33 _ Petit anglais

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— C'était une mauvaise idée, marmonné-je en me tortillant sur le canapé.

Je lâche un soupir las face au regard inquiet d'Eliott. Mon verre d'eau à la main, il cherche une solution, en vain.

Je suis restée assise face à mon bureau toute la journée. Seulement, je n'ai pas pris le temps de quoi que ce soit : je suis repartie en voiture de suite après, sans même passer chez moi. Cette position me broie le dos, me faisant atrocement mal. Mes doigts tentent de le masser, ne gagnant qu'un faible soulagement. Je viens de prendre un cachet sauf que je doute de son effet. Alors, j'essaye d'innombrables postures pour estomper ma douleur, sans y parvenir.

— Tu ne veux pas t'allonger? propose mon compagnon, soucieux de ne pas pouvoir agir.

— C'est pire, soufflé-je, incommodée.

J'ai l'horrible sensation qu'un poids énorme s'amuse à s'appuyer sur ma colonne vertébrale. Cela dure depuis plus d'une heure. Aucune amélioration en vue.

— Je n'en peux plus, bredouillé-je, fatiguée.

Instantanément, Eliott se rapproche de moi. Ses sourcils se froncent puis ses pupilles s'éclairent, comme s'il venait d'avoir une idée. D'un geste lent, il retire la bouillotte placée dans mon dos. De toute façon, elle a eu le temps de devenir froide. Je gigote sur mon coussin avant de me laisser aller sur le fauteuil : quoi que je fasse, cela ne sert à rien.

Il place son bras sous moi afin de me soulever en me plaquant contre lui. Je réprime un gémissement de douleur en cachant mon visage dans son pull.

— Mais que fais-tu? geins-je.

Je presse les paupières pour éviter aux larmes de couler sur mes joues. Les sensations semblent aussi vives que le jour de l'accident. Cela a le don de me perturber.

Sans un mot, il me dépose sur le lit de notre chambre avant de disparaître dans la salle de bain. Quant à moi, je rampe jusqu'à mes coussins empilés sauf que mon supplice ne désemplit pas. Chester saute sur le matelas à côté de moi et s'y allonge. Je n'ai même pas la force de le caresser. En tendant l'oreille, j'entends Eliott trafiquer je-ne-sais-quoi dans la pièce voisine. Il réapparaît avant que je n'ai le temps de prononcer un seul mot. Il s'arrête quelques instants sur le pas de la porte pour m'observer sérieusement avant de s'avancer jusqu'à moi. Taciturne, il me prend à nouveau dans ses bras. Malgré mes nombreuses interrogations, il continue de se taire. Ce que je fais moi aussi lorsque nous entrons dans la salle de bain où la baignoire remplie semble m'attendre. Ma respiration se coupe en comprenant ses intentions.

— Non, murmuré-je en m'accrochant à lui.

— Auxanne, nous ne parvenons pas à diminuer ta souffrance depuis que tu es rentrée. Que risques-tu à tester cela?

— Je ne veux pas, balbutié-je en me débattant jusqu'à ce qu'il me repose à terre.

Ce mal de dos existe à cause de mon ex. Ma peur des baignoires aussi. Cela représente un peu trop pour moi d'un coup alors, je m'enfuie dans la pièce voisine aussi vite que je le peux. Autrement dit, Eliott me rattrape avant même que j'atteigne les escaliers.

— Xa, chuchote-t-il en enroulant ses doigts autour de mon poignet dans un geste doux. Je reste avec toi, si tu veux. En plus, Chester sait nager, si jamais.

Lorsqu'il me fait doucement pivoter vers lui, il devient triste en découvrant quelques gouttes salées dévalant mes joues. Il les efface avec lenteur, à coup de baisers tendres. Par la suite, son front reste un moment sur ma tempe.

— Je sais que tu as peur. Pourtant, il s'agit de la seule solution, susurre-t-il.

Mes tremblements doivent être perceptibles puisqu'il enlace ma taille pour m'aider à tenir debout.

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