Chapitre 1 : Le temps passe

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– Cole –

— Voilà ce qui en est pour les prévisions de cette année, conclut Lisa après un long exposé.

Je levai le nez de mon portable, portant enfin mon attention sur elle tandis qu'une atmosphère glaciale était en train de se créer. Chacun attendait ma réponse avec impatience. Je posai lentement mon portable sur la table puis croisai mes mains.

Je me tournai vers Jean-Claude qui semblait assez tendu, craignant que je lui adresse la parole. Pas de chance, ce n'était pas son jour.

— Jean-Claude, que penses-tu de la présentation de Sperling ?

— Madame Sperling ! me contredit-elle dans un bref souffle.

— Ce n'est pas à vous que je parle, Sperling, rétorquai-je aussitôt en la fusillant du regard.

Jean-Claude avait l'air de chercher ses mots, il était sûrement persuadé que je démonterais chacun de ses propos.

— Je... C'était... bien... Il me semble...

Il posa sa main sur sa cravate comme s'il étouffait. Un jour, je devrais vraiment le virer. Ma seule réponse ne fut qu'un léger rire, assez moqueur avant de refaire face à Lisa.

— Sperling, il vous manque de nombreuses données. Vous n'avez pas tenu compte de celles que je vous ai fournies.

— Bien sûr que si, j'ai utilisé tout ce que vous m'aviez fourni, se défendit-elle fermement.

— Je vous avais déposé la semaine dernière un dossier sur votre bureau. Il n'en a été nulle part fait mention.

Elle passa sa main dans ses cheveux alors que son visage perdait de sa vivacité. J'aurais dû me douter qu'elle n'aurait pas jeté un coup d'œil à la tonne de dossiers sur son bureau.

— Eh bien... Je vais refaire tout ça, lança-t-elle d'une timide voix.

— Pas la peine, je demanderai à quelqu'un de plus compétent.

Je me levai, ce qui mettait fin à cette réunion. Chacun commença à faire de même mais ils s'arrêtèrent tous lorsque je m'adressai à Jean-Claude :

— Au fait Jean-Claude, tu peux faire tes cartons. Tu es viré.

Comme n'importe qui, il fut interloqué par cette nouvelle, pensant que je plaisantais, mais mon regard lui prouvait le contraire. Il se mit alors à trembler et peina à enchaînant une phrase correctement sans balbutier :

— Mais... mais pourquoi ?

— Jean-Claude, tu veux vraiment que j'expose toutes tes incapacités devant les autres ? Sûrement pas, alors va faire tes cartons et sors de mon champ de vision.

Il s'exécuta et quitta la salle de réunion en même temps que les autres. Je m'emparai de mon portable, tombant sur un message de Heather.

« Ne tarde pas trop. Paris vient d'arriver et me harcèle déjà. »

Brièvement je lui répondis en souriant.

« Fourgue-lui Clyde pour la dégoûter des enfants. »

Puis ma joie s'effaça lorsque je croisai le regard de Lisa, toujours présente dans la pièce.

— Tu ne m'avais pas donné ce dossier, lança-t-elle d'une voix grave. Tu ne peux pas dire que je fais mal mon travail si tu ne me donnes pas tous les moyens de bien le faire !

— Sperling, je vous ai gentiment accordé le droit de venir retravailler ici, quitte à ce qu'on me pense infidèle, alors la moindre des choses serait de bien faire votre travail.

La Décadence des Flamants - Tome 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant