CHAPITRE CINQ

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Après cette soirée, Amaliah ne tarda pas à revoir maintes et maintes fois Freya. À cause de sa profession, elle ne pouvait pas se garder les soirées, car elle devait travailler. Alors, Amaliah proposa d'autres rendez-vous à Freya, pendant les après-midis. Elles se retrouvaient alors toujours au même restaurant, même si elles ne commandaient rien. Après avoir rit au bar, elles se baladaient ensuite au bord du fleuve. Chaque après-midi elles se voyaient. Chaque après-midi, à l'approche du pont où elles allaient se quitter, le coeur d'Amaliah se serrait. Elle aurait tant voulu que ces balades durent éternellement. Elle aurait tant voulu aller plus loin qu'un simple au revoir, tant voulu pouvoir caresser les épaules de Freya qui se découvraient, au fur et à mesure de l'avancée de l'été. Mais elle ne pouvait pas se laisser aller à cela. Freya devait certainement avoir un amant, voire un fiancé ou encore un mari. Et puis Amaliah était une courtisane. Comment pouvoir l'aborder sans qu'elle ne la suspecte de faire tout ce spectacle uniquement pour l'argent ? Alors elle quittait son amie avec toujours ce souffle dans la voix, cette once de déception qui marquait ses paroles.

Un jour, Amaliah invita l'artiste pour un pique-nique. Elle lui avait préparé une surprise.
«J'avais quelque chose à te dire Freya...J'aurai voulu te le dire plus tôt, mais avant je n'en étais pas sûre, et je n'avais pas envie de tout gâcher en nous donnant de faux espoirs.»
La peintre, soudain intéressée, s'approcha d'Amaliah. Elle semblait prête à entendre quelque chose de très important.
«J'ai réussi à trouver un contrat de serveuse à notre bar. Je vais pouvoir arrêter de traîner dans les rues et arrêter d'aimer ces hommes pour de l'argent !!». À ces mots, Amaliah sentit que la lueur qui brillait usuellement dans les yeux de sa rousse avait soudainement faibli. Quelque chose semblait s'être brisé en Freya, pourtant, Amaliah ne comprenait pas. Avait-elle dit quelque chose de mal ? N'avait-elle pas réussi à emplir le cœur de sa bien-aimée ? Que pouvait-elle faire pour la combler ? Que pouvait-elle faire ? Qu'attendait-elle d'elle ?
«Je vais faire une sieste, Amaliah. Il me faut du temps pour réfléchir aux projets que ta nouvelle situation nous offre., dit Freya»
Amaliah se trouvait donc tourmentée avec tant de questions en elle. Qu'est ce qu'elle avait espéré avec cette relation ? Qu'avait-elle imaginé ? Ses rêves ne se réalisaient jamais. Alors pourquoi maintenant ? Après toute ces années, elle devait le savoir. Elle sentit des larmes salées perler sur ses joues. Afin de les calmer, elle commença à ranger très silencieusement le pique-nique, afin de ne pas réveiller Freya. Au moment où elle allait chercher l'assiette qui était restée devant la rouquine, elle se pencha au dessus de son visage. Ses boucles chatains-roux étaient en train de flotter avec le vent. Freya était si belle, sa peau semblait si douce... Amaliah remarqua que ses joues étaient humides. Avait-elle pleuré elle aussi ? S'était-elle éloignée pour verser des larmes ? Mais pourquoi ? Elle ne voulait pas que la dessinatrice souffre, non elle ne le voulait pas. Alors elle s'approcha tout doucement de la paumette de Freya, et posa ses lèvres sur sa peau. Elle aspira silencieusement les larmes qui semblaient restées en suspend, arrêtées dans leur course, comme arrêtées à partir du moment où l'artiste s'était assoupie. Très délicatement, elle fit descendre sa bouche vers les comissures des lèvres de Freya. Elle déposa un infime baiser sur ses lèvres, comme une légère caresse qui effleurait sa tendre peau.

Le fleuve guidera notre amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant