20. RECOMMENCER

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<<Je suis partant>>, avait répondu A4 sans trop se faire prier.

Le peu de temps que j'avais passé chez A4 après ma fugue m'avait fait découvrir sa face cachée, il avait un instinct de survie très élevé. Ayant dû apprendre à vivre seul dès l'âge de 14 ans, il n'hesitait pas a prendre des décisions qui garantiraient selon lui sa survie a KANA, et ce même si ce n'était que pour quelques minutes de plus, il savait s'adapter,... c'était un survivant, un vrai.

Mais nous l'étions moins.

- bien,... Très bien. Et les autres ?! Disait Oscar.

Personne ne parlait, ni William ni Yann ni moi n'avait le courage de suivre A4 dans sa lancée , pourtant il fallait le faire, nous le savions, mais les mots a prononcer étaient bien trop lourds dans notre gorge. Alors Ozy reprit.

-vous n'avez peut être pas bien saisi ce que j'ai dit tout a l'heure, mais je vais reprendre, histoire qu'on soit tous d'accord. Une seule personne ne me servirait à rien, alors soit vous marchez vous tous, soit vous mourrez vous tous, c'est un choix simple non!?

Je regardai l'arme posée en face de moi sur la table, je voulais juste la prendre, me coller une balle dans la tête et juste en finir avec cette torture psychologique, mais si seulement... si seulement j'en avais le courage, mais même détaché, je savais que j'en aurais été incapable. Je fus a nouveau tiré de mes idées par une voix, cette fois celle de William, puis suivie de Yann:

- <<je marche...
- moi...moi aussi>> avait terminé Yann en bagayant

Sachant que mes amis avaient déjà accepté l'offre et que mon refus ne pouvait que nous conduire a une mort collective, de plus la pire que j'aurais imaginé, je ne fis que les suivre:

- <<moi aussi>>

- oh la la la, vous êtes supers. Ca-rré-ment, prit Oscar. Vous voyez quand vous voulez....
Ne vous inquietez pas, avec ce travail vous n'auriez plus besoin de faire des petits jobs pour compléter votre ration alimentaire ahah.

Puis en me regardant,
-rassure toi Jo' dans ce business, je ne blague pas avec la paie de mes employés.
Quoique je dois vous mettre en garde: si vous en parlez a qui que ce soit, sachez que je serais au courant. Vous n'avez pas idée du nombre de traîtres que j'ai du me taper tout le long de l'expansion de mon entreprise, et si je suis encore là, sachez que c'est parce que je sais savoir quand et qui me trahit. Si l'un d'entre vous s'amuse a contacter la police, soyez en sûr, notre contrat sera rompu et vous savez ce qui suivra... Et de ça, même la police ne pourra pas vous protéger.
Mettez vous déjà ça en tête , le réseau ne se limite pas a moi, alors réfléchissez bien avant de vouloir jouer aux héros.

Il prit un instant pour prendre son souffle. Ensuite il prit son arme sur la table et la rangea a l'arrière de son pantalon avant de reprendre d'une expression de visage plus détendue,

-jo' tu continueras de travailler ici normalement, quant aux autres, vous êtes embauchés. BIENVENUE à AUTOCARE, le numéro 1 de l'import - Export en pièces automobiles,  dit-il les bras ouverts et le sourire jusqu'aux oreilles.
Vicky tu diras à la directrice des ressources humaines de m'engager ces trois là dès lundi, on aura plein de travail.
Maintenant excusez moi, j'ai une réunion d'assemblée générale demain avec mes actionnaires, et je dois me lever de bonne heure.

Puis s'adressant aux gardes qui se tenaient derrière lui :
- veuillez les raccompagner jusqu'à la sortie Messieurs, je crois que notre entretien est terminé.

Vicky, de son côté avanca aussi, tête baissée, tremblante. Pour quelqu'une impliquée dans ce genre de choses, on aurait dit qu'elle n'avait pas l'habitude. Je ne savais vraiment pas quoi penser d'elle, c'était peut-être dur a avouer, mais son idée nous avait sauvé la vie.
...

Pendant que les deux gardes se rapprochaient de nous, je remarquai une arme sur chacun d'eux, un détail que j'avais dû louper par le peu de luminosité que nous offrait cette vieille ampoule,... C'était du sérieux, et on ne devait pas faire les malins a ce moment là.
Et lorsque l'un d'eux s'approcha de moi pour me défaire les nœuds de mains et de pieds de la chaise, je regardais Oscar s'en aller, l'air zen, comme si rien ne venait de se produire, il marchait calmement,... c'était un drôle de personnage, on aurait dit qu'il avait deux personnalités, propres aux deux mondes dans lesquels il vivait.
Lorsqu'il avait commencé a parler d'embauche, quelqu'un qui était entré a ce moment là n'aurait pas pu se douter que deux minutes plutôt, il menaçait de nous tuer.

Il savait faire la part des choses, et aussi drôle que cela puisse paraître, j'admirais ça chez lui.

Mais ma fascination fut de courte durée, ma vue fut tout a coup obscurcie par un sac que l'on venait de mettre sur ma tête, et je sentais que l'on me trimbalait, de gauche a droite, sur plusieurs metres, nous entrâmes dans un véhicule, roulâmes pendant quelques minutes,  jusqu'à ce que le moteur se coupa, l'un des gardes me prit encore par le bras, me fit descendre et m'ôta le sac de la tête, avant de repartir dans le véhicule.

Je tournai la tête et je vis les autres, William, A4, et Yann a côté de moi. Et lorsque je remis mes yeux sur leur angle de vue initial je fus légèrement aveuglé par la lumière d'un lampadaire.
Je forçais peu a peu jusqu'à ce que ma vue s'eclaircisse puis je réussi a lire juste en dessous du lampadaire, sur une petite cabine  de Gardinage, l'écriteau <<AUTOCARE>> , nous avions été ramenés près de l'entrée de l'entreprise.

- <<courons, on ne sait pas quelles sont les consignes qu'ils ont reçu, ils pourraient bien revenir nous exécuter ici>> lança A4.

- c'est vrai, dis-je.

Alors nous nous sommes mis a courir, sur le chemin du retour, sans même une fois regarder en arrière. Et pendant que nous courions, je réalisai que c'était un nouveau chapitre de ma vie que j'ouvrais, je voyais déjà ma vie défiler, je me voyais truand, dealer, puis tueur, je me voyais me faire arrêter par la police, pire, criblé de balles par un règlement de compte entre gang, je voyais ce que j'aurais pu devenir si j'avais suivi les consignes de ma mère, ce que j'aurais pu devenir si mon père était encore a nos côtés.

Mais tout cela n'était qu'illusion. La vérité était bien là, devant moi , plaquée sur mon visage, et gravée par les marques de cordes que j'avais encore sur le poignet.

J'avais définitivement perdu mon ancienne vie, et c'était d'une nouvelle apparence que ma vie recommençait.

VIVRE MOURIR RECOMMENCER.
A suivre...

VIVRE MOURIR RECOMMENCER : #Wattys2018Où les histoires vivent. Découvrez maintenant