La Décadence des Flamants - Tome 5

Chapitre 15 : Mort de l'intérieur | tw

(TW : prise d'otages, mort, sang)

– Cole –

Je regardais celle qui avait été pendant un temps mon assistante, baignant dans son sang. Elle ne pouvait pas être morte. Dans un vain élan, je tentai désespérément un massage cardiaque.

— Elle est morte, murmura Lisa.

Je secouai la tête, m'obstinant à vouloir la sauver. Lisa posa alors deux doigts sur son cou pour tâter son pouls. Nous nous échangeâmes alors un regard et je ne pus m'empêcher de soupirer.

Derrière moi, j'entendais les talons de Lyne frapper bruyamment le sol et je sentais également son sourire machiavélique.

Je me tournai alors vers elle pour voir mes soupçons se confirmer. Elle me regardait de haut, un air victorieux sur le visage tout en caressant son arme du bout de son pouce.

— Qu'est-ce que tu veux à la fin ? demandai-je, la voix faiblarde. Tu veux me tuer c'est ça ?

Je passai ma main dans les cheveux, elle ne réagissait pas, comme si ne pas me répondre la satisfaisait. Elle savourait le désespoir et la peine qui dévoraient chacun d'entre nous. Elle se nourrissait sans le moindre scrupule de notre souffrance, en particulier de la mienne.

— De toute façon, quoi que tu fasses, ça ne soulagera pas ta peine et ta douleur. La vengeance est une recherche sans fin, prête à te détruire.

Aucune réaction, j'étais seulement face à son visage placide. Elle se fichait éperdument de ce que je pouvais bien dire.

— Ta mère avait des problèmes, lâcha-t-elle avec désinvolture.

— Dit-elle alors qu'elle est responsable d'une prise d'otages et vient de tuer quelqu'un, répliquai-je avec audace.

Elle fit quelques pas vers moi puis brandit son arme sur ma nuque, prête à tirer.

— J'ai encore suffisamment de balles pour te buter...

— Je ne comprends même pas où tu veux en venir bordel de merde ! m'écriai-je, à bout de souffle.

— C'est très simple, sans toi, ta mère n'aurait eu aucune emprise sur mon père. Elle ne l'aurait pas obligé à revenir ni même à le pousser à faire des choses qui auraient pu lui coûter la vie. Sans toi, mon père aurait pu être présent pour moi, s'occuper de moi...

— Tu sais quoi ? Si je pouvais, je te le laisserais volontiers. Je n'ai jamais voulu d'un père comme ça...

— Normal, personne ne voulait de toi, cracha-t-elle sans la moindre gêne.

Elle éloigna son arme puis recula de quelques pas tout en fredonnant un air triomphant. Je baissai brusquement la tête, n'apercevant que mes mains ensanglantées. Le liquide coagulait petit à petit et devenait de plus en plus visqueux, prenant une étrange nuance marron.

Puis mon regard se tourna vers Mitt. Il regardait la scène comme un fidèle soldat ou comme s'il n'était pas maître de la moindre de ses actions. Le regard vide, il la regardait agir sans bouger, une arme en main. C'était comme s'il était ailleurs... Il était dans un état encore pire que d'habitude, totalement inconscient, totalement... manipulé. Je jetai un bref coup d'œil vers Lyne qui observait les otages toujours avec une pointe de fierté, puis mon attention revint sur Mitt. Il était vraiment en dehors de tout.

J'espérais attirer son attention en le regardant, mais rien n'y faisait. Il était complètement perdu, mort de l'intérieur. Même si je n'avais aucune preuve, j'étais persuadé que Lyne y était pour quelque chose. Elle avait forcément dû l'attirer vers sa "cause", le manipuler à sa guise pour le transformer en parfait petit soldat.