Les mensonges

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Sacha attendait là, une fois de plus, angoissé et plongé dans l'ignorance. Un mois plus tôt il était assis sur ce banc aux coussins rouges. Sa veine noire, le faisait souffrir et le lançait de temps en temps. Bastien et Manon, tous les deux à ses côtés tentaient de le rassurer mais rien n'y faisait. La douleur aïgu montait au fur et à mesure que l'écchymose grandissait. Il entendit des bruits de pas se diriger en direction de la porte. Celle-ci s'ouvrit presque immédiatement et Severa en ressortit.
-Bonjour Sacha, dit-il avec un sourire.
-Bonjour, lui répondit simplement Sacha.
-Bastien, mademoiselle, dit-il à l'adresse de Manon et Bastien qui répondit tout comme Sacha par un simple bonjour.
-Pourrais-tu me laisser examiner ton avant-bras s'il te plaît Sacha ? Harfang m'en a parlé mais entre nous, il s'approcha près de son visage pour chuchoter, je pense qu'il s'inquiète un peu trop de notre sorcier aux cinq pouvoirs, dit-il avec un sourire.
Sacha ne répondit rien et déglutit avec difficulté.
-Elle est à l'intérieur du bras, part du coude descend pour se terminer... oui, il n'y a pas de doute possible.
Harfang s'était levé de sa chaise et resta debout sans franchir l'encadrement de la porte. Il regardait la scène par dessus l'épaule de Severa, tandis que Manon et Bastien jetaient des coups d'oeil par dessus celle de Sacha.
- Il me semble que ce sont les effets secondaire provoqués par une injection au dard séché d'un Dramal. Tu n'en a pas manipulé dernièrement ? En cours de potion avec Bastien, ou chez toi ? Un Dramal vivant peut également trainer dans le fort, il faudra les retrouver si c'est le cas. Car les symptômes correspondent, cette tâche est bien plus longue, mais cela a dû toucher certains vaisseaux sanguins, et le venin s'est propagé. Ou bien c'est une réaction allergique, cela est rare mais ça peut arriver.
-Je ne m'en souviens pas... Mais si ce n'est que ça...
-Cela me rassure alors ! Excuse moi de t'avoir dérangé pour si peu Severa, je me suis inquiété vraisemblablement pour peu ! dit Harfang d'une manière un peu trop chaleureuse au goût de Sacha.
-Ce n'est pas grave Harfang, cela ne me dérangeait pas, dit Severa d'un ton calme. Ta peau s'est imprégné du pigment, cela risque de rester dans cet état un petit moment. Fais un tour chez l'apothicaire il aura de quoi recolorer ceci. Sacha prit son sac sur les épaules.
-Très bien, puisqu'il n'y a pas de suoi s'inquiéter bonne journée Sacha ! Dit Harfang. J'ai des affaires à régler.
-Au revoir, dit Sacha à Severa puis a Harfang en s'efforçant de sourire. Bastien, Sacha et Manon rebroussèrent chemin, jusqu'à la grande porte où le soleil les aveuglèrent un moment.

-Je te promets Bastien ! Severa avait l'air étrangement normal, mais Harfang avait peur et s'inquiétait ! Dit Sacha.
-Ne dis pas de bêtises ! Pourquoi ils te mentiraient à ce sujet ?! Ça serait stupide... Répliqua Bastien.
Ils étaient tous les trois chez Bastien. Après être sorti du Folklore, Manon et lui avaient été tous les deux invités à venir passer le reste de l'après midi chez lui.
-Des raisons pour lesquelles ils ne diraient pas la vérité à Sacha, il y en a des tas Bastien, lança Manon.
-Et lesquelles ?!
-Ils veulent protéger Sacha c'est certain ! Moi aussi je l'ai senti ! Ils veulent lui cacher le fait que cette réaction est plus dangereuse qu'on ne le pense, pour qu'il ne fasse pas de bêtise... Suggéra Manon.
- Nous parlons d'une tâche sur l'avant-bras Manon! Répliqua Bastien. Suis-je le seul à trouver ça stupide ?!
Et si ils cachent quelque chose pour qu'on ne fasse pas de bêtises dans ce cas n'en faisons pas !
-Ou alors ils ont commis une erreur qu'ils tentent de dissimuler... disait Manon en réfléchissant.
-La deuxième leur ressemble plus, mais puisque je suis d'humeur aujourd'hui je dirais la première, tiens donc ! Dit Bastien avec cynisme.
-Ça fait toujours plaisir d'entendre qu'on va se faire tuer, lança Sacha. Il avait dit ça sous le ton de la plaisanterie mais il n'en pensait pas moins. Il prenait, au contraire, l'affaire très au sérieux.
-On essaie de trouver des théories plausibles, ça n'est pas ma faute si vous voulez chercher les ennuies, là où il n'y en a pas, répliqua Bastien aux deux autres.
-Peu importe ce qu'est cette chose, je ferais des recherches à la grande bibliothèque, de toute manière. J'irai voir ça avec Morgane, tu nous aiderais beaucoup si tu venais avec nous pour comparer les symptômes Sacha, dit Manon.
-Oui, bien sûr, répondit Sacha.
-Tu fréquentes encore cette fille ?! Demanda Bastien sur un ton qui mêlaient la surprise et l'exaspération.
-Oui, lança Manon sur un ton de défi, et qu'est-ce que ça peux te faire ?
-Ho rien du tout. C'est juste qu'elle n'est pas ... Comment dire... Comme toi et moi, lâcha Bastien avec un sourire au lèvre.
-Où veux-tu en venir ?! C'est en les personnes les plus étranges, hors du commun et introverties qu'on découvre une profondeur bien plus belles ! S'exclama Manon.
-Ha ! Belles ?! Rien que ça ?!
-Oui, exactement !
-Moi je ne suis pas une belle personne bien sûr, je suis juste un sale type.
-Arrêtes tu ne vas pas me faire ta jalouse quand même !? Lança Manon.
-Je ne suis pas jaloux ! Je la trouve seulement étrange... Elle s'intéresse plus à ses livres qu'aux personnes réelles ! Dit-il en s'adressant à Sacha.
-Et alors ?! Elle aime lire, chacun ses trucs, répliqua Manon
-Oui, chacun chez soit aussi... Grommela Bastien avec mauvaise humeur.
Pendant le reste de la journée, Bastien leur avait tout d'abord, fait visiter l'appartement dans lequel il vivait. Il habitait à Paris, dans la rue St-Martin, non loin du musée des arts et métiers leur avait-il dit tout fièrement  -alors que Sacha n'avait jamais vraiment vu Paris- . Il n'avait d'ailleurs, pas l'impression que les parents de Bastien étaient très pauvres. Ils étaient tous les deux sorciers haut gradés au Folklore de ce que lui avait fait comprendre Bastien, et avaient élevé leur fils avec la magie. Sacha pensa que Bastien avait eu de la chance de vivre de cette manière dès bébé. Ça n'était plus étonnant maintenant, qu'il faisait parti des meilleurs élèves de sa génération. Ils étaient allés dans les rues de Paris se poser sur un banc à l'ombre, alors que la chaleur étouffante de la capitale avait fait fuir la plupart des habitants resté cloîtrés chez eux. Seul les voitures roulaient sur les avenues. Ils avaient parlé pendant de longues minutes et s'étaient moqués des quelques personnes qui passaient sous leur nez.
-Je savais pas que Grincheux s'était reconvertit en chauffeur de taxi... Dit Bastien alors qu'une homme au trait du visage sévère, au nez crochu et à la casquette tombante passait en voiture devant eux. C'est que travailler dans les mines ça rapporte plus beaucoup aujourd'hui ! Dit-il en rigolant.
-Tiens on dirait Rüppell celle-là, dit Manon. Elle marche comme si elle avait un arsenal de balai coincé dans le... Ajouta t-elle avant que Bastien ne la coupe puisque la femme en question avait jeté un regard noire en leur direction. Les trois pouffèrent de rire.
-Aïe ! S'exclama d'un coup Sacha.
-Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Bastien.
-Rien... J'ai dû toucher mon bras un peu trop fort... Cette veine me fait mal de temps en temps.
-De toute manière ne t'en fais pas, demain nous irons à la bibliothèque.
-Oui je sais, j'espère qu'on trouvera une réponse un peu plus convaincante que celle de Severa, dit-il.
- Vous ne trouverez que ennuie, bêtise, et personness asociables, dit Bastien.
-Tiens et celle-là ? On dirait quel animal ? Demanda Manon.
-Cinquante-huit ! S'exclama Bastien.
-Un quoi ?! Ça existe pas un... Commença Manon
-Il est 17h58 ! Coupa Bastien. On a pas vu l'heure passée ! Vous n'avez rien laissé chez moi ? De toute manière ce n'est pas grave ! Je vous les rapporterais demain si c'est le cas. Il va falloir trouver une rue où se cacher, on n'a pas le temps de revenir chez moi !
Ils coururent jusqu'au trottoir d'en face où à une dizaine de mètre, ils tournèrent à droite pour tomber dans une rue étroite, cachée, à l'abri des regards. Ils se cachèrent derrière une baine à ordure. Une fois que Manon et Sacha avaient récité les paroles de la formule, ils firent un bref signe d'adieu à Bastien et au son des cloches lointaines d'une cathédrale parisienne, Sacha tomba en avant, avec cet habituel haut-de-corps, s'enfonçant dans le sol de béton tiède et sale de la ruelle. Mais il remonta en avant, dans un endroit baigné de lumière, maintenant au Folklore. Il avait cependant continué son mouvement à la manière des aiguilles d'une horloge, afin de retomber dans le sol de dalle, chaud et ensoleillé cette fois-ci, pour ressortir chez lui en plein milieu de sa chambre, tribuchant et tombant sur son lit.
Apres avoir repris ses esprits, il se releva et s'asseilla sur son lit. C'était la première fois qu'il avait passé une après-midi aussi drôle, avec des amis. Il sourit : il n'avait pas été aussi heureux depuis longtemps maintenant.

Non-Existant Spell : Le Sortilège InexistantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant