Adonis

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Sacha, Bastien, Morgane et Manon avaient été attrapé de force et emmené dans une des salles de la vieille usine désaffectée. Il y faisait sombre, et la seule source de lumière provenait du filament incandescent d'une ampoule aussi délabrée que l'endroit. Le lieu était sale, des tags recouvraient les murs, des déchets, des bouteilles de bière et des cigarettes étaient éparpillées un peu partout sur le sol, là où les squatteurs y avait dû séjourner. Les Ombres de l'usine avaient attrapé les quatre amis et leur ligotaient à présent les mains à l'aide de cordes. Elles avaient serré tellement fort que les mains de Sacha s'engourdissaient presque. Tous les quatre avaient été assis de force sur des chaises positionnées chacune dos à dos en cercle. Sacha face à la porte, Bastien à sa droite, Morgane à sa gauche, et Manon dos à lui. C'était sûrement pour que les quatre amis ne puissent pas communiquer entre eux. Quatre Ombres étaient postées aux quatre coins de la pièce, en les regardant... sûrement. Personne ne parlait, les seuls bruits qu'on entendait étaient les respirations saccadées et parfois même éssouflées de Sacha et des autres. Ils avaient tous peur, très peur. Cela doit leur faire plaisir, pensa Sacha en regardant l'Ombre au coin de la pièce. Il essayait de retrouver ses esprits, d'analyser la situation calmement, de répondre au problème le plus intelligemment possible... "C'était ce qu'il fallait faire, oui... À l'école c'est toujours ce qu'on nous enseigne... Mais on n'est pas à l'école... On est dans une usine en plein milieu de Paris, entouré par des monstres prêt à nous tuer" Se disait-il. "Tout est de ma faute, je suis allé trop loin... J'ai faillit mourir il y a moins d'un mois, ça aurait dû me servir de leçon ! Pourquoi faut-il que je me mêle de tout, tout le temps ?! On croirait entendre Bastien... D'ailleurs, est-ce qu'il va bien lui ? Si l'un d'eux meurt je ne me le pardonnerai pas... Mais ce n'est pas le moment de céder à la panique, après tout ils ne nous ont pas tué... Il faut gagner du temps je suis surveillé, les anges s'apercevront que je ne suis pas là où je devrais être" pensait Sacha très fort. Quand tout à coup, la porte grinça -ce qui fit sursauter tout le monde- et s'ouvrit. Le spectre qu'avait vu Sacha et qui semblait être le chef de tout ceci, traversa l'encadrure de la porte, toujours encapuchonné. On ne voyait pas son visage, même lorsqu'il s'approchait du peu de lumière qui baignait la pièce dans une ambiance d'horreur. Sa robe et ses capes flottaient en apesanteur derrière lui, mais Sacha comprit qu'il ne volait pas finalement. Même s'il donnait cette impression de ne pas être humain il l'était, certains signes le laissaient croire. Il respirait : c'était anodin mais les Ombres et les créatures maléfiques qu'avait vu Sacha jusqu'ici ne respiraient pas. Il ressemblait à une faucheuse bien vivante, ce qui était paradoxal, comme si la mort venait en personne les chercher tous les quatre. Il tenait une faucille à la main et lorsqu'il la leva pour la coller sur le cou de Sacha comme s'il allait l'égorger, juste en dessous de son menton, ses manches avaient découvert son bras brûlé et carbonisé.
-Toutes ces années... à ruminer, à vouloir me venger... Chuchota t-il en s'abaissant vers Sacha. C'en est frustrant... Tu es jeune, tes pouvoirs n'ont rien à voir avec ceux d'en temps, ricana t-il. C'en est décevant, dit-il à voix haute.

-Je suis resté enfermé seize ans au moins dans cette dimension. J'aurai cru que les choses seraient moins faciles et que nous aurions perdu mais pas du tout... J'étais loin, très loin de m'imaginer que... il s'arrêta puis se releva : que nous avions gagné. Les rires rauques de joie des ombres s'en suivirent.
-Lorsque je suis revenu sur Terre, la Grande Guerre était terminée, le chaos, la misère des sorciers et des anges s'étaient volatilisés. Et les aspirations de mes camarades à propos du Deuxième Empire semblaient s'être évanouies... Mais à ma plus grande surprise la Terre n'était conquise ni par les démons, ni par les sorciers. Et imagine mon plus grand étonnement encore lorsque j'ai appris que les sorciers, les anges et les mortels n'avaient aucuns souvenirs de ce qui s'était passé, tandis que mes camarades s'en souvenait fort bien.

Sacha ne disait rien. Il regardait le spectre, serrant la mâchoire et fronçant les sourcils, il savait que le spectre aussi le regardait dans les yeux, même s'il ne les voyait pas. Le silence revint pendant quelques secondes, Sacha se rendit compte que Bastien, Morgane et Manon écoutaient eux aussi très attentivement.

Non-Existant Spell : Le Sortilège InexistantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant