Chapter 13 : When words burn

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           La gravité dans la voix de Yuuri était telle que je ne me permettais plus de l'interrompre. J'avais peur qu'au moindre mot que je prononcerai, je briserai l'illusion du Japonais en train de me raconter son histoire.

Jeune, il avait été fasciné par le patinage artistique, amour pour le sport qu'il avait partagé avec son amie Nishigori Yuko. Il était un jour tombé sur une rediffusion de ma compétition de première division alors que je n'avais que 15 ans, et était sous le charme de la discipline. Ironie de la chose, je me souvenais de cette compétition comme étant celle pour laquelle j'avais souhaité prouver au monde que je pouvais les charmer avec mon côté masculin aussi bien qu'avec celui féminin. Il semblerait au moins que ça ait marché pour une personne.

Il savait alors déjà patiner grâce à la présence d'une patinoire à quelque minute de chez lui, mais c'est donc à l'âge de 10 ans qu'il sût que c'est sur la glace qu'il voulait évoluer.

                -J'avais l'espérance qu'un jour peut-être, on pourrait se retrouver sur la même glace, avoua-t-il. Vœux futile, je sais, mais que veux-tu, je t'idolâtrais à l'époque.

Le jeune danseur était donc bien un de mes fans ? Je trouvais ça curieusement adorable.

Vers l'âge de 14 ans, il commença à participer à des compétitions nationales et sillonna le pays Nippon. Il ne parvenait pas toujours à la première marche du podium, mais il était très souvent remarqué pour ses séquences de pas, d'une précision et d'une complexité très appréciable pour son très jeune âge. Un sourire voilait ses lèvres en parlant de cette époque. Je le comprenais. S'il y avait bien un point dans ma vie de compétiteur que j'aimais presque par-dessus tout, c'était les voyages. Parcourir la planète en quête de nouveaux horizons. C'était d'ailleurs ce qui nous avait poussé avec mon coach à rester une semaine entière au Japon.

Il avait été tout d'abord difficile pour Yuuri de s'habituer à ce nouveau style de vie, mais il avait eu le bonheur d'être toujours bien accompagné que ce soit par sa famille, par Nishigori, même par sa ville natale, mais aussi par une nouvelle personne dont je n'avais encore jamais entendu le nom. Nomura Ogai. Ce Nomura avait le même âge que Yuuri et avait été transféré dans la même école que lui alors qu'ils avaient 15 ans. Coup de bol, Nomura était lui aussi un compétiteur dans le patinage et Yuuri avait alors enfin un ami de sa classe avec qui parler patin, Nishigori étant plus âgée.

A ma demande, Yuuri m'en fit une rapide description. Nomura avait un physique plutôt typique de ses origines japonaise : des cheveux brun foncé taillés courts, de fins yeux bridés noirs et il était à l'époque relativement grand pour son âge. Il avait habité jusque-là dans les environs de Kyoto, qui avaient formés sa personnalité à être bien plus ouverte, expressive et envahissante que ce à quoi Yuuri était habitué dans sa petite ville natale. Mais il appréciait sa compagnie et le fait d'avoir un ami qui ne le jugerait pas sur sa petite obsession sur Victor Nikiforov (petit rire mental) et qui comprenais la vie que devait mener un patineur de niveau national.

Le semblant de sourire disparut alors pour laisser place à une mine froide et figée.

                -Yuko n'avait jamais apprécié du temps avec Nomura-san. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi : il était en effet éprouvant à vivre avec, comme une pile électrique constamment trop chargée. Mais outre cela, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi elle souhaitait que je ne sois pas plus proche de lui.

La voix de Yuuri était faible, comme si lui-même n'avait pas envie de m'en dire autant.

                -Un jour, lorsque je lui avais demandé pourquoi elle agissait de la sorte, elle m'avait répondu que quelque chose clochait chez Nomura-san, quelque chose qui lui donnait des frissons à chaque fois qu'il était à côté de moi. Idiotement, je l'ai rassuré sur le fait qu'elle sera toujours ma meilleure amie, qu'elle n'avait pas à s'en faire pour lui. Je pensais sincèrement qu'elle avait peur que je ne l'oublie... J'aurais peut-être dût l'écouter finalement...

I needed YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant