Non-Existant Spell : Le Sortilège Inexistant

L'Avertissement

Sacha se dirigea vers ce qui ressemblait à une grotte. Il s'approcha de l'entrée qui était en fait, une sorte de piste d'atterrissage pour les êtres magiques volants. Mais Sacha ne ralentit pas. Pas même lorsqu'une sorte de créature ronde avec des bras très courts lui fit de grands gestes pour l'arrêter. Ses pneus crissèrent sous le choc, il avait attérit et fonçait à toute vitesse dans les grandes allées au sein du Fort, toutes les personnes ou créatures s'écartaient pour le laisser passer tout en poussant des jurons.
Quand soudain, un attroupement des soldats de pierre lui fit s'arrêter. Ils entouraient quelques personnes.
-Sacha, tu es sain et sauf ?! Demanda Severa. Tu t'es bien débrouillé, tu as su revenir ici ! Nous savons déjà tout, maintenant suis Thomas ! Ordonna t-il.
-Severa ! Bastien est toujours là bas !
-Il est comme toi sain et sauf ! Coupa Severa. Nous l'avons trouvé en train de voler dans le ciel de Paris. Nous le ramenons par Keraunos.
Sacha était presque soulagé maintenant. Il n'était plus seul désormais. Pourtant, les Ombres et ce Adonis, allait attaquer.
-Viens par ici, dit Thomas. Sacha le suivit. Ils marchèrent d'un pas pressé, Sacha racontait dans les moindres détails ce qui s'était passé.
-La caméra de surveillance n'a pas anéantit vos dons car ton amie l'a détruit avant que les images ne soient visionnées, je présume. C'est l'un des aspects temporels des nouvelles technologies sur la magie. Si les images ne sont jamais vues par des mortels, les caméras filment la magie mais ne la détruit pas. Vous avez été très courageux. Le Keraunos a retrouvé votre trace après être sorti de l'entrepôt. Nos gardes ont encerclé le bâtiment mais n'ont rien trouvés.
-Comment avez vous pu être aussi rapide ?! S'exclama Sacha.
-Le temps passe plus vite au Folklore que sur Terre Sacha, je te l'ai dit c'est utile ! Répondit Thomas.
Il montèrent dans la grande Tour Ouest, d'où Thomas l'avait accueilli la première fois qu'il était venu au Folklore, il y a un mois de cela. Ils entrèrent tous les deux dans une pièce ronde et au plafond haut. Elle était plongée dans l'obscurité et seule une sorte de grande bassine d'où jaillisait une lumière blanche illuminait la pièce. Des écrous et des roues à dent mécaniques sonnaient dans un craquement tous en rythme. Sur le côté de petites ouvertures laissaient apparaître d'autres pièce identiques. Il y en avait au moins une dizaines de part et d'autres de la salles, toutes ces salles étaient connectées par ces petites portes.
- Manon ! Morgane ! Dit Sacha.
-Tu es là ! Severa nous a assuré que Bastien est hors de danger lui aussi. Nous l'avons prévenu le plus vite possible.
-Vous avez été parfaites ! Dit Sacha avec soulagement.
Manon et Morgane sourirent.
-Vous êtes dans l'une des salles d'observation. C'est ici que nous observons la Terre grâce au Keraunos, chuchotait Thomas.
Sacha, Morgane et Manon, jetèrent un œil dans la bassine. Tout Paris semblaient reposer, en miniature dans ce grand plat rond.
-Ils n'ont trouvé personne dans l'usine désaffectée, dit Thomas tandis que la vue changea en un instant pour s'agrandir sur l'usine dans laquelle avait été renfermé les trois amis.
Severa entra dans la pièce sous les coups de pas lourds des soldats de pierre.
-Bastien a été ramené, il arrive dans peu de temps, j'ai demandé à renforcer la sécurité et les contrôles. Maintenant il faudrait que vous m'en dites davantage sur ce que vous a dit ce démon. Qu'est ce que vous avez pu voir ou remarquer ? Vos témoignages nous sont précieux.
Sacha se lança dans un long récit où il expliquait avec Manon et Morgane ce qu'ils avaient vu ou entendu. Tandis que non loin de là, des anges montaient la garde sous ordres de Severa.

Le couloir de la Tour Ouest était désert, il n'y avait pas un bruit, mais un ange surveillait cette partie là du Fort, ce qu'on ne lui avait jamais demandé de faire de toute sa vie. Il tenait une lance au bout illuminée dans sa main droite et guettait la moindre chose d'inhabituelle dans le couloir. Excepté un sol sale, une flaque d'eau laissée par un être de l'eau et une algue qui révélaient que même le ménage n'était pas fait tous les jours ici, il n'y avait rien. Chaque flammes de la torche accrochée sur le mur dansaient sur l'embout du bâton ensorcelé pour rester éternellement en feu.
Adonis était dans le même couloir. Sa vieille tunique brûlée flottait derrière lui, frôlant les murs plongés dans l'obscurité... ou plutôt dans une des nombreuses répliques de ce couloir. La dimension miroir n'offrait pas de lumière à part la lumière naturelle. Cette dimension qu'il a parcouru pendant des années durant, lui offre toujours cet avantage de passer inaperçu dans les lieux les mieux protégés. Il passait au nez et sous les flèches des anges. La situation était ironique pensa t-il. Il ne lui en fallait pas plus pour sourire tant il était heureux. Il avait déjà arpenté ce couloir. Pourtant rien n'étais encore gagné. Il restait un seul obstacle pour atteindre son but, son plan était mené depuis un mois mais bousculé une personne qu'il connaissait bien et puis, ils l'avaient hanté pendant des années dans son esprit  : les frères et sœurs sorciers aux cinq pouvoirs. Il fallait leur faire peur, les attaquer pendant qu'ils étaient vulnérables se disait-il pour lui même. Ils ne le connaissent pas contrairement à lui, ce qui lui donnait un avantage considérable.
Il arriva devant la flaque d'eau. Elle reflétait non pas son propre reflet, mais l'ange qui montait la garde juste au pied de la flaque, c'était le reflet de la véritable dimension. Adonis s'apprêtait à passer de la dimension miroir au monde du Folklore. Il passa par la flaque comme un chat qui glisserait entre les barreaux d'une fenêtre, en ne faisant aucun bruit. Le garde ne l'avait pas remarqué. Il vola jusqu'au plafond puis s'approcha doucement de lui. L'ange, le baton à la main,  regarda à droite, puis à gauche, et frissona de surprise tout en laissant échapper un gémissement de douleur lorsqu'Adonis lui planta sa faucille froide dans le dos. L'ange laissa s'échapper de sa bouche un filet de sang. La faucille avait traversé le corps de l'ange et l'embout ressortait de l'autre côté, par sa poitrine. Il s'écroula par terre. Il était mort. Du sang s'échappait de l'entaille laissée par sa faucille. Adonis traîna son corps et le donna aux ombres qui le suivaient.
Deux autres anges montaient la garde mais des soldats de pierre n'étaient pas loin, ils auraient pu donner l'alerte. Son choix se jeta sur une femme qui elle aussi montait la garde seule. Il planta sa faucille sur sa gorge pour une mort rapide. Il répéta l'opération pour se procurer cinq corps. Il les observa. Rendre ces personnes animés, en des objets qu'il pouvait détenir le fascinait. Qu'est-ce qu'étaient des corps après tout ? Seulement des expressions de la vie. Celle-ci avait-elle un sens dans ce monde si froid et si violent ? Il pensait qu'il les délivraient de toutes les souffrances du corps. Tuer seulement pour un quelconque plaisir ne l'intéressait pas, comme les ombres. Elles ont ces défauts là : elles prenaient plaisir et se détournaient de leurs réel but finalement. Pourtant, Adonis tuait ici pour permettre l'ascension de l'Enfer et aussi par plaisir de vengeance. "Je ne suis pas si différent finalement..." se dit-il.

Sacha eu, pendant un moment, une absence. Un frisson parcouru son corps, du dos à la nuque. Quelque chose n'allait pas il le savait. Il fixa l'encadrure de la porte qui les séparait du couloir.
-Sacha ? Dit Manon qui interrompit ses pensées. Sacha regarda Manon. Tu confirmes ? Il a bien parlé des légions "d'Andras" ?
-Oui, oui... c'était bien ça, répondit Sacha un peu absent.
-Et il y avait bien huit ombres avec lui ? Pas une de plus ? Ajouta Manon.
-Oui, huit ombres, répondit Sacha.
-Adonis ? Ce démon est pourtant mort d'après nos archives, dit Severa. Soit il ne l'était pas, soit c'est un nom redonné à un nouveau démon.

Mais des cris et des tumultes provenant de l'extérieur l'interrompu. Severa releva rapidement la tête. Il n'eût rien à dire que les gardes de pierre l'encerclèrent rapidement.
Les portes s'ouvrirent et Severa marcha d'un pas pressé, accompagné de sept statues de pierre, en direction des bruits. Sacha, Morgane et Manon suivirent Severa, malgré les protestations de Thomas. Ils arrivèrent dans une tour au plafond assez haut, il s'agissait de la même tour dans laquelle Sacha avait tué l'ombre lors de son premier jour au Folklore. D'autres gardes de pierre se battaient contre une ombre qui grimpa sur les murs pour leur échapper. Elle quitta alors la pièce par la fenêtre. Il y avait beaucoup de monde, des êtres magiques et des humains restaient contre le mur comme pour éviter ce qu'il y avait au centre de celle-ci. Le calme revint peu à peu. Severa s'arrêta net devant une masse amorphe qui se tenait en fait, bien au centre de la pièce. Il tendit le bras sur le côté pour retenir Sacha, mais c'était trop tard. Sacha les avait vu. Les cinq corps sans vie de cinq gardes humains du Folklore. Il y avait beaucoup de sang. Morgane faillit vomir et Manon échappa un sanglot. Les cinq corps formaient en fait un pentagramme, autour desquels il y avait écrit à l'aide de leur sang : "Les prochains seront les tiens, si tu ne me rejoins pas"

Sacha était mort de peur. Il sentait ses jambes le lâcher. Il se sentait comme regardé, étouffé par l'air de la pièce : ils étaient ici, au Folklore. Lorsque tout à coup, une forte explosion dégageant une flamme s'écrasa en direction de Severa, mais elle n'avait eu aucun effet. Les sept gardes du Folklore protégeaient en fait ceux qui étaient dans leur cercle. C'était la panique dans la salle, tout le monde se remit à crier, certains avaient été brûlé par l'attaque, et il eut un mouvement de foule. Celui-ci fit resserrer les gardes du Folklore autour de Severa, Sacha, Manon et Morgane. Thomas s'enfuit alors de la pièce. Les sept gardes qui protégeaient les trois amis et Severa prirent la direction de la sortie, ils resserèrent leur étau, ne laissant presque à Sacha plus la possibilité de respirer. Severa, Manon, Morgane et Sacha étaient collés les uns contre les autres sous la pression des gardes de pierre qui les encerclaient. Sacha s'accrocha à leurs épaules pour ne pas tomber et tout à coup : il le vit. Adonis était accompagné de ses ombres dans l'un des deux miroirs qui entouraient l'entrée de la tour. Sous sa capuche sombre, il sourit laissant apparaitre une bouche brulée comme le reste de son corps. Adonis et ses ombres le regarda partir sans dire un mot. Sacha aurait voulu crier, hurler pour prévenir Severa mais il ne le pouvait pas. Il ne savait pas si c'était parce qu'il ne respirait plus ou parce qu'il était terrorisé et en avait le souffle coupé.

Les gardes rompirent le cercle seulement lorsqu'ils étaient revenu dans la salle abritant le Keraunos. Thomas était déjà revenu dans la salle. Tout le monde reprit sa respiration.
-La protection est normalement prévue pour moi seulement dit Severa, je n'ai pas eu le temps de leur dire de s'écarter pour vous je suis navré, dit-il tout essouflé. Puis il s'adressa à un ange posté dans la salle : Prévenez le sas de contrôle des clochers de s'enfermer et entamer immédiatement un isolement de 7 jours renouvelable.

Sacha se posa contre la bassine. Il réfléchissait. Puis il ne pu s'empêcher de sourire.
-Severa, c'est possible d'empêcher toute sortie du Folklore ?
-Bien sûr, je l'ai déjà ordonné : ni sortie, ni entrée. Aucunes magies ne connectent notre monde aux 7 autres.
-C'est parfait ! Dit Sacha.
-Pourquoi ça ? Sacha est-ce que tu vas bien ? Je vais demander une protection maximale pour tes proches, ils sont déjà surveillés mais...
-Ce n'est même pas besoin, puisque toutes les ombres sont coincées ici Severa, j'ai vu Adonis il était derrière les miroirs de la Tour, lorsque nous étions au milieu du mouvement de foule et il avait ses huit ombres avec lui.
-Ils se déplacent par les miroirs !? Thomas ordonne de bannir tous les miroirs de ce fort avec l'aide des sorciers qu'il y a ici, ordonna Severa.
Thomas se pressa de sortir de la pièce avec quelques gardes.
-Huit ombres Manon ! Dit Sacha à Manon qui visiblement ne comprenait pas. Elles ne sont que huit à le suivre, elles sont donc toutes ici. Et il ne peut plus communiquer ni avec la Terre, ni avec l'Enfer, il est cerné et piégé ici.