Kefálaio 10

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«  Le présent est fait du regret des bonheurs qu'on n'a pas eus et du souvenir de ce qu'on a souffert. »

Henri de Régnier  (2015)

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Mercredi 12 Juillet 2017  - 11h38

Archanes  - Crête (Grèce).

Tobias.

J'émerge lentement,  la nuit a été plutôt courte malgré l'accueil  chaleureux qui m'a été réservé. Agna m'avait prévenu,  leur famille attendait  mon retour avec impatience « tu étais plus que notre beau-fils Toby ne l'oublie pas ! »  m'avait-elle confié sur le trajet du retour de l'aéroport. Soucieux de croiser de vieux démons je ne décrochai pas un mot une fois dans la voiture. Enes au volant avait alors  pris la parole.

- Tobias nous ne t'en voulons pas tu sais ? Nous comprenons tout à fait ton ressenti et nous regrettons que cette tragédie t'ai touché au plus profond mais après la tornade il faut réapprendre à vivre. Nous avons réussi nous deux alors pourquoi pas toi ?  Je suis sûr qu'elle ne voudrait pas te voir dans cet état Tobias. Tu sais à quel point tu comptais pour elle.

Le grec dévie son regard de la route pendant un instant,  il me fixe à travers le rétroviseur et je découvre en lui une sorte de compassion et d'espoir que j'ai déjà aperçu dans le regard de mon père. Je suis inquiet et stressé, ils le savent parfaitement. Ils me connaissent par cœur ou ils me connaissaient par cœur fut un temps. Tellement de choses se sont passées en quatre ans même si je commence qu'aujourd'hui à m'en rendre compte. Et il y a bien  longtemps que je n'ai pas vu la famille de ma grecque et je dois admettre que c'est surtout ça qui me fait flipper comme un dingue. J'ai peur d'être jugé à tort, je suis venu tourner la page pas assisté à mon jugement. Je me ronge les ongles honteux de ne pas pouvoir répondre à Enes. Il faut que je sorte de cette voiture le plus tôt possible sinon je vais devenir fou. Je ressasse les dernières années que j'ai passées à redouter ce moment, voir le mépris qu'ils ont accumulé envers moi pour avoir abandonné aussi facilement. Hugo sera là et je ne sais pas quoi m'attendre avec lui depuis ma conversation avec James. Agna m'a prévenu, une partie de nos anciens amis seront là quand ils ont su pour ma venue ils se sont empressés d'acheter leurs billets pour la cérémonie. Inconsciemment je suis fier de voir qu'ils s'intéressent encore un minimum à moi. Pfffffff... Tu parles Tobias ! Ils viennent juste voir le minable que tu es devenu !

À mon arrivée je fus surpris d'être accueillis par toute la famille Petridis. Tous m'ont salué et sourient fièrement. Et tout le monde explosa de rire quand la sœur ainée Petridis me frappa dans les côtes. « Ça t'apprendra à disparaître sale Mariani ! » m'avait-elle dit avant de me prendre dans ses bras.  À l'époque Olympe me charriait toujours prétendant que j'étais le pire canard du monde avec sa petite sœur. Je contemplai la foule autour de moi et remarquai que seuls mes amis manquaient à l'appel. Agna vit ma déception.

- Ils ne t'ont pas oublié Tobias. Ne t'en fais pas,  je leur ai dit que tu n'arrivais que demain. On voulait profiter de la journée pour une fois que nous sommes tous réunis, nous avons ainsi le reste de la journée pour rattraper le temps perdu.

La journée passa très rapidement même si à chaque conversation je ne manquais pas de me faire sermonner par les grands-parents quand j'évoquais l'abandon de mes études. « Tu avais un don pour l'écriture  mon petit ángelos pourquoi as-tu laissé tomber comme ça ? ». Et c'est dans ces moments-là que je devenais muet. Officiellement je n'avais aucune réponse pour me justifier mais au fond, tous savaient au fond d'eux que la raison pour laquelle nous étions tous regrouper aujourd'hui. En fin de soirée, Olympe et Léandre étaient venus me voir.

Réattribué..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant