Kefálaio 11

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« Le passé est passé, et ce qui est mort est mort. »

Henri-Frédéric Amiel (1855)

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Je descends lentement mais le vieil escalier en bois n'est pas de mon côté et il se met à craquer sous mon poids. La bande assise autour de la table de la cuisine se retourne vers moi. J'ai comme l'impression qu'ils ont aperçu un fantôme quand je les regarde.

- Tobias ! immédiatement Axelle se plonge dans mes bras, elle éclate en sanglots  et je lui caresse doucement le dos pour pouvoir  l'apaiser. Ça fait bien longtemps que ce simple geste était impossible pour moi.

Quant aux autres ils restent assis ou se lèvent en prévision de la tempête qui 'annonce. Axelle se redresse je suis obligé de la lâcher, elle rejoint la troupe et c'est au tour de Nine de s'avancer vers moi. Pendant un instant je pense qu'elle veut me serrer dans ses bras mais la paume de sa main s'écrase violemment sur mon visage et je comprends qu'en aucun cas elle le fait de gaieté de cœur. Elle devient rouge et elle se met à pleurer, soudain elle commence à me donner des coups de poing sur mon torse, je la laisse faire, j'en ai besoin, j'ai besoin d'être secoué une bonne fois pour toute. Elle s'acharne contre moi en m'insultant de tous les noms qui lui passent par la tête, elle me traite d'hypocrite, d'égoïste. Quand les garçons ont jugé que j'en ai eu assez ils nous séparent. Nine continue de se débattre dans les bras d'Etan puis elle finit par se calmer.

- T'as une p*tain de sale gueule Mariani ! remarque Etan, les bras croisés et la main sur sa barbe naissante.

- Ouais ça fait quelque temps que je dors plus, j'acquiesce silencieusement, honteux de l'état dans lequel ils me voient.

- James avait pas tort en fin de compte, tu ressembles vraiment à un fantôme. J'en reviens même pas que t'es eu le cran de venir te pointer ici après trois ans.

Je n'ose pas leur dire que c'est mon père qui m'y a obligé. Croyez-moi ou non mais à cette heure-là j'avais juste prévu d'être dans mon lit.

- J'ai besoin de tourner la page je pense et pour ça j'avais quelques trucs à régler ici mais aussi avec vous, je relève la tête pour découvrir leur réaction. Etan reste impassible mais je découvre une lueur d'espoir dans  le regard d'Axelle et de Nine qui est maintenant calmée. Les autres, eux n'ont l'air d'attendre qu'une seule chose : mes explications.

- Tu ne crois pas qu'il est un peu tard pour t'expliquer Tobias ? Ça fait 3 ans qu'on s'est pas vus et toi t'apparaît comme ça du jour au lendemain chez James. On n'était même pas au courant avant qu'Hugo nous l'annonce, qu'est-ce qui t'as fallu pour que tu décides à bouger, t'as rencontré quelqu'un ?

- J'ai rencontré personne enfin si mais c'est pas ça qui m'a bougé. J'en ai marre, juste marre d'être un fantôme. J'arrive toujours pas à dire ce qu'il lui est arrivé ni même son prénom. Vous vous rendez compte son prénom, son p*tain de prénom qui me faisait  frissonner quand je l'entendais. La seule qui a été capable de me dire les choses en face c'est Emma et merde quoi Emma tout est arrivé à cause d'elle et c'est la seule qui a été un tant sois peu capable de me remettre à ma place.

- Arrête de mettre ça sur le dos d'Emma, elle n'est pas plus fautive que nous. Lohan se rapproche de moi et me fixe droit dans les yeux. J'oubliais la forte relation qui unissait ces deux-là.

Un bruit assourdissant rompt soudain  notre discussion. Je me retourne et découvre Hugo avec à ses pieds un cadre photo. Il avance en titubant légèrement vers moi en n'ayant rien à faire des morceaux de verre jonchés sur le sol qu'il traîne sur son passage.

Réattribué..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant