1822

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Je tiens à préciser que le second paragraphe n'est pas de ma composition, c'est un ami qui l'a écrit.
Merci Léo pour ta participation :)

Bonne lecture

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1822

Un soleil de printemps réchauffait les herbes folles en cet après-midi frais, les dernières perles de rosé du matin scintillaient, agrippées aux brins verts dansant au vent, donnant un mouvement harmonieux au paysage. Le calme de cette danse fût interrompu par des pas rapides, une course à travers les champs. La propriétaire de ces pieds frôlant le sol d'une légèreté surnaturelle était une jeune femme aux cheveux châtains, bien que sous ce soleil, on aurait pu les croire blonds, parfois même roux. Ils étaient tressés méticuleusement en un chignon complexe et rebondissaient sur le bas de sa nuque à chaque enjambée. La jeune femme, secouée de petits rires discrets, jeta un regard en arrière, avant d'attraper ses jupons et d'accélérer le pas.
Bien vite, la belle rejoint un bosquet composé d'arbres touffus devenus épais en cette saison printanière. Elle atteint le pied d'un arbre et se tint au tronc quelques instants, reprenant sa respiration. Peu de temps après, une silhouette apparut en face de la jeune femme. Elle appartenait à un jeune homme blond à la fine stature, il n'était pourtant en rien maigre. Ses cheveux blonds foncés dont la coupe n'avait pas été rafraîchie récemment, laissaient apparaître de petites boucles. Lorsqu'il remarqua la jeune femme il fondit sur elle afin de la prendre par la taille, et l'attirer à lui. Il lui vola un baiser par la même occasion.

***

Le soleil de midi avait séché l'herbe et réchauffait lentement la lande.
La lumière, de ses rayons, faisait reluire le paysage de reflets charmeurs.
La fraîcheur matinale tirait lentement sa révérence, laissant sa place à la douce chaleur.
Comme elles se trouvaient parsemées le long du bocage, des bottes de foin se dressaient en rang régulier, pareilles à des boutons d'or cousus sur un vêtement de dame.
Aucun bruit ne venait troubler le paisible tableau, excepté la paisible respiration d'un homme, allongé dans l'herbe, la tête adossée contre le foin de l'une des bottes.
Ses cheveux blonds se confondaient avec les brins de la paille constituant son appui.
Sa chemise blanche était, elle, à demi ouverte sur son torse, qui commençait à se perler de sueur.
Il avait le teint pâle, le corps musclé et se reposait dans la quiétude d'une des dernières zones ombragées.
À sa droite, était appuyé son chevalet de bois.
Il avait profité d'une matinée ensoleillée pour sortir peindre les paysages en plein air.
Après son travail il s'était abandonné à la rêverie.
Sa torpeur fût soudain perturbée par un pas rapide dans l'herbe.
Les pas était ceux d'une jeune fille, cheminant vers le bois tout proche.
Il ne pouvait dire qu'elle était la couleur de sa chevelure, mais il savait qu'elle était formidablement belle.
La voyant, il se leva d'un bond. Elle se retourna et le vit.
Elle esquissait alors un sourire malicieux, avant de relever ses jupons et d'atteindre le couvert d'un arbre en lisière de forêt.
Étourdi par l'apparition irréelle, l'homme hésita un instant.
Puis jugeant que l'instant était propice il lança son pas à sa rencontre, le cœur battant comme un tambour. Si l'instant vécu n'était par malheur qu'un rêve, il en aurait au moins le cœur net.
Arrivé à la hauteur de la jeune fille, celle-ci ne s'enfuit pas, c'est alors qu'il la saisit par la taille et l'embrassa.

Il relâcha lentement le corps de la jeune femme et posa son regard sur le visage fin de sa belle.

- Eydunn, que faites-vous là ? Demanda enfin le jeune homme, étonné de la rencontrer à une heure où la lumière du jour les baignait encore.

- Il fallait que je vous vois. La jeune femme sembla se rappeler subitement la raison de sa venue.

- Qu'il-y-a-t-il ? S'inquiéta l'homme, en plissant les yeux et déposant avec une douceur spectaculaire sa main sur le tissus recouvrant l'épaule de sa bien-aimée. Êtes-vous mal traitée ?

- Non, le duc est un homme bon et respectueux. Il est d'une générosité sans égale de m'accueillir sous son toit. Mais il y a un problème avec son fils, Niklaus.. À ces mots, le corps de l'homme se raidit brutalement.

- Si vous m'annoncez qu'il vous courtise, je lui retirerai l'estomac à main nu et attendrait avec joie qu'il se vide de son sang.

Ce commentaire violent fit rire la jeune femme malgré elle, elle connaissait bien Niklaus, il était d'une jalousie hors pair. Le fait que la jeune femme fût malencontreusement promise à ce fameux fils n'arrangeait pas les choses. Elle rassura son amant en posant ses mains sur son torse et en les glissant lentement sur celui-ci. Le contact sembla l'apaiser.

- Niklaus, voyons. Elle essaya de le réprimander mais son attitude la faisait rire, ce qui n'était absolument pas crédible. Le blond fût soulagé et il l'encouragea à lui expliquer la vraie raison de sa venue.

- Récemment, des rumeurs se sont répandues dans les comtés voisines, à propos de créatures démoniaques se nourrissant de sang humain... Ils savaient tout deux très bien de quoi ces rumeurs parlaient et elles n'étaient pas infondées. Il a eu vent de tous ces récits. Il sait que j'ai quelque chose à voir avec tout cela. Il sait que je suis l'une de ces créatures..

- En êtes-vous certaine ?

- Il me l'a évoqué lui-même.

- Comment aurait-il pu suspecter quoique ce soit de votre part ? Vous n'avez rien fait. Vous ne tuez même pas.

- Il se pourrait.. que je me sois emportée il y a quelques jours.. avoua la belle, le regard fuyant.

Niklaus sembla comprendre. Le fils du duc avait assisté à un débordement de la part de la jeune femme. Cela arrivait parfois, les émotions devenaient trop fortes, elles la submergeaient et sa nature prenait le dessus.

- Mon amour, décrivez-moi exactement ce qu'il a vu, demanda l'homme maintenant anxieux, il remonta sa main et la logea dans la pâle nuque de la jeune femme. Elle leva les yeux et posa le bleu de ceux-ci dans ceux de son amant.

- Il a vu des objets se mettre à trembler et léviter autour de moi. Le blond pinça ses lèvres l'une contre l'autre. En effet, cet événement ne laissait guère place à l'imagination. Il faut que vous calmiez votre frère, continua-t-elle, Kol laisse trop de cadavres derrière lui.

Sentant l'anxiété monter chez sa bien-aimée, Niklaus l'entoura doucement de ses bras et déposa l'une de ses mains sur le crâne d'Eydunn, la serrant contre lui. Il ne le montra pas, mais la colère commençait à vibrer en lui. Il avait peur. Leur présence ici devait rester secrète, celle de sa douce encore plus. Malgré la bataille d'émotions faisant rage en lui, un seul sentiment pris le dessus. La détermination.

- Je vais régler cela. Personne ne vous trouvera, lui assura-t-il d'une voix ferme.

La jeune femme n'en douta pas un seul instant et fût profondément soulagée, elle savait que Niklaus arrangerait tout.

Madness | Klaus MikaelsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant