1934

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Mai 1934

Un flot continu de sang glissait le long de la gorge de la jeune femme, revigorant chaque cellule de son organisme, enivrant son esprit tordu de nouvelles pulsions meurtrières.
Lorsque ses crocs lâchèrent la nuque de sa victime et qu'elle leva enfin le visage, elle aperçut son acolyte à quelques pas de là, une blonde aux cheveux courts à sa gauche, une brune aux cheveux longs à sa droite. Toutes deux étaient euphoriques et son ami prenait un malin plaisir à boire leur sang tour à tour. Kol avait toujours eu un certain côté théâtral. Elle lâcha un nouveau cadavre vidé de son sang et essaya de rejoindre le brun, or, le nombre de corps sans vie jonchant le sol ne lui permettait pas de se créer un chemin jusqu'à lui sans tomber.

- Kol ? As-tu bientôt terminé ?

Elle attendit sa réponse, les paumes de mains sur les hanches mais il ne pris pas la peine de la lui donner avant de longues secondes, lorsque ses deux femmes de compagnies furent totalement inertes.

- Ne sois pas si pressée, Eiden.

- Aucun ne m'a donné du fil à retordre, je m'ennuie.

Il se mit à rire, puis se leva, poussant les corps des demoiselles qui l'entouraient. Il prit un instant pour admirer la pièce. Le cabaret était bien calme. Le velours des fauteuils étaient tachés, la vaisselle brisée et les tables pour la plupart renversées. Ça avait été la panique il fallait dire.
Kol arriva à sa hauteur et posa une main sur son épaule.

- Allons y chérie, le soleil se lèvera bientôt, je suppose qu'ils ne tarderont pas à découvrir tout ce bazar.

***

- KOL !! Je n'ai pas de serviette de toilette, qu'as-tu fais encore??

Le brun arriva dans la salle de bain en rigolant, il passa sa main derrière le rideau de douche et tendit une serviette à son amie. Elle la saisi et s'y enroulait avant de sortir.

- Tout ce sang est une calamité à nettoyer. Lâcha-t-elle alors que son acolyte s'asseyait sur le bord de la baignoire.

- Fais comme moi, hypnotise quelqu'un pour qu'il lave tes vêtements. Dit-il avec un haussement d'épaules.

- C'est déjà ce que je fais, figure toi. C'est tout ce sang collé dans mes cheveux qui me rend folle ! Le brun ne la prenait décidemment pas au sérieux et se mit à rire.

- Ahh.. ce que j'adore vivre avec vous les femmes, vous êtes toujours étonnantes.

Ce commentaire fit rire son amie, il était vrai que Kol aimait la compagnie des femmes. Il n'aimait pas particulièrement jouer au plus fort avec les autres hommes. Il savait pertinemment qu'il l'était, il ne ressentait aucun besoin de le prouver. C'était sûrement cette préférence en terme d'entourage qui le rendait si charmant. Il connaissait ses charmes et savait parfaitement les manier pour conquérir un ou deux cœurs.

Le grand brun ne pu s'empêcher de fouiner, il fit le tour de la salle de bain alors qu'Eiden démêlait ses cheveux, Kol leva tout à coup d'une main les sous-vêtements de la brune.

- Hum.. Je comprends pourquoi deux de mes frères se sont entichés de toi. Dit-il un air amusé sur le visage, brandissant fièrement le vêtement en dentelle noire.

Elle lui arracha son string des mains et le chassa de la pièce en lui assénant de petites frappes. Vivre avec Kol n'était jamais ennuyeux.

***

- Si il se pointait là maintenant, je suis sûr que tu ne pourrais pas résister ! Dit Kol en reposant son verre de Scotch sur la table.

- Kol ! Rouspéta Eiden avant de rire en chœur avec lui. Je ne vois Niklaus que demain, il ne se passera rien de spécial. Ce n'est qu'une rencontre amicale, nous discuterons.

- Ça, j'en doute ! Explosa le brun de rire après avoir haussé fortement les sourcils.

Elle frappa son front. Il était idiot. Rien que l'idée de revoir Niklaus la ravissait. Cette époque lui siérait parfaitement. Les costumes étaient grandioses, cela lui plaisait grandement de l'admirer dans l'un d'eux une fois.

- Pour quelle raison penses-tu qu'il veuille te voir ? Et pourquoi maintenant ? Cela fait tout de même 3 années. Demanda Kol, un air plus sérieux prenant tout à coup place sur son visage.

- Je n'en sais absolument rien. Ce pourrait être tout et n'importe quoi, répondit sa jeune amie avec un haussement d'épaules, ne se souciant guère réellement de la raison de la venue de Klaus. Évidemment, elle espérait que ce ne soit que pour la voir, et renouer les liens, mais elle savait que se créer de tels espoirs était ridicule. Elle essayait simplement de ne pas y penser.

Alors que les deux amis discutaient autour d'un verre quelque part aux alentours d'Atlanta, tout autre chose se déroulait à une soixantaine de kilomètres de là.

Les rails brûlaient encore de la chaleur de la journée, pour autant, aucun incident technique n'était parvenu et le train en direction d'Atlanta continuait son chemin sans encombres. À l'intérieur, un passager ne tenait pas en place.

Dans sa couchette de première classe, Klaus tournait en rond. Des dizaines de pensées se bousculaient dans son esprit et bien qu'il cherchait, depuis une trentaine de minutes déjà, quoi dire à son arrivée, il n'avait rien trouvé de satisfaisant. Il avait appelé plusieurs fois le garçon de service pour qu'il lui serve plusieurs verres d'un whisky pure Malte qu'il avait avalé comme s'il s'agissait d'eau, mais ça n'avait pas aidé à calmer ses doutes. Il ne se souvint pas, à cet instant, avoir été si peu sûr de lui depuis des siècles. Il ne remettait que peu de choses en questions habituellement mais, ce soir, il avait décidé de le faire.

Bien qu'il eut été très occupé ces dernières années, des pensées n'avaient cessé de parasiter son esprit, l'empêchant parfois même de dormir. Il avait des regrets. Mais surtout, elle lui manquait. Le blond avait pris l'habitude d'être sobre dans l'expression de son attachement, mais il était las de ces façades inutiles. S'il était désormais dans ce train, ce n'était que dans le but de revoir Eiden et se faire pardonner. Il avait décidé d'employer les grands moyens, et s'il fallait la séduire à nouveau il le ferait sans hésitation. Il se plierai à absolument tous ses caprices.

Il avait à tout prix besoin de la revoir. Après tous ces siècles, il avait compris. Il ne pouvait se résoudre à l'oublier et passer à autre chose, aucune autre personne ne l'avait fait vibrer ainsi. Il aimait penser qu'elle était son Véritable Amour, bien-sûr, il ne fera jamais plus que le penser.

Niklaus frotta son front de sa main, la laissant finir sa course dans ses cheveux bouclés en désordre. Il espérait qu'une fois de plus, Eiden lui pardonnerait et que, peut-être cette fois, ils pourraient réellement construire quelque chose ensemble.

Pour se rassurer, le jeune homme se mit à relire la dernière lettre de son frère Kol.

" Elle est incapable de t'oublier, mon frère. Si tu venais la chercher, je suis persuadé qu'elle te suivrait malgré tout. "

Ce n'était évidemment qu'un extrait choisi très méticuleusement parmi les autres mots sur ce papier. Les lignes suivantes n'étaient que menaces ou reproches. Kol n'aimait pas particulièrement l'attitude de son frère et avait toujours pris le parti d'Eiden. Il désapprouvait leur relation depuis toujours mais il savait qu'il ne pouvait rien à cela.

Niklaus se contenta de lire encore et encore ces deux phrases et décida de se concentrer là-dessus afin de trouver le sommeil.

Madness | Klaus MikaelsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant