7. CHAOS

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Jonathan

les violences avaient bel et bien  commencé. RASHAD se démerdait tant bien que mal à nous sortir de ce pétrin, en faisant tourner de toute sa volonté le volant tout en jouant des pédales. La voiture était vraiment mal en point , le bruit du pneu qui frottait le sol se faisait de moins en moins entendre, on perdait en vitesse, et si on tombait à la vitesse 0, il n'y aurait plus eu moyen de relancer, soudain Yann m'appela.

-nous sommes déjà la Frere, garés comme RASHAD a demandé.

-okay okay, mais je crois qu'on ne pourra pas rentrer jusque là frère, on perd de la vitesse et ces types ne font que frapper sur la voiture.

<<Avancez vers nous !!, Venez nous chercher ici>> s'écria Arthur de tout son désespoir, les yeux rouge-sang.

<<Non, dis leur de rester sur place. On a pas à les faire entrer dans le même bordel >> prit RASHAD.

<<Ce bordel, c'est toi qui nous y a entraîné !!>> Rétorqua mon frère.

La situation devenait tendue, les nerfs montaient et Arthur ne le supportait pas, il était du genre à toujours rester droit, et instinctivement, à toujours se chercher un coupable. Mais ce n'était ni le lieu ni le moment de faire naître une quelconque division. Moi aussi j'étais à bout , je ne savais pas comment réagir, face à une foule en furie, un chauffeur rempli d'angoisse qui lutte au volant et un frère qui perdait la tête. Je restais bouche-bée pendant quelques secondes quand je tournai ma tête vers la gauche et je vis Sophie en sanglots, les mains toujours aux oreilles, secouant la tête en 'avant et en arriere, se murmurant à elle même comme pour se rassurer que tout allait bien se passer. Il fallait garder la tête froide.

Alors je fis ce que me dit RASHAD, je remis mon téléphone à l'oreille et je dis à yann de ne pas bouger, la voiture s'arrêterait sûrement en chemin mais on devrait pouvoir sortir et faire le reste du parcours en courant jusqu'à eux. Il me fit mine de "message reçu" et on se quitta.
L'instant d'après j'entendis:

-allo... Papa... On t'attend depuis un moment déjà... C'est déjà terrible ici, les émeutes on commencé ... Ils essaient d'ouvrir la voiture... Fais vite stp.

C'était mon frère qui laissait un message à notre père, toujours pas joignable depuis le premier appel. Je tournai la tête vers la fenêtre à ma droite et j'apercus , avec un indescriptible soulagement, un groupe de policiers anti-émeute qui rejoignait la scène et luttait avec les groupes de manifestants qui avaient eu le temps de faire des barrages avec des bouts d'echaffaudage ramassés ça et là, des plaques et grosses cantines métalliques qu'ils avaient placés sur le flanc, ainsi que de quelques morceaux de bois, auxquelles ils avaient mis le feu.

J'étais soulagé l'instant d'une seconde puis je réalisai que les policiers étaient encore bien loin de nous, et que ça leur prendrait du temps d'avancer jusqu'à notre voiture.
Vous ne vous dites quand même pas que c'était uniquement une grève salariale qui avait tourné à cette allure, bah oui c'est possible, surtout si votre entreprise emploit les 2/5 de la population active du pays, et si elle est un  pilier non négligeable de l'économie nationale. Mais quoi qu'il en soit, les manifestants n'étaient pas que ceux de la NFA. Cette grève avait par je ne sais quel moyen donné naissance à d'autres manifestations en elle même.

Chaque individu assez idéaliste pouvait profiter du chaos pour monter son mouvement et aspirer à devenir le prochain Che Guevara. C'est comme ca qu'on lisait aussi désormais de parts et d'autres .: "Non à la vie chère" , ou bien "à bas les injustices judiciaires"

Chacun avait trouvé le moyen de faire ressortir ses problèmes refoulés et de les exposer au grand jour

...bref...

La voiture allait s'arrêter , on sentait clairement la vitesse diminuer, alors RASHAD nous dit:
-bon, je vais faire le maximum pour qu'on atteigne au moins la chaussée. dès qu'on s'arrête vous sortirez tous par les portières de droite, et commencerez à courir vers le carrefour,...
Il prit une pause.
Et d'un ton différent, je dirais ironique , accompagné d'un léger sourire, il reprit.:

Arthur c'est le moment de mettre en œuvre tes fameuses compétences sportives.

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