Pirates des Caraïbes : la légende des Sparrow

XII. Hissons nos couleurs !

Martin Hill allait mourir, Katrina Sparrow en était sûre. Elle a vu la lame lui ressortir par le torse et se repassait la scène dans la tête sans cesse. Mais qui avait osé faire une telle chose ?
Une fois le corsaire à terre, elle vit l'homme qui l'avait transpercé. C'était Jack. Il se tenait droit, son sabre couvert de sang à la main, prêt à s'expliquer.

- Pourquoi tu as fait ça ?! J'étais sur le point d'en finir ! s'écria Katrina, affolée.
- Tu ne l'aurais pas fait, il y avait beaucoup d'hésitation dans tes gestes, surtout dans ton regard.
Katrina se pencha sur le visage de Martin Hill. D'une douceur maternelle, elle lui caressa la joue en lui séchant les larmes qui coulaient et celui-ci fit de même avant de lui dire ses derniers mots.
- Je... je suis désolé, Katrina...
- J'aurais voulu que tout se passe autrement, dit-elle en tentant de garder son calme.
Martin fit un dernier effort en mettant ses mains sur celles de Katrina. Il essayait de lui dire quelque chose, des mots qu'il ne lui avait pas dits depuis des années et qu'il regrettait de ne pas avoir dit pendant qu'il le pouvait.
- ...Je t'aime. Je t'ai toujours aimé, lâcha-t-il dans son tout dernier soupire avant de laisser ses mains redescendre progressivement vers le sol, accompagnées par celles de Katrina qui refusait de le lâcher. Les paupières du corsaire venaient de se fermer pour toujours.
- Moi aussi... avoua Katrina en donnant un dernier baiser sur la main droite de Martin avant de la laisser tomber.

Elle regarda une dernière fois le visage inerte du feu-corsaire avant de prendre une énorme respiration et se relever en ramassant son sabre à terre. Jack était resté à les regarder pendant qu'il se battait avec des soldats et eut un air complètement désolé envers sa sœur.
- Maintenant, Buck, grinça la pirate avec détermination en regardant son frère.

Edward Teague s'occupait du Lord dans un duel d'épées en attendant que ses enfants lui viennent en aide. Voilà bien des années que les Sparrow n'avaient pas été tous les trois réunis.
Mais en les voyant face à lui, Lord Buck eut un regard de mépris, en leur faisant savoir que trois contre un n'était pas du tout équilibré. Mais il eut, quelques secondes après, un petit sourire malsain.
- Vous avez besoin d'être trois ? Même contre une personne sans défense quelconque à part une vulgaire petite épée ? répliqua Phileas Buck, toujours avec le même sourire.
- Non. Nous avons juste chacun quelque chose à régler avec toi, rétorqua Katrina avec un sourire encore plus ironique que le Lord.

Puis, et avec une habilité remarquable, elle donna un coup d'épée sur le poignet de Buck, et son épée tomba à terre. En enchaînant rapidement, Jack Sparrow sortit son pistolet à silex et tira dans la jambe gauche de Buck, qui tomba immédiatement.
Les Sparrow s'approchèrent de plus en plus de Phileas Buck et d'un seul coup, Edward se mit à sortir des fers de sa veste et commença à menotter Lord Buck à la barre de l'Aurore.
- Je préfère gâcher des boulets de canons pour toi et ton navire que de gâcher une balle uniquement pour toi, l'informa-t-il tout en l'attachant. La douleur est une bonne leçon.
Phileas Buck eut un regard d'incompréhension. Pourquoi des fers ? Pourquoi des canons ? Pourquoi une balle ? Il ne comprenait toujours pas. Mais après qu'Edward eut fini de le mettre hors d'état de nuire, les trois Sparrow partirent en direction du bastingage pour pouvoir rejoindre le Strange Rae, navire qui n'était plus à leur portée.
- Tu as tout de même gâché des fers... fit remarquer Jack à son père, en se hissant sur une corde.

Au même moment, l'équipage des deux navires en tête, aidé par tous les Seigneurs et autres pirates de la Confrérie, avaient battu les hommes de Phileas Buck et la victoire leur était grandement assurée.
Une fois sur le bastingage du Strange Rae, Jack et Edward commencèrent à monter vers la proue. Quant à Katrina, restée debout sur le bastingage, elle regarda tous les autres pirates réunis devant elle et prit un grand souffle avant de prononcer la phrase tant attendue par tout le monde depuis le début de cette bataille.

- Mes frères, mes sœurs. Le temps est venu de hisser haut nos couleurs et d'imposer la victoire qui nous est offerte ! Hissons nos couleurs ! Hissez nos couleurs le plus haut possible !!
Ils le firent tous simultanément. En l'espace de deux petites minutes, tous les pavillons pirates flottaient au vent, les capitaines des navires prêts à en finir une bonne fois pour toutes avec la Compagnie des Indes, les opposant à la liberté des pirates sur les océans.

Buck, toujours relié à la barre par les fers d'Edward Teague, comprenait de moins en moins. Il vit tous les pirates hisser leurs pavillons menaçants jusqu'à l'extrémité de leur mât, mais ne savait pas pour autant ce que cela allait signifier pour lui. Mais la peur l'avait déjà envahi.
Les canonniers du Black Pearl et du Strange Rae étaient en place. Jack et Edward étaient en train de regarder Phileas Buck et ses yeux d'incompris. Katrina venait de les rejoindre. Il y avait une sorte de vision dans les yeux de tous les pirates, comme s'ils savaient ce qu'il fallait faire et à quel moment. Tous les regards étaient braqués sur les Sparrow. Jack regardait son père, puis Edward regardait sa fille, et enfin celle-ci les regarda. Ils eurent tous un petit sourire au coin de la bouche, avant de donner le seul et véritable ordre attendu par tous.

- Feuuuu !!! crachèrent-ils tous les trois en parfaite synchronisation.
En quelques secondes, l'Aurore fut dévasté et déchiqueté par les boulets qui le transperçaient de tous les côtés, se faisant dévorer rapidement comme le Kraken avait l'habitude de le faire avec des petits sloops. On ne distinguait plus la silhouette embrumée de Lord Phileas Buck.
Entre ces bombardements, Eddie Gribs, Joshamee Gibbs, Laura Salt et même Elisabeth Swann avaient rejoint la famille Sparrow pour regarder le spectacle qui se tenait juste devant eux, en pensant que cette fois, c'était la bonne, la dernière. C'était fini.

Ils se regardèrent tous avec un air de satisfaction. Bien que ce genre de scène faisait partie de leur quotidien, ils étaient fatigués.
- Je crois que cela vous appartient, capitaine Sparrow... dit Elisabeth à Katrina en montrant un objet posé dans la paume de sa main. Juste derrière les femmes, les canons continuaient de couler l'HMS.
Katrina reconnut immédiatement : c'était son fameux pendentif rouillé qu'elle avait depuis le début de son grade de capitaine et de la possession du Strange Rae !
- En effet, votre Majesté ! Merci, répondit-elle en reprenant son bien.
Les deux femmes se retournèrent vers l'Aurore, du moins ce qu'il en restait. Katrina commença à remettre son pendentif autour du cou. A ce moment-là, elle aperçut le sabre de Martin Hill flotter à la surface, jusqu'à ce qu'il disparaisse, englouti par le poids de l'argent. Elle considérait cette vision comme un dernier adieu à celui qu'elle avait tant aimé autrefois.

- ...des maudits pirates... souffla Katrina Sparrow une dernière fois, en caressant son inséparable pendentif.