Freya regarda sa montre en catastrophe. Elle regarda autour d’elle tandis que son visage se décomposait. Son heure avait sonné, elle était en retard d’au moins deux heures. La femme avait été tellement absorbée par ses dessins qu’elle en avait oublié son rendez-vous. Elle se dépêchait d’enfouir ses affaires dans son sac et posa la monnaie pour son repas sur la table. Son regard fouilla la foule un peu grise alors que les étoiles apparaissaient une à une. Elle vit la femme. Freya la voyait souvent et elle la trouvait belle, bien plus mature qu’elle-même. Elle soupira avant de se lancer dans l’attroupement. Elle fut bousculée un nombre de fois incalculable comme elle partait alors que les personnes arrivaient pour côtoyer les bars et restaurants. Finalement la femme réussit à s’extirper en dehors de la cohue. Elle courut jusqu’au lieu de rendez-vous. Devant l’immeuble Freya ne trouva personne. Elle s’engouffra à travers la lourde porte d’acajou. Sa robe verte était sale et ses cheveux ébouriffés lui donnaient un air bestial. Elle prit l’escalier et toqua à la porte du second étage. Personne ne daigna lui ouvrir donc elle se permit de rentrer. La mère dormait dans un canapé tandis que le père regardait le sol dépité.
« - Il est parti, annonça-t-il »
Freya sentait les reproche dans sa voix, aussi elle n’osa pas s’avancer et resta sur le porche à observer le sol en jouant avec ses mains. Le père réveilla la mère qui jeta un œil à la jeune femme.
« - Que faisais-tu dehors, ingrate, grinça la mère de sa voix criarde, tu étais avec un homme c’est ça? »
Le père approuva les paroles dures de son épouse. Ses yeux d’acier transpercèrent Freya qui tremblait. Elle eu du mal à se reprendre mais réussi à parler.
« - Vous vous méprenez Mère, j’étais en train de manger. Comme la rue était animée, j’ai sorti mon carnet et... »
Elle n’eut pas le temps de finir son explication que la main de la mère s’abattit sur elle. Freya retint ses larmes et caressa sa joue rougissante. C’était chaud et douloureux mais elle prit sur elle.
« - Chaque jour je regrette d’avoir pris soin de toi, regarde Claude, cria la mère, voilà ce qu’est devenu cette fille! Une dépravée. »
Cette fois les larmes ne purent plus être retenues, elles coulaient réchauffant l’autre joue. La jeune femme ne bougeait pas, qu’aurait pu faire une personne aussi frêle qu’elle. Freya se contenta de s’excuser platement et de partir. Elle redescendit jusqu’au bunker. Elle rentra dedans et elle s’assit sur la pile de drap qui lui servait de lit. Elle ferma les yeux et laissa son esprit vagabonder. Elle pensait à la rue bondée, le serveur maladroit, le plat qu’elle avait consommé et finalement elle eu une pensée pour la femme. Elle pensa à son allure mature, contrairement à elle, cette femme était belle et élégante. Ses habits étaient magnifiques pas comme les guenilles que la mère laissait à Freya. Elle regarda sa robe, en plus d’être sale de sa course on pouvait y trouver des taches de toutes sortes et des trous de toutes tailles. Freya avait soudainement envie de voir l’inconnue, la belle dame. Elle regarda l’heure à nouveau. Peut-être que le père était endormi, la mère l’était certainement. Elle se faufila en dehors du bunker. Il n’y avait pas un signe de bruit. Ses pas légers ne laissaient pas un son sur le sol dur. Elle remonta jusqu’au somptueux appartements de la famille. Elle rêvait de pouvoir y aller mais le destin en avait décidé autrement. Une fois encore elle ne vit pas une seule âme qui vive. Freya se sentait libre en cet instant, elle fila en dehors de l’immeuble en emportant le chapeau et le manteau de Madame. Une fois dehors elle fut surprise par le froid mordant. À cette heure avancée de la nuit elle ne pouvait pas croiser quelqu’un qu’elle connaissait ce qu’il la rassurait. Les couleurs vives de la rue l’attiraient et sans un dernier regard à la bâtisse elle se mit en marche avec cet havre de paix. Plus elle s’en rapprochait plus elle s’enivrait des parfums floraux, des palettes chatoyantes des enseignes, des vêtements bariolés, des visages inconnus mais si envoûtants. Mais plus elle s’avançait plus l’endroit devenait dangereux. Elle ignorait les couples formés pour cette nuit dans son innocence presque enfantine. Freya ne connaissait pas cette partie de la ville mais l’artiste en elle en était attirée. Son métier était de découvrir ces couleurs, ces odeurs, ces beaux lieux en dépit de la vraie couleur du quartier.
VOUS LISEZ
Le fleuve guidera notre amour
RomanceQuand les gens de notre entourage ne voient qu'en nous un corps à utiliser à ses fins, il n'y a que notre amour qui puisse émerger de ce tourment. Une nouvelle à deux voix par Ael & Élaïh