Chapitre sixième; Vin Ensanglanté

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Ran et moi étions installés à la table des garçons malgré les regards désapprobateurs et les remarques  de la parts de nos collègues. Mais, le regard froid et agressif de Ran les dissuadèrent d'insister avec lui.

Pourtant, au fur et à mesure des discussions tout en parlant, Ran commençait déjà à se débrider et bientôt, celui-ci avait un léger sourire aux lèvres et rapidement, plus aucune animosité ne tordait son visage ou enflammait son regard. Il profitait juste  de l'instant présent, piochant quelques fois dans mon assiette, seulement pour m'embêter. À chaque fois, pour me venger, je lui donnais un petit coup de coude dans les côtes. Se chamailler avec lui était assez sympa, car il grimaçait de douleur pour chaque coup que je lui portais. Et alors que celui-ci s'apprêtait à se venger, une voix nous sortis de notre guérilla :

« Vous êtes vachement proche, vous vous connaissez depuis quand ? »

Je sentis Ran se mettre à trembler, je lui jetais un regard intrigué et remarqua qu'il était en train de s'étouffer tellement il pouffait, en réfléchissant, je me mis moi aussi à rire, la situation était clairement comique. Voyant que Ran n'était pas en état de répondre, je répondis à sa place :

« Aussi étonnement que cela puisse paraitre, je l'ai rencontré avant-hier. »

Je crois que tous les membres de la plantation dix-huit allait voir leurs mâchoires se décrocher. Leur réaction était risible et je ne m'en cachais pas. Finalement, leur leader, le plus loquace de tous eu le cran de répondre :

« C'est étonnant, les liens que vous avez pu tisser en aussi peu de temps. »

Ran avait finis de s'étouffer et celui-ci observait les visages déconfis de tout le monde avec un grand sourire et celui-ci rétorqua :

« Plus on connaît sa partenaire, plus la confiance augmente, plus les performances dans un Franxx sont magnifiés. Alors, autant ne pas perdre de temps. On a des hurleurs à tuer. »

J'étais personnellement heureuse du discours de Ran, j'avais les mêmes rêves et les mêmes ambitions, je n'avais rien à redire. Je devais bien l'avouer, que jusqu'ici, j'étais agréablement surprise du repas. Et alors que j'espérais que cette tendance continuerait, un petit incident renversa l'ordre des choses :

« Code 074, tu as l'air de t'y connaître en tant qu'étamine, Zero Two n'est pas ta première partenaire n'est-ce pas ? »

Je sentis mon sang se glacer dans mes veines. Poser une question sur Nisanha était sans aucun doute une très mauvaise idée. Mais étonnement, Ran éclata de rire, s'essuya des larmes de rire avant de rétorquer :

« T'es plutôt perspicace toi. Zero Two est mon nouveau pistil. Je n'ai pas encore eu l'occasion de piloté avec elle. Avec un peu de chance, je survivrai à plus de trois sortis dans le Strelizia avec elle. »

Ran n'avait répondus qu'à la moitié de la question et je doutais réellement que celui-ci répondent à la dernière partie de la question, pourtant, il reprit la parole :

« Ma partenaire s'appelait Nisanha, code 238 si vous préférez. Elle faisait un test avec un autre étamine de la plantation. Ils se sont fait attaquer par des hurleurs. On me l'a rapporté entre quatre planches. J'étais vraiment proche d'elle. Sa perte m'est toujours douloureuse.»

Ran souriait, un sourire de douleur bien entendu. De plus, je pouvais comprendre sa réaction. Si nous nous connaissions lieux, nul doute que le travail en équipe recevrait une qualité inestimable. J'étais quasiment sûr que Ran se serait contenté d'un simple « Désolé mec, ce sont des choses qui arrivent malheureusement trop souvent. »Même une phrase nulle aurait sans doute suffit, mais le leader de la plantation dix-huit, lorsqu'il ouvrit la bouche, fis basculer l'ordre des choses, jetant un climat irréparable sur l'entente que nous aurions dû avoir :

« Elle est morte pour Papa, c'est une mort honorable. C'est sans doute mieux ainsi »

Ran éclata d'un rire, puis cracha d'une voix douce :

« T'es une putain de machine, ce n'est pas possible autrement, t'es un hurleur, t'as pas de cœur. Il ne peut pas y avoir d'autre explication, t'es pas humain ! »

Ces derniers mots n'étaient que douleur, que cris. Ran ne souriait plus, une grimace déformait son visage. Ses yeux brillaient d'une haine et d'une colère encore plus intense que quand Yoshinon lui avait parlé lors de notre rencontre. Avant même que je puisse esquisser le moindre geste, Ran s'était déjà levé, il avait attrapé le leader par le sol, l'avait tiré jusqu'à lui pour le plaquer contre un mur. Ran le dominait aisément d'une tête et demie. Ses narines semblaient libérées de la fumée. Ran n'avait qu'une volonté en ce moment même, tuer le leader et puis, c'est tout.

Je me levai tranquillement, posa ma main sur son épaule et déclara d'une voix froide et douce :

« On n'a pas besoin d'eux. On est tous les deux. C'est bien assez. »

Le regard enflammé de Ran passa de moi au leader de la plantation dix-huit, aux autres membres de la plantation. Puis, avec une grimace de  douleur, il reposa sur le sol le leader. Tous ces camarades se précipitèrent vers lui. Mais, à mi-chemin, Ran donna un énorme coup de tête dans celle de l'autre, avant de lui écraser l'aine avec son genou Puis crachant une glaire sur le visage ensanglanté de l'imbécile qui avait osé parler de Nisanha comme ça. Ran s'éloigna avec un soupire d'insatisfaction et déclara d'une voix basse et glaciale qui me fis même moi frissonner de peur :

« La prochaine fois, c'est pas tes couilles que je vais prendre, c'est ta vie. Compris imbécile ? »

Ainsi, la silhouette de Ran s'évanouit dans le crépuscule, laissant un étamine le nez brisé, à moitié castré. Voir la colère dont Ran était capable était effrayant et même si je ne doutais pas d'avoir l'ascendant physiquement, je ne pouvais penser qu'avec un frisson à ce qu'il a fait. Ran avait le pouvoir d'être effrayant.

Sans m'inquiéter pour la santé du leader qui avait osé mal parler de Nisanha, je partis à la recherche de Ran.

Deviendra-tu un démon pour moi?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant