7. La ville de mon corps

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Partout où tu passes le temps s'effondre, se délabre. Les immeuble se fissurent peu à peu, les murs cèdent, la ville sombre. Les pierres glissent avant de s'écraser sur ta peau. Ce monde interne que tu gardes à l'intérieur de toi est en train de mourir, et il emporte ta chair avec lui.
Cette ville dépendante du temps, déchirée par les ravages de ton esprit, assaillie par les monstres de mon imagination, est trop irréelle pour tenir. Il avait raison. La terre glisse sous les torrents de pluies, tant de larmes ravalées, destructrices de ton intérieur et peu à peu tu t'affaisses, succombant sous le poids qui t'écrase.

Cesse de repeindre ces bâtiments abandonnés. Ils tombent, le poids de cette apparence ne fait que l'abattre plus rapidement. Les couches s'accumulent encore et encore mais finiront toujours par ternir prenant au passage le seul fragment d'espoir que tu avais réussi à former.
Ta ruine effraie. Qui souhaiterait visiter ton monde ? Au risque de se faire dévorer par les trous peuplant l'asphalte. Marques d'une guerre passée où quelques balles perdues sont venues s'y réfugier. Qui souhaiterait entrer dans ces habitats délabrés qui hurlent de l'intérieur ? Protecteurs de souvenirs bafoués, trop grands pour être surmontés.

Ton monde est brisé jusqu'aux entrailles. Il est incapable de former une ligne droite. Les obstacles sont partout, les failles, les déchirures, les blessures. Qui risquerait d'entrer dans cette forêt d'épine ? De marcher sur ce sol parsemé de verres tranchants ? Qui irait saigner pour un monde qui ne tiendra pas debout ? Pour une temporalité inférieure à la plus petite des infinités ?
On aime à découvrir les ruines, pas à y habiter. Tu verras des gens passer, des gens t'aimer, des promesses, des paroles, de l'affection. Mais à la moindre secousse n'oublie pas qu'ils fuiront.

Jusqu'au jour,
Où ce sera la dernière.

Nuits d'hiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant