CHAPITRE UN

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Lorsqu'elle se réveilla dans le lit deux places de ce Love Hôtel miteux, Amaliah se retrouva encore engourdie par les activités qu'elle avait eu la veille au soir. Elle se leva et se dirigea vers la table, sur laquelle trônait une liasse de billets. L'homme lui avait demandé ses services pour une nuit entière, mais au moins il l'avait correctement payée. Elle empocha l'argent et sortit de la chambre.
Amaliah pensa à la journée qui l'attendait. Elle irait se trouver de quoi se nourrir dans un supermarché bas prix, puis irait flâner au parc, le temps d'une courte après-midi. Quand la nuit commencerait à tomber, elle irait enfiler ses jupons et se dirigerait vers «sa» rue. Son lieu de travail, où elle irait courtiser les hommes.
Encore ce soir, elle passait devant ce bar constamment agité par des hommes et des femmes souvent ivres. Elle avait souvent bon nombre de clients par ici. Évidemment, quand elle assouvait les désirs d'un inconnu, elle n'éprouvait aucun plaisir, aucun sentiment. C'était une règle que toute courtisane se devait de connaitre, afin de ne pas tomber amoureuse. Mais Amaliah n'éprouvait pas la nécessité d'un amour. Elle ne se voyait pas épouser un homme et élever des enfants avec lui. Même si elle réussissait à s'extirper de son dur métier, elle ne s'imaginait pas vivre une vie d'amour avec un homme.
Pourtant, lorsqu'elle empruntait la route qui menait au bar, elle sentait son cœur se serrer. Non pas qu'elle allait vivre, une fois de plus, une soirée inconnue au moment où elle marchait sur ce trottoir. Mais plutôt qu'elle apercevait cette jeune femme. Chaque soir, assise à une table, une demoiselle dessinait. Elle semblait absorbée par ses oeuvres naissantes, comme si elle était dans une bulle, et ne prêtait pas attention à la confusion qui régnait autour. Amaliah l'admirait. Elle éprouvait toujours une fébrilité dans son cœur en la voyant, et avait souvent l'envie de tout arrêter et d'aller lui parler. Mais elle était une courtisane, et elle une artiste. À ses yeux, elle semblait être une Vierge, à laquelle la vie lui serait insufflée par l'Art. Alors chaque soir, Amaliah se déhanchait dans la rue et ne tardait à être accostée par un homme. Un client. Elle gardait pourtant à l'esprit ce rêve de pouvoir approcher cette déesse de l'Art. Mais elle enfouissait ce désir. Elle devait exercer son métier.

Le fleuve guidera notre amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant