Le banc des penseurs

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Novembre 2017

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Lorsque l'on se penche à la fenêtre de mon appartement, on peut voir un magnifique panorama de la ville d'Hyères. 

Mer et montagne se fréquentent, amies éternelles. Elles offrent, au premier plan, de jolies maisons colorées du Sud. 

Les couleurs du ciel, chaque jour uniques, donnent l'étonnante impression, à les observer, de retrouver une âme d'enfant émerveillé.

Lorsque l'on a exploré le paysage, il est possible de se découvrir une tendance curieuse. En effet, la hauteur permet de voir sans être vu, d'observer sans être découvert. Serait-ce mal ? Je ne suis pas sûre, tant que le jugement reste absent.

Cette curiosité m'amène donc souvent à regarder les personnes déambuler sur cette place rectangulaire... les habitués du bar musical en bas de chez moi, les rendez-vous du dimanche, les touristes, les catholiques ou curieux entrant dans l'église gothique... de nouveaux visages chaque jour.

Enfin, il y a cet endroit, ce banc.

Ce banc, presque en dessous de ma fenêtre, un banc qui offre à son locataire une vue sur la place entière. C'est sur ce banc aussi que l'on peut voir défiler beaucoup de monde.

Parfois, des amis s'y installent, discutent, rient ensemble, d'autres fois quelqu'un s'y assoit, le temps d'une pause, d'un café, d'une cigarette. On peut aussi voir des personnes assises, attirées par la luminosité de ce téléphone que nous tenons si souvent entre nos mains...

Mais surtout, si souvent, j'y vois ce type d'individu, des hommes, tous différents. Un être qui, par son comportement pourrait sembler en décalage pour beaucoup aujourd'hui.

Son sac posé sur le banc à côté de lui, il est pensif. 

Rien entre ses mains, les avant-bras appuyés sur les jambes, ou le dos reposant sur le fond du banc. Il ne fait rien. Rien de visible du moins. 

Il semble être en réflexion, pensif...mais à quoi pense-t-il donc, a-t-il des soucis, des joies ? Cette question, je ne suis pas certaine de véritablement vouloir en connaitre la réponse. 

Pouvoir (vouloir) tout connaitre sur tout le monde, c'est ce que le monde numérique nous offre, ou nous impose, selon chacun... Le monde intérieur est l'une des seules choses que notre société de diffusion ne peut nous voler, tant que l'on ne souhaite pas le livrer.

Il est donc là, assis, semblant attendre, sans rien attendre. Mais il parait serein, comme si le temps n'avait pas d'emprise sur ce moment, sur cet instant qui lui appartient.

En l'observant un petit moment, le temps semble ralentir, se figer. Ne rien faire, ne pas « s'occuper à tout prix », est-ce l'impression, le sentiment que cela procure ? du silence, du calme.

Autour de lui, pourtant, d'autres personnes parlent, crient, passent, s'arrêtent, marchent ou courent. Ils n'ont pas changé : les habitués du bar, les rendez-vous, les touristes, les catholiques ou curieux de l'église. 

L'agitation demeure, mais le calme, lui, se fait intérieur.

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