez les insomnies les fougères de mes craintes
Les lances et les flèches les désirs creux asséchés
Les renaissances qui ne devraient pas renaître
J'ai des mots qui s'entrechoquent ils appartiennent à des poèmes d'avant ils sont à eux pourquoi les réminiscences
Réminiscences mènent à ma perte
J'invoque nouveaux-nés coquilles fragiles qu'encrent mes souffles gercés j'invoque voltiges et rideaux affaissées
Les chairs comme une chair les chairs de mes mots enfin prêtes à s'offrir
Oh hier je serai si grande sensible écorchée l'aigle du vrai qui pleut des azurs et des poèmes sur les crânes inclinés
Mais hier je serai la traîtresse de moi-même dans les autres je m'y égare dans ces palais des glacesJe construis mes barreaux à l'acier de ma faiblesse