Chapter 20 : Battle Plan

1K 79 63
                                    

                Jamais je n'avais vu Yakov aussi énervé. Et pourtant je l'avais fait sortir de ses gonds un nombre incalculable de fois... Cela faisait maintenant cinq heures que nous avions eu vent de cet article people qui se vantait aux yeux du monde d'avoir été le premier à avoir exposé notre «relation» avec Yuuri.

Honnêtement, dans un tout autre contexte un tel article n'aurait posé nul problème. Il n'aurait d'ailleurs même pas été inhabituel: les tabloïds appréciaient tous particulièrement embêter et suivre à la trace les personnes qui se sentaient très bien dans leur propre vie, mais qui ont trop de renommée pour pouvoir la garder privée. Sauf que la situation n'avait rien d'habituel.

Je venais de déclarer une pause de manière officielle, avec un communiqué qui ne parlait nullement de Yuuri, pas implicitement en tout cas. Si le communiqué sortait, les rumeurs s'enflammeraient, les journalistes hurlaient et le monde exploserait. Enfin je ne suis pas certain pour la dernière partie. Mais ce qui était certain c'était que nous serions vite hors de tout contrôle. On remettrait en cause le motif de pause que j'avais donné, on se tournerait vers les représentant officiels qui tourneraient alors un œil mauvais vers Yakov : « Contrôle un peu tes élèves, que nous n'ayons pas à réparer leur bavure et leur comportement stupide. ». Je pouvais les entendre d'ici. Hors de question que je remette en cause la notoriété de mon coach pour les beaux yeux de journalistes en manque d'amour propre.

Et puis, cette affaire ne concernait pas que moi.

Si qui que ce soit reconnaissait Yuuri, on commencerait à parler de lui, à le chercher, à lui parler. Il m'avait un jour dit qu'il avait emménagé à Tokyo pour se cacher mais qu'enfin il s'y sentait bien. Ces mots partiraient en fumé, son sentiment de bien-être envolé. Je refusais de lui faire vivre à nouveau cela. Depuis que je le connaissais, j'avais cette étrange volonté de le protéger et en quelques instants je venais soudainement de perdre les commandes. Ce qui me rassurait un temps sois peu était que la totalité des clichés cadraient mal le portait du Japonais, le rendant méconnaissable à première vue.

Comment avaient-t-ils trouvé tant de photos sur une si grande période ? La plus ancienne et celle utilisée comme photo de couverture nous représentait accoudé à la barrière d'un patinoire, alors que j'étais en costume et que Yuuri tenait délicatement une rose bleue entre ses doigts. La compétition à Tokyo. Incroyable mais vrai, elle datait d'il y a déjà deux mois. Pourquoi avoir gardé cette photo secrète pendant si longtemps, sans jamais la publier ? Un seule autre datait de mon voyage au Japon, une photo de moins bonne qualité, probablement prise avec un portable quelconque alors que nous nous entraînions tous les deux sur la glace. Probablement après que j'ai perdu notre pari. Toutes les autres photos dataient d'il y a quelques jours au grand maximum. Il y avait une photo de moi, seul alors que je promenais Mackka, puis d'autre en compagnie de Yuuri et occasionnellement Phichit alors que je leur faisais visiter la ville hier. Deux d'entre elles en particulier avaient été prises lors du soleil couchant, alors que Yuuri et moi faisions face à la mer. Encore heureux, aucune des deux photos n'avaient été prise au moment où nous nous sommes quittés. Mon Dieu, la manière dont je regardais le jeune homme pendant qu'il vérifiait les clichés sur son appareil photo, dont je le dévisageais comme s'il était la septième merveille du monde : c'était pourtant évident que j'étais entièrement sous le charme du jeune homme. Tout du moins, ça m'était évident. J'espérais que ça l'était un peu moins aux yeux du monde.

Mais encore une fois, pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de poster cet article ? Pourquoi ne pas l'avoir dévoilé dès que le premier cliché fut pris ? Peut-être n'était-il pas assez incriminant ? Il est très probable qu'en nous voyant encore une fois ensemble deux mois après le premier cliché, les journalistes penseraient qu'il serait plus simple de lancer des rumeurs...

I needed YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant