Se sortir de la drogue, de la drogue magique, ce n'est pas une mince affaire. Mais plus le temps passe, plus Eleonora est sevrée de son addiction nauséabonde aux potions calmantes. Soignée de son réflexe d'attraper une petite fiole de potion bleu chaque fois qu'elle croise Severus, chaque fois qu'elle est confrontée à quelque chose qui ne lui convient pas, qui la stresse. La jeune femme peu à peu parvient à se débarrasser de ses démons, mais c'est long, il faut du temps. Et dans cette longue tâche, Severus s'était montré très présent, particulièrement les premiers jours, quand elle avait manifesté des risques de rechutes et des crises de manque violentes, de la violence physique, de la fureur. Il avait volé à son secours pour l'aider à atténuer la douleur, l'empêcher de sombrer de nouveau, lui maintenir la tête hors de l'eau. Et pourtant, pourtant c'était lui le déclencheur de tout cela, alors qu'il avait parlé de lui prendre sa fille, de demander la garde de la petite Severia, précisant qu'on ne la lui refuserait pas, car la mère était une droguée. Droguée, le mot peut semble fort mais c'est peut-être bien ce qu'elle était, elle ne sait pas, elle ne sait plus, elle est perdue et elle erre dans sa vie comme on erre dans les ergastules, dans l'attente d'un jour meilleur. Peut-être bien qu'elle avait filé un mauvais coton. Mais tout était la faute de Severus. Elle avait sombré quand il avait mit un terme à leur histoire tandis qu'elle était enceinte. Elle avait sombré, de nouveau, dans le sens inverse cette fois, quand il avait menacé de lui prendre ce qu'elle avait de plus cher au monde. Leur fille, évidemment.
La nuit est tombée sur le parc de Poudlard, qu'Eleonora caresse du regard ce soir là. Elle sortirait bien promener un peu au clair de lune mais elle se refuse à laisser Severia toute seule, de peur que le père de cette dernière ne mette cette faute à profit pour favoriser son dossier. La jeune mère n'avait pas souffert le martyr par le manque dernièrement, pour que l'homme puisse tout de même amasser contre elle des preuves accablantes, elle devait absolument rester plus forte que cela, garder la tête hors de l'eau et ne pas laisser son ancien amant la lui replonger avec vigueur. Elle devait ne rien laisser passer et se montrer exemplaire, de sorte que le juge n'ait rien à lui reprocher au moment de juger l'affaire, ce qui devrait lui permettre de garder sa fille. Ou d'envisager, à la limite, une garde partagée, même si l'idée ne la ravie pas vraiment. Pourtant elle est prête à faire ce sacrifice, consciente que si elle a besoin de sa fille, cette dernière a également besoin dans sa vie de la présence de son père, évidemment.
Elle soupire, en observant le parc, ses angoisses en alerte, alors qu'elle pense aux mots de son ancien partenaire, à la menace qui plane au-dessus de sa tête et elle a peur, peur que l'homme n'obtienne malgré tout gain de cause, malgré les efforts de la brune pour s'en sortir. Elle n'osait pas assez le voir, elle n'osait pas le lui demander. Chaque jours, pourtant, la sorcière souhaitait parler à son ancien amant, dire ce qu'elle avait sur le cœur, le supplier de ne pas lui prendre sa fille, de la laisser vivre avec elle, tout en pouvant naturellement évoluer auprès d'elle et participer à la vie de l'enfant. Mais elle se dégonflait toujours, consciente que l'homme était parfaitement dans son bon droit et qu'il risquait de la trouver pitoyable, à implorer ainsi.
S'écartant de la fenêtre, la demoiselle la referme et au lieu de prendre la direction de sa chambre, elle rejoint celle de sa fille pour prendre place sur le matelas à ses côtés, la regardant dormir. Elle dégage le front de sa princesse endormie, alors que les cheveux s'y collent sous l'effet de la sueur et elle sent son cœur qui bondit dans sa poitrine en regardant son enfant. Non. Non, l'homme ne peut pas la lui prendre, il ne peut pas l'empêcher de regarder son enfant dormir, de la border chaque soir, lui lire une histoire. La brune n'imagine pas une seconde passer un instant de sa vie sans son enfant, alors que les cours, déjà, sont un réel déchirement, supportable néanmoins parce qu'elle revoit l'enfant rapidement. Mais ne pas pouvoir la coucher, la préparer le matin, partager ces moments privilégiés qui n'appartenaient qu'à elles... cela, c'était difficile à envisager, à imaginer. Le cœur de la demoiselle se fend à cette pensée.
L'enfant dort encore, à poings fermés, imperturbable dans l'obscurité de sa chambre alors que sa maman l'observe encore de longues, très longues minutes, avant de venir déposer un baiser doux sur son front. Elle se relève, alors, pour laisser son enfant dormir en paix et elle gagne la porte, se tournant une dernière fois pour observer ce visage paisible, ce visage d'ange encadré de cheveux noirs. Et elle sent son cœur qui s'étreint à l'idée que cette chambre puisse être prochainement vide.
Gagnant le salon, elle se laisse tomber dans le canapé, le regard rivé sur le mur qui lui fait face et elle pense, elle pense aux conséquences de la demande de Severus, au risque qu'elle a de perdre la garde de sa fille malgré ses efforts. Trois semaines. Trois semaines ont passés depuis que l'homme lui a infligé cette peine et ces tourments. Trois semaines qu'elle a totalement cessé la prise de sa potion bleu. Trois semaines qu'elle essaie de se redresser et qu'elle a l'impression de perdre pied, d'être écrasée par le poids du monde, par les tracas. Il n'est pas une minute, pas une seconde, au cours de laquelle la brune ne songe pas à sa fille. Pas un instant sans qu'elle ne pense à la douleur que ce serait de la perdre. Et dans ce canapé, le regard déviant vers une photographie qu'elles avaient prit, toutes les deux, il y a des mois déjà, Eleonora se recroqueville sur elle-même, ramenant ses jambes vers son buste avant de fondre en larmes. Elle pleure, comme pour évacuer le stress, comme pour évacuer ses craintes. Mais ils ne partent jamais, ils ne la lâchent pas d'une semaine, dans l'obscurité angoissante de cet appartement et chaque fois qu'elle pense aller mieux, chaque fois qu'elle tente de se montrer confiante et positive, alors le moral redescend presque immédiatement. Et elle se demandait combien de fois, encore, Severus Rogue était capable de lui briser le cœur. A croire que l'homme était doué pour cela et nourrissait, dans cet exercice, un plaisir sadique, sournois. Il savait toujours parfaitement s'y prendre pour la briser. Il l'avait montré en partant, la quittant comme personne n'aurait put le faire, avec une violence inouïe dans ses propos... et il avait recommencé, encore, trois semaines auparavant, montrant qu'il n'avait rien perdu de ses capacités à lui nuire.
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Vous ne l'attendiez pas aussi tôt, hein ? 8)
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Snape's Redemption {Harry Potter} - Terminée
FanfictionParfois, la vie nous oblige à prendre des décisions que l'on regrette, qui n'impactent pas que nous. Tout choix a des conséquences après tout, les gens les apprennent à leurs dépends et ceux de leurs proches. Faire le bon choix n'est pas facile. Alo...