Non-Existant Spell : Le Sortilège Inexistant

De curieux événements

Un homme vêtu d'une robe très blanche, se tenait debout devant Sacha. Ils étaient dans un endroit situé à ciel ouvert. Il y avait de la brume blanche, comme si les deux personnes étaient dans les nuages. Sacha se sentit aussi léger qu'une plume et s'efforça même, à certains moments, de ne pas décoller du sol. Lui même était en pyjama et aurait voulu ne pas paraître aussi négligé devant cet invité. Il ne savait pas qui c'était, mais avait la conviction que c'était un invité devant lequel il fallait faire bonne impression. À peine avait-il souhaité des vêtements plus présentables, qu'il sentit sur son torse et ses jambes, un tee-shirts et un jean sans vraiment s'en rendre compte. La personne ne parla pas, mais le regardait avec une sorte d'inquiétude. Il ne paraissait pas impressionnant. Il avait les yeux bleus, était châtain, et le regard penseur.
-Bonjour, intervint-il.
-Bonjour, répondit Sacha visiblement mal à l'aise. Qui êtes vous ?
- Je m'appelle Thomas. Et tu es dans... ta tête, tentait d'expliquer maladroitement l'homme.
Sacha n'était pas inquiet. Il agissait comme si tout ça était normal.
-Je n'ai pas de temps à perdre, tu vas bientôt te réveiller, alors je vais être le plus bref possible ! disait l'homme tandis qu'un cerf-volant volait au dessus de leur tête, et que l'herbe fraiche et douce chatoullait les pieds de Sacha.
-Je suis un ange, dit-il tout simplement. Tes rêves sont très imposants dans ton esprit dis moi, alors qu'au même moment tous deux s'élevaient tout doucement du sol. Mais l'autre individu restaiimpassible. Il reprit : Nous avons essayé de te contacter au travers des liens Ouija, pour établir la connexion en douceur. Mais nous t'avons suffisamment observé pour maintenant prévoir une rencontre. Nous ne sommes pas certains de ton statut magique mais nous comptons bien le découvrir. Au douzième coup de cloche, à midi demain, il faudra réciter les vers latins que nous te laisserons près de ta table de chevet. Tu pourras ainsi pénétrer dans notre monde et nous t'expliquerons pourqu...
Mais la vision de Sacha se transforma, tout devint flou. Quelque chose n'allait pas... ce n'était plus un rêve c'était une sorte de cauchemar. Il se retrouva dans un long couloir couvert de miroir sur les murs. Le décor faisait penser à celui d'un luxueux château, des beaux chandeliers pendaient au milieu de la pièce. Il courait très vite dans les couloirs du château, accompagné de silhouettes noires et d'un grand spectre, il fallait y aller le plus rapidement possible, le retrouver, c'était urgent. Il tourna à l'angle du mur pour finalement arriver dans une pièce au plafond très haut. Devant lui se tenait un homme encapuchonné qui brûlait. Des flammes jaillisaient du sol et l'entourèrent comme des serpents. Au fond de la salle une silhouette dont on ne voyait pas le visage à cause des flammes aveuglantes se tenait debout. Quand soudain le feu qui brûlait déjà l'homme à genou au centre de la pièce, explosa d'une telle puissance que Sacha fut projeté contre le mur. Il s'attendait à s'écraser contre, mais sa propulsion continuait inlassablement sans jamais retomber, il tombait, battant de l'air encore et encore et encore et encore...

Sacha était par terre. Sa respiration était sacadée et son cœur battait à la chamade. Il était 4h00 du matin et il avait encore rêvé. La fenêtre était grande ouverte. La fraîcheur de la nuit descendait doucement dans la chambre et venait rafraichir la pièce qui la journée montait en température. La chaise de son bureau et ses cahiers de cours étaient posés par terre.

Sacha eu un peu de mal au petit matin à repenser à ce qu'il avait rêvé cette nuit-là. Mais les souvenirs lui revinrent vite au fil de la matinée.
-J'ai encore rêvé cette nuit.
-Ha... Et c'était un rêve ou un cauchemar cette fois-ci ? Demandait Sonia qui prenait son petit déjeuner.
-Un autre cauchemar. J'ai rêvé qu'un homme me parlait en disant que c'était lui l'auteur de ce truc... Avec la planche, là... Il vit Sonia froncer les sourcils.
-Encore cette histoire de planche ?! Sacha tu t'en fais trop à propos de ça, papa et maman avaient compris hier que quelque chose allait mal pendant le dîner. Essaies de passer à autre chose, et arrêtes t'entêter sur des choses qui n'ont aucuns sens.
-Oui tu as raison. Dit-il en souriant. En réalité il n'avait pas l'intention de laisser tomber l'affaire. Ce matin il avait vérifié en se réveillant si un bout de papier sur sa table de chevet ne traînait pas, comme le lui avait expliqué l'homme de son rêve.
-Sacha je pars chez Ambre, appela sa sœur après s'être préparée.
-OK salut à demain ! Répondit Sacha.
Une fois la porte fermée il reprit ses recherches internet sur le paranormal et le surnaturel. Il avait lu jusqu'ici toute sortes de témoignages différents les uns des autres. Des personnes qui avaient vu la goutte de leur planche Ouija bouger, des meubles se déplacer, vu de l'autre côté du miroir une dame blanche, grise, rouge... Plus il recherchait sur le net des informations et des réponses à ses questions, plus il angoissait. Il retourna au grenier voir si la planche était toujours là. Elle était là : accrochée au mur. Il hésita à la prendre en main, quand ses pensées furent interrompu par des petits coups secs donnés sur une vitre. Un oiseau tapait du bout de son bec sur l'étroite petite fenêtre ovale du grenier. Sacha s'approcha pour lui faire peur et agitait les mains en l'air mais le volatile ne bougeait pas. L'oiseau scrutait l'adolescent sous tous les angles, en penchant frénétiquement sa tête d'un côté et de l'autre. Sacha trouvait que c'était quelque chose de très inhabituel de la part d'une pie. Mais son attention se porta sur la patte de l'oiseau, qui détenait un petit bout de ce qui lui semblait être du parchemin.
-Les vers latins ! S'exclama Sacha à haute voix.
Il ouvrit la fenêtre, mais au même moment, la pie s'engouffra de force dans la pièce et attrapa la goutte de la planche Ouija entre ses pattes, puis s'enfuya par la même fenêtre pour se poser juste à l'entrée de la maison. Elle n'avait en réalité rien dans les pattes juste des feuilles ,sûrement pour son nid. Sacha descendit les escaliers deux par deux, enfila ses baskets et ouvra lentement la porte pour que l'oiseau ne s'envole pas. Mais c'était trop tard, il plana maintenant entre les petites rues du quartier. Sacha le suivait de près. Il avait presque la certitude que la bête voulait l'emmener quelque part. En effet celle-ci prenait soin de passer entre des rues accessibles pour qu'il la suive. À l'angle d'une rue ils s'enfoncèrent dans la forêt, et montèrent une pente. L'oiseau fonça dans la vieille maison en ruine de la coline, de style Haussmannien. L'intérieur était à ciel ouvert : le toit s'était éffondré et des débris de bois et pierre étaient étalés un peu partout dans la maison. Sacha cherchait l'oiseau des yeux. Il était perché sur un morceau de toiture de la maison, d'un côté de la pièce.
-Tu vas bien vouloir me montrer ce mot que tu tiens dans ta patte maintenant sale pigeon, jura Sacha qui reprenait son souffle.
Mais le volatile avait comme compris ce qu'il avait dit, puisqu'il lui avait jeté à la figure la goutte de la planche sans lui délivrer d'autres messages. Sacha qui frottait sa tête, ramassa la goutte par terre. Il eu un instant de reflexion. Il avait presque honte maintenant qu'il se retrouva seul sans rien autour de lui. Penser qu'un oiseau lui indiquerait le chemin pour rencontrer une personne aperçu dans un rêve, c'était ridicule pensa t-il. Il observa le lieu tout de même, jusqu'à ce qu'il réalisa que la forme de la goutte était inscrite dans le carreau du sol de la maison en ruine. Il fronça les sourcils, hésita, puis emboita la goutte dans le carreau. Les débris qui recouvraient le sol, s'écartèrent comme si on leur avait demandé. Sacha fit un bond. On voyait à présent, la forme géométrique gravée dans le sol : un pentagrame comprenant en son centre la goutte. Sacha ne croyait pas ce qu'il voyait. Il eu un choc, mais se forçait à rester calme, pour se tenir près si le moindre danger se présentait. La loupe ronde de la goutte se mit à briller. Puis il en sortit une boule de lumière blanche. Elle n'était pas éblouissante, mais plutôt douce. Elle monta d'un mètre cinquante au dessus du sol, pour finalement avancer doucement vers la sortie. Sacha la regarda bêtement s'en aller. Puis dans un sursaut d'excitation ramassa la goutte, et s'empressa de la rejoindre.

C'était la première fois qu'il ressentait ça : de l'excitation malgré la peur. Était-ce du courage, se demandait-il, ou juste de la pure folie ? Son instinct lui disait de suivre cette lumière, mais est-ce qu'il en avait réellement, de "l'instinct" ? Sur le chemin il croisa deux autres voisins qui ne semblaient pas voir cette lumière anormale voler devant eux. Sacha aurait juré voir du coin de l'oeil une gargouille qui gardait l'entrée d'un portail voisin, s'animer pour le suivre du regard. La lumière le fit revenir chez lui, il était un peu déçu de l'endroit pensant qu'elle allait l'emmener autre parts, quelque part de plus merveilleux. Mais en rentrant dans son salon, une multitude de lumière blanche volait dans la pièce et un vieux livre très épais lévitait là, à un mètre cinquante du sol, sans bouger. Il paraissait usée, et d'élégants motifs noirs et or ornaient sa couverture. Il s'était à peine approché, que le grimmoire s'ouvrit, ses pages jaunit par le temps rempli de dessins et de lettres se tournèrent très rapidement pour s'arrêter sur une formule. Il lu à haute voix :
-"Incantation d'accès au Folklore"
Il comprenait, c'était sûrement la formule que Thomas, l'ange de son rêve voulait lui adresser.
DONG ! La cloche du village sonnait midi. Sacha prit le livre entre ses mains et se précipita de lire la formule :

-Notum autem vobis facio
Vos Angeli de folklore
Mea sunt bona voluntate

À chaque vers, de grandes déformations visuelles, rythmées au bruit des coups de cloche, troublaient sa vision.

-Placuit voluntatis meae
Armani et Armani
Promitto de certus de allos
Et Non solum meum
Ego Testor coram eo allos

Le dernier coup de midi sonna, et il se sentit comme tombé en avant, tout son corps s'enfonçait dans le parquet du salon.