Chapitre 7

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POV Elijah

Les jours passent et se ressemblent malheureusement. Au moins deux fois par jour, notre mère entre dans cette pièce, nous immobilise tous contre ce mur avant d'amener Niklaus sur l'unique chaise de la salle et de le torturer. Elle nous ignore, n'écoute pas nos propositions. Elle veut une unique chose, une information que seul mon petit frère semble détenir : l'emplacement d'une arme capable de tous nous tuer. Il reste un pieu en chêne blanc et Niklaus a dû le déplacer et le faire protéger par une sorcière juste avant de se faire kidnapper.

Notre mère essaye donc par tous les moyens d'obtenir cette information. Il y a des jours où elle tente de pénétrer son esprit, d'autres fois elle utilise la force et la torture et à des moments elle reprend le rôle de mère, lui demandant gentiment et lui promettant un tas de choses. Niklaus semble être totalement perdu et je sens que cette dernière approche est la plus efficace. Elle a bien failli marcher hier et c'est mon cri qui a arrêté mon frère.

Actuellement nous sommes encore contre le mur du fond, comme à chaque fois Niklaus se trouve dans mes bras, profondément endormi. Certaines de ses blessures continuent de saigner. Nous supposons que notre mère a enchanté certains des outils de torture afin que les plaies infligées ne puissent pas cicatriser, comme celle de son torse. Le sang qu'on lui donne chaque jour ne semble pas avoir d'effets sur sa guérison, par contre cela lui permet de rester plus conscient de son environnement. Malheureusement, en procédant ainsi nous aidons notre mère. En effet, au moment où nous sommes arrivés, il était trop faible, trop loin dans son délire et le loup était en contrôle. Elle pouvait lui poser autant de questions qu'elle voulait, il ne comprenait même pas les mots. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Et j'ai peur qu'elle arrive à le briser bientôt. Soit elle arrivera à le persuader que c'est la bonne chose à faire pour notre famille, soit il ne supportera plus cette torture incessante. Notre mère en est consciente et c'est la raison pour laquelle nous sommes ici. Elle savait que nous serions la clé lui permettant de retrouver un minimum ses esprits. Juste assez pour obtenir l'information mais pas trop pour qu'il ne résiste pas longtemps. Elle n'aurait jamais pris le risque de nous amener ici autrement.

Nous ne savons pas depuis combien de temps notre mère garde Niklaus prisonnier mais au vu de son état, je dirais plusieurs années. Et je m'en veux. Je m'en veux d'avoir abandonné mon petit frère en premier lieu. Je m'en veux de ne pas l'avoir cherché plutôt. je m'en veux d'avoir laissé mes frères et soeurs me persuader que Niklaus ne méritait pas notre pardon. Je m'en veux d'avoir pensé qu'il boudait dans son coin. Je m'en veux simplement de ne pas avoir pu le protéger contre tout cette torture. Et je m'en veux d'être impuissant actuellement. Les seules choses que nous pouvons faire sont de le délivrer à chaque fois que notre mère quitte cette pièce; d'essayer d'arrêter le saignement de ses éventuelles plaies; de tenter de panser ses blessures émotionnelles; de le nourrir de notre sang; de le laisser s'endormir contre nous et de le consoler pendant son sommeil entrecoupé de cauchemars.

A chaque fois que notre mère quitte cette salle, je la hais encore plus qu'avant. Mais je n'arrive toujours pas à croire qu'elle veuille nous tuer, nous ses enfants. C'est elle qui a décidé de faire de nous ce que nous sommes : des monstres. Mais elle se pense mieux que nous alors que c'est elle qui torture la chair de sa chair sans relâche depuis je ne sais combien de temps, elle qui conspire pour tuer ceux qu'elle a engendrés et qui veut détruire une espèce tout entière.

Un gémissement me sort de mes pensées et nous devenons tous aussitôt en alerte alors que Niklaus s'agite faiblement dans mes bras. Il est couvert de sueur à cause de la fièvre qui irradie son corps. Je dépose un baiser sur son front et il semble se calmer pour le moment. Après son échec d'hier, notre mère lui a injecté un mélange de verveine et de tue-loup : un combo choc pour un hybride. Depuis lors son sommeil est encore plus agité que d'habitude alors qu'il hallucine. Nous avons réussi à lui donner un peu de sang cette nuit mais il l'a vomi pratiquement tout de suite. Nous ne pouvons pas nous permettre de trop lui en donner s'il ne l'ingère pas. Notre mère ne nous nourrit pas, bien entendu. Nous échangeons un peu de sang mais il ne se régénère pas aussi bien que si nous buvions celui d'un humain.

Mon petit frère commence à s'agiter à nouveau et cette fois-ci il murmure tout en tournant la tête. Malgré mon ouïe super développée, je ne comprends pas tous ses mots mais j'en devine certains : "Non", "me laissez pas...", "désolé...". Je sens sa détresse augmenter alors qu'il revit certainement la soirée où nous avons décidé de le laisser à Mystic Falls. Je ne suis pas le seul a l'avoir entendu, mes frères et soeurs s'approchent de nous. Je serre un peu plus fort Niklaus dans mes bras alors que Rebekah pose une main sur la joue visible de l'hybride. Mes autres frères posent chacun une paume sur son dos et sa nuque. Il se relaxe légèrement et je me détends à mon tour. Je ferme les paupières quelques secondes avant d'entendre la voix de la plus jeune d'entre nous :

"Bonjour Nik."

Les yeux de Niklaus sont ouverts mais ils sont vitreux. Je ne sais même pas s'il est conscient de notre présence. J'ai ma réponse lorsqu'il dit faiblement :

"'Bekah..."

Nous sommes tous un peu soulagés de voir qu'il est assez conscient pour nous reconnaître. Les effets du tue-loup et de la verveine commencent à s'estomper. Mais ce n'est pas réellement une bonne nouvelle car notre mère le sait sûrement aussi. Et je n'ai aucun doute sur le fait qu'elle franchisse la porte dans peu de temps pour obtenir l'information qu'elle recherche. J'essaye de ne pas y penser alors que je demande à Niklaus :

"Comment te sens-tu mon frère ?"

Je l'entends murmurer un faible "fatigué" avant de se blottir un peu plus contre moi. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il soit épuisé. Il n'y a pas moyen qu'il soit en forme après toute cette torture. Et je me demande bien comment il peut être aussi bien mentalement après tout ce qu'il a vécu. Je n'ai aucun doute que le loup l'a protégé en quelques sortes, prenant le relai lorsqu'il était proche de se briser. Je pense à Mikael et au fait qu'il ne cessait de répéter que Niklaus était faible. Il n'a jamais compris que c'était le plus fort d'entre nous et pas uniquement physiquement.

Un bruit soudain de l'autre côté de la porte attire mon attention, ainsi que celles des autres. Inconsciemment je resserre mon emprise autour de Niklaus, même si je sais que je ne pourrai rien faire une fois que notre mère franchira cette porte.  

AbandonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant