Chapitre 12 : Lié

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– Heather –

Ces derniers temps, Paris avait insisté pour passer de plus en plus de temps à mes côtés. En réalité, elle ne voulait que s'approcher de Clyde pour s'habituer au contact d'enfants. Elle tenait absolument à se comporter comme une mère exemplaire et c'était vraiment adorable de la voir tenir Clyde dans ses bras, elle réussirait parfaitement son rôle.

— Tout à l'heure j'ai croisé Cole à son entreprise, il était avec Asra, annonça-t-elle pour lancer un sujet de conversation. Il n'a pas voulu me le dire, mais j'ai bien vu que c'était très compliqué pour lui à gérer.

— Oui, c'est très dur... mais j'essaie d'être là pour lui. Il a failli replonger et je fais très attention maintenant. D'ailleurs, il fait très attention lui aussi...

— Est-ce que Cole t'a parlé de quand il...

Sa voix diminua jusqu'à s'éteindre, s'arrêtant brusquement en plein milieu de sa phrase. Mais j'avais compris. Je savais pertinemment où elle voulait en venir.

Je me rappelais encore de ce moment où il m'avait avoué avoir tenté de se suicider et qu'il avait failli y passer. Une partie de mon cœur s'était brisé à l'entente de cette nouvelle. C'était dans ce genre de moments que je me rendais compte que je l'aimais vraiment. Je ne supportais pas son malheur ni sa douleur. Et comme toujours, je détestais me sentir impuissante. Avec le temps, certaines choses s'étaient arrangées, mais il ne pouvait pas tout contrôler. Sa fille en faisait partie. Et je ne pouvais que comprendre son désespoir. Je ne connaissais Asra que depuis peu de temps, pourtant, je m'étais déjà attachée à cette gamine et je la considérais comme une personne à part entière dans notre famille, comme ma fille, au même rang que Clyde.

— Je sais tout. Alors avec Asra... c'est encore pire.

— Surtout qu'il essaie de faire du mieux qu'il peut. Il se foutait de ma gueule quand je lui disais qu'il aurait des enfants et qu'il serait un très bon père, maintenant, j'ai de quoi faire pour encore mieux me foutre de sa gueule...

Elle se tourna vers Clyde, passant sa main dans ses cheveux.

— T'as intérêt à te couper les cheveux, fais pas comme ton papa, lança-t-elle d'une douce voix.

Je ne pus m'empêcher d'en rire jusqu'à ce que j'aperçoive une pointe de tristesse sur son visage. C'était bien la première fois que je voyais une telle expression. Paris avait toujours un sourire radieux et les yeux pétillants, elle n'était jamais triste, ce pourquoi ceci m'interpella aussitôt.

— Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandai-je, même si c'était sûrement un sujet sensible.

— Ce n'est rien, prétendit-elle.

Elle évita mon regard un instant, mais en réalité, elle voulait juste m'empêcher de percevoir sa douleur. Étrangement, je découvrais une nouvelle facette d'elle. Malgré ses apparences de femme forte, elle devait garder en elle une profonde peine depuis longtemps.

Voyant que ses émotions commencèrent à la submerger, je pris Clyde dans mes bras pour la soulager d'un poids.

— Paris, que se passe-t-il ? insistai-je.

— Je... Je repensais juste à un truc...

— Mais qu'est-ce que c'est pour que ça te rende soudainement aussi triste ? l'interrogeai-je, dépitée qu'elle se renferme.

Elle passa une main dans ses longs cheveux ondulés comme pour se donner du courage puis s'assit sur le canapé du salon.

— L'adoption, c'est assez compliqué... La mère voudrait finalement garder l'enfant, et si ça arrive, je vais devoir recommencer toutes les procédures depuis le début... et je ne sais pas si j'en aurais le courage. Ça fait déjà trop longtemps...

La Décadence des Flamants - Tome 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant