Chapitre 34 - Mickaël enfermé

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Mickaël avait grandi ses derniers temps. Il entrait dans l'adolescence. Mais il était impossible de dire quel âge il avait exactement car officiellement il était né trente-deux ans auparavant. L'existence même de cet enfant était un mystère alors ses deux parents ne prenaient plus la peine de s'interroger sur son âge.

Pas étonnant, donc, qu'il soit considéré comme suffisamment âgé pour dépasser la majorité légale.

Isylde s'était assise dans le petit parc qui se trouvait près du poste de police. Elle s'y endormit doucement en priant pour que nulle ne la reconnaisse. C'était à elle de libérer son fils et non à son mari. Elle était bien plus forte et bien plus puissante que lui sous des dehors fragiles. Son esprit possédait une énergie insoupçonnée qui faisait s'agenouiller les plus téméraires. Elle était l'ange de Brocéliande qui maîtrisait les rêves.

Dans son sommeil, elle put s'introduire dans la tête de l'un des agents qui somnolait et découvrir comment fonctionnait les locaux et où se cachait son fils. Il s'était assis sur un banc, en face de l'agent endormi, et avait replié ses jambes vers lui pour y cacher sa tête. Il n'avait pas l'air de pleurer mais il attendait patiemment, un peu tristement, de retrouver sa liberté.

- Pauvre enfant... Murmura sa mère.

Elle ouvrit les yeux et sortit de sa léthargie. Elle s'étonna de cette facilité à pénétrer les rêves des dormeurs et se demanda si, avec le temps, elle n'était pas capable de plus.

Elle se leva et marcha d'un pas décidé jusqu'au poste de police où elle entra :

- Je viens récupérer mon fils.

- Madame Guellec ?

- Mon fils.

Trois agents se précipitèrent vers elle pour l'attraper fermement et quand elle leva le bras pour les frapper, ils la balançèrent à terre en criant :

- Pas un geste !

Elle sentit le contact froid d'un pistolet sur sa tempe et frémit. Mais cela ne lui fit pas perdre ses bonnes résolutions :

- Mon fils, s'il vous plaît. Je pourrais me plaindre que vous enleviez un enfant à ses parents.

- Comme il vous plaira, grogna l'un des policiers en la soulevant un peu trop brusquement. Il est juste ici, contente ?

- Très, répliqua-t-elle froidement en se laissant enfermer dans la pièce.

Mais Mickaël se réveilla doucement en souriant largement :

- Maman !

- Viens là, petit bonhomme. J'ai quand même eu très peur pour toi...

- Tu m'as laissé seul dans l'hôtel.

Isylde ferma les yeux en maudissant la faiblesse qui l'avait rendue si insensible aux êtres qu'elle aimait. Comment, même, avait-elle pu n'être qu'un seul instant cette mère au cœur de pierre qui fuyait son époux et abandonnait son fils ? Elle en éprouvait maintenant une honte bien désagréable.

Bon, que faire ?

Mais elle n'eut pas le temps de réfléchir à la suite : déjà, on revenait la chercher. Elle pinça ses lèvres, déçue qu'on ne lui laise pas le temps de se poser, et passa dans la pièce d'à côté où se trouvait le commissaire.

- Madame, nous avons besoin de votre aide pour reconstituer une affaire plutôt étonnante. Que savez-vous des trois meurtres qui se sont succédé à Trehorenteuc et dans les villages voisins ?

- Je plaide non coupable. Mais j'ignore absolument comment cela s'est passé.

- Pourquoi avoir pris la fuite si vous ne craignez rien ? Cela vous accuse.

Le Palais des amoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant