Chapter 18 : Satan's Rotunda

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L'appel s'était fini. Et Yuuri étais heureux, d'une manière étrange, certes. Mais heureux.

Il avait parlé en japonais durant tout l'appel, je n'avais donc pas compris ce dont il parlait et des larmes avaient coulées pendant presque la totalité de l'appel. Mais ce sourire magnifique qui illuminait son visage voulais tout dire. Son corps avait de temps à autre été pris de soubresaut et pourtant la main de Yuuri était restée fermement entre les miennes, et c'est d'une manière assez spontanée que j'avais passé mon bras autour de ses épaules et je me tenais maintenant au plus près de lui, inspirant avec délectation son parfum. C'était quelque chose d'incroyablement subtile qui rappelait la chaleur et le soleil, une odeur douce avec un côté nostalgique. Le genre d'odeur qui vous rappelait des souvenirs heureux de votre enfance, sans que vous ne réussissiez vraiment à mettre le doigt dessus. Il n'avait pas paru s'en offusquer, et j'oserais même dire qu'il avait lui-même fini par se reposer contre moi.

Tout semblait tellement... naturel.

Il reprenait doucement son souffle. Il tremblait encore un peu, pendant que l'adrénaline quittait doucement son corps, tout en fixant avec stupéfaction l'écran maintenant noir de son téléphone, posé sur ses genoux.

                -Alors ? demandais-je, pour briser le silence.

Il leva les yeux vers moi.

Une nouvelle lueur était apparue dans ses yeux, une lumière qui faisait pétiller le brun de ses yeux et qui rendait éclatants les douces courbures de son sourire. J'adorais ses yeux. Les voire évoluer, les voire reprendre vie au fil du temps faisait palpiter mon cœur.

                -C'était ma mère... Ma mère, dit-il de manière un peu essoufflée. Victor, c'était ma mère !

                -J'avais cru comprendre, dis-je en souriant. Je peux me permettre de te demander comment ça s'est passé ?

                -Hum... Bien ? Je crois ? Elle... Elle m'a posé plein de questions : comment j'allais, si j'avais quelque part où dormir, si je mangeais bien.

Il soupira puis souri d'un air mélangé de joie, de tristesse et de soulagement.

                -Elle ne m'a même pas demandé pourquoi j'étais parti, si ça se trouve, elle le sait peut-être déjà... Je ne crois même pas qu'elle était en colère.

J'aurais probablement ressenti la même chose que Maman Yuuri si j'avais été à sa place : si j'avais perdu de vue mon fils adoré pendant près de six ans, et que soudainement il me téléphonait, j'aurais été fou de joie. Je ne pouvais même pas m'imaginer à quelle point elle avait dû être rassurée en entendant de nouveau la voix de son fils après tant de temps. Je le serrais un peu plus contre moi : s'il pouvait rester à tout jamais dans mes bras, je ne dirais certainement pas non.

                -Merci, lâcha-t-il soudainement.

Il me prenait au dépourvu : me remerciait-il de lui faire un câlin ? C'était... surprenant ? Heureusement pour moi, il continua :

                -Merci de m'avoir poussé à appeler ma famille... Je... Je n'aurais jamais pu le faire seul. Si j'étais resté dans ce doute toute ma vie, je pense que ça aurait fini par me tuer... Et merci, d'être là.

Il ponctua sa phrase en serrant sa paume dans la mienne. Le geste m'envoya comme une décharge le long du bras, me faisant presque pleurer de joie tellement j'étais heureux de pouvoir le tenir près de moi. Bon sang, ce qu'il m'avait manqué ! Comment ais-je pu imaginer une seule seconde que je pourrais vivre sans lui ?

                -Alors, que comptes-tu faire maintenant ? demandais-je.

                -Maman m'a dit que je pouvais revenir quand je le voulais, que je serais toujours le bienvenu... Et qu'ils attendront aussi longtemps qu'il le faudra.

I needed YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant