Ouija

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Un soir d'octobre 2007, la nuit était fraîche, et il n'y avait pas le moindre bruit. Il était minuit passé et un petit garçon âgé de 7 ans avait désobéit à sa mère en essayant une fois encore, de rentrer en contact avec des esprits. Esprits qui se révelèraient attentifs aux questions du simple mortel si celui-ci restait poli et ne l'importunait pas... Cela faisait dix minutes que Sacha Dumas essayait en vain d'appeler un mort. Sacha jeta un dernier coup d'œil en direction du couloir qui donnait sur la chambre de ses parents pour s'assurer d'être seul. Sa mère lui avait dit que les esprits n'aimaient pas voir de nouveaux venus en pleine séance de spiritisme. Après vérification il continuait de murmurer :
-Esprit es tu là ? Si tu es la manifeste-toi. Illic es tu ?
Mais rien ne se produisait. Aucune réaction de la goutte ( *fléchette indiquant les différentes lettres inscrites sur la planche). Sacha bailla. Il était peut être temps d'aller se recoucher. Mais après tout, un esprit était peut être en train de rôder par ici... cela ne lui coûterait rien.
-Esprit es tu là ? Si tu es la manifeste toi, dit-il une dernière fois le cœur plein d'espoir. Il s'apprêtait à ranger la planche, quand la goutte émit comme un léger tremblement. Il ralluma la lumière pour mieux voir. Ses soupçons se révélèrent justes. La goutte se déplaçait lentement vers la lettre T. De grands frissons lui parcoururent le corps. Sacha s'empressa de prendre le papier et le crayon qu'il avait prévu à cet effet. Prêt à noter le message que le mort voulait lui adresser. Elle était sur le T et bientôt la goutte avait changé de cap pour le U, puis vira à droite en direction du E, pour finir sur le R. Il contempla bêtement le mot que l'esprit voulait lui adresser : TUER. Sacha dans un mélange de panique et d'excitation, couru prévenir sa mère et son père. Il aurait juré avoir aperçu au passage, une silhouette passer à toute vitesse dans le reflet du miroir du couloir. Il se rua sur ses parents à moitié réveillés et les fit venir devant la planche. La même planche qui avait écrit ce mot tout aussi mystérieux que terrifiant : TUER. Mais à son retour la goutte ne s'était pas contentée de rester à sa place, elle s'était enflammée. Son père se hâta de jeter de l'eau pour l'éteindre. De grands frissons parcoururent alors le corps entier de Sacha qui contemplait la planche d'un air tétanisé. Il avait aperçu un œil aux pupilles noires, à travers la fente ronde de la goutte maintenant calcinée, le regarder.

Sacha se réveilla. Il mit deux bonnes minutes avant de sortir complètement de se cauchemar. C'était enfin les grandes vacances et le soleil tapait fort dehors. Le grésillement des cigales était une fois de plus très fort et elles l'avaient réveillé. Mais Sacha ne leur en voulait pas. Au contraire, elles l'avaient tiré de ce mauvais rêve. Un rêve mélangeant certaines visions réelles et oniriques. Il se demanda pourquoi son cerveau sadique lui avait fait revoir ce moment auquel il ne tenait pas particulièrement à revivre. En plus de ça, la fin de son cauchemar avait été bien plus sombre que la réalité : la goutte n'avait, dans ses souvenirs, jamais brulée devant lui et il n'avait encore jamais vu un œil le fixer à travers la fente ronde de la goutte. Il était 11h du matin, et il avait assez dormi pour l'instant. Il se leva de son lit, ouvrit la porte de sa chambre pour accéder à un long couloir qui donnait accès au salon. Sa sœur n'était pas là. Il alluma la télé mais celle-ci ne fit rien.

Sarah, une jeune fille âgée de 14ans, était blonde au yeux bleus. Elle regardait par la fenêtre de sa chambre, la colline d'en face qui devenait finalement quelque chose de bien plus intéressant que les murs de sa maison. Elle devait rester coincer ici jusqu'à demain ou elle irait voir sa meilleure amie Ambre. La pluie de la veille avait fait tomber un arbre, provoquant une panne de courant sur la partie Est de la résidence. Plus de wifi, plus de télévision et de tout appareil électronique finalement. Son portable était déchargé de sa batterie, la seule chose qu'elle avait trouvé de mieux à faire était de regarder le paysage : une colline. Rien d'intéressant à part les hautes herbes qui la recouvraient et la vieille maison en ruine. Maison qu'on n'avait jamais tenté de démolir jusqu'ici, puisqu'elle n'avait pas parût très dangereuse et faisait partie désormais du paysage. Plusieurs pies ramassaient des brindilles à terre, pour confectionner leur nid. Un grand groupe d'oiseaux noirs de plusieurs espèces, volaient presque tout le temps lors des beaux jours autour d'une maison située à deux rues d'ici. C'était celle de la vieille Bovary. La vieille Madame Bovary, très souriante avait la réputation d'être un peu "en dehors de la réalité" de temps en temps, mais n'en restait pas moins sympathique. Une personne finalement hors du commun pour une résidence réputée calme. Elle avait une certaine fascination pour les volatiles de toute sorte. Plusieurs perchoirs étaient accrochés à sa terrasse, remplis de graine à oiseau. Sa maison était inlassablement recouverte de fente d'oiseau. Sarah et son frère avaient pris l'habitude de la surnommer "mère à miette" puisqu'un soir d'Halloween en tapant à sa porte, elle leur avait versé une poignée entière de graine à oiseau affichant un large sourire pensant qu'ils allaient picorer ça. D'ailleurs en pensant à son frère, il était 11h et il n'était toujours pas réveillé. Elle sortit de sa chambre et alla dans le salon où elle le retrouva mangeant son petit déjeuner.
-Tu es enfin réveillé ! Dit Sarah.
-Oui je me suis couché tard hier soir et puis j'ai fais un mauvais rêve. Répondit Sacha en avalant sa cuillère de céréale. Il y a une panne de courant ? Il n'y a plus rien qui fonctionne.
-Oui, cette nuit la pluie a fait tombé un arbre sur tout un tas de fil électrique. Et depuis ce matin je m'ennuie​, expliqua Sarah.
-Ha... Et tu as encore ton portable déchargé je parie ? Sourit Sacha.
-Oui, tu as deviné. Elle leva les yeux au ciel, en espérant qu'il n'allait pas lui dire que c'était bien fait pour elle. Elle ne voulait pas se disputer avec lui, étant sa seule source de distraction pour le moment.
-Et Papa et maman, ils sont au travail ? Demanda Sacha.
-Oui, ils reviennent ce soir comme d'habitude. Papa a appelé la mairie, et l'électricité devrait revenir cet après-midi. D'ailleurs, maman veut qu'on en profite pour faire le ménage dans le grenier là-haut. C'est trop le bazar d'après elle, dit Sarah.
-Ouais, de toute façon on a que ça à faire.
-Oui mais s'il y a mieux à faire, je suis toujours preneuse, grommela Sarah.
Sacha avait fait sa toilette et rejoignit sa sœur dans le grenier. Il lui parla de son cauchemar dans les moindres détails tout en mettant sur une pile, les vieilles affaires qu'ils voulaient jeter.
-C'est quand même assez affreux comme rêve, commenta Sarah après toute l'histoire racontée. Je me souviens bien que tu m'avais parlé de cette planche, mais de l'œil jamais.
-Oui moi aussi, je me souvenais de tout sauf de la fin. La fin était inventée je pense, je m'en aurais souvenu sinon, dit Sacha surtout pour se rassurer lui-même.
La vieille planche couverte d'une épaisse poussière maintenant, était posée sur une pile de CD du top 20 des chansons de Jean Jacques Goldman. Le regard de Sarah s'attarda sur la planche qu'elle n'avait même pas remarqué jusqu'à présent.
-Et si on faisait une séance de spiritisme ? Demanda t-elle à son frère.
-Tu me dis ça après le rêve que je viens de faire, toi ?! Tu es malade ! S'exclama Sacha.
-Ça va aller, de toute façon tu n'y crois pas réellement, si ? Dit-elle sur un ton défi.
-Non mais bon, je me méfie toujours...
Les deux frère et sœur prirent la planchette et passèrent un coup de chiffon enlevant toute la pellicule de poussière qui s'était accumulée depuis toutes ces années. Ils avaient allumé quelques bougies et plongèrent la pièce dans l'obscurité en fermant les volets des fenêtres. La planche était placée au milieu d'eux, c'était Sarah la meneuse de jeu.
-Tu te souviens de ce qu'il faut dire déjà ? Demanda Sonia.
-Oui, c'était quelque chose comme : esprit es-tu là ? Si tu es là, manifestes toi. Et la phrase latine je ne m'en souviens plus, répondit Sacha.

Non-Existant Spell : Le Sortilège InexistantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant