1822 Retour

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[ Suite du Flashback 1822, quelques mois plus tard ]

Tout était en place, la grande salle à manger avait été débarrassée de ses meubles pour laisser place à une piste de danse, encadrée de chandeliers déjà allumés bien que la nuit ne fut pas encore tombée. Les invités discutaient poliment, une coupe de Champagne en main. Des couples d'un certain âge allèrent féliciter le propriétaire des lieux. Évidemment, bien qu'il ait tout le mérite, c'était moi qui était derrière toute cette organisation. J'avais moi-même, déposé au creux de son oreille cette idée. Celle qu'une fête en l'honneur du retour des Mikaelson serait très appréciée et donnerait du baume au cœur aux habitants de la ville. Le Duc n'avait pu qu'approuver et était, officiellement, l'hôte de la soirée. Toutes les plus grandes familles étaient venues, voyant là une occasion de renouer des liens, certains peut-être en profiteraient pour trouver un parti à leur fille, ou faire de nouvelles affaires.

Tandis que tout ce monde mouvait autour de moi, je restais immobile, scrutant toutes sortes de scènes se déroulant à l'étage du dessous. Les mains serrant de plus en plus la balustrade de fer forgé face à moi, dans l'attente insoutenable des seuls invités pour lesquels je portais un tant soit peu d'attention.
L'escalier à ma droite avait été descendu pour la dernière fois une trentaine de minutes auparavant. Le premier étage était désormais vide, toute l'action se déroulait plus bas, au rez-de-chaussée, alors, je me décidai à rejoindre la fête. Peut-être le temps passerait-il plus vite ainsi.

Je pris d'une main le bas de ma robe et la soulevai jusqu'à mes chevilles afin de descendre les marches sans m'y prendre les pieds. Une fois au milieu de tout ce brouhaha, quelques regards se dirigèrent vers moi, je leur souris poliment et traçai ma route jusqu'au salon.

Là-bas, l'ambiance fut plus chaleureuse, les femmes discutaient dans un coin, les hommes dans un autre, et les domestiques passaient parmi eux, distribuant entremets et boissons aux invités. Je croisais, à ma plus grande surprise, la femme du Duc. Je la saluai et prenais de ses nouvelles. Elle n'était que très peu sortie de ses appartements depuis le décès de son fils aîné. Un sentiment de culpabilité me saisi aussitôt lorsque je croisai ses petits yeux verts fatigués. Elle sembla se ravir à ma vue.

- Eydunn, que vous êtes ravissante, me dit-elle en attrapant mes poignets et les plaçant dans ses petites mains à la peau abîmée et plissée par l'âge.

- Merci Madame la Duchesse. Cela me fait plaisir de vous voir ce soir.

- Moi aussi, ma chère. J'espère que les derniers événements ne vous ont pas trop remuée, je suis navrée de ne pas avoir été présente.

- Ne vous en faites pas pour moi, Madame, répondis-je. Je ne peux vous en vouloir de prendre le temps qu'il vous faut.

Je ne savais que faire pour aider cette pauvre dame alors même que j'étais responsable de sa peine. Si le fils du Duc n'avait jamais cherché à me piéger, Niklaus ne l'aurait pas tué et cette femme serait heureuse, entourée de sa famille au complet. Elle me servit un regard tendre.

- Profitez bien de la soirée, Eydunn. Me dit-elle avant de lâcher mes mains et de s'éloigner.

Cette rencontre me laissa un goût amer en bouche, la culpabilité me tiraillait l'œsophage. Un domestique passa près de moi avec un plateau et me proposa différentes boissons alcoolisées. J'en saisi une, et le remerciai. Il fit de grands yeux lorsque je l'avalai d'un grand coup avant de reposer le verre vide sur son plateau.

Je fus accostée par quelques invités me connaissant, cela faisait tout de même plus d'un an déjà que je vivais sous le toit du Duc. Monsieur Cartright, qui était apothicaire, un monsieur aux cheveux grisonnant parlant toujours très fort et au caractère extraverti, avait fait mon éloge auprès de ses amis, et m'avait félicité du soutien que j'avais pu apporter à la famille du Duc lors de la perte de leur fils. Décidemment, les conversations ne tournaient qu'autour de cela.

Madness | Klaus MikaelsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant