Kiki, do you love me ? - DRAKE

Chapter I

Cela faisait maintenant trente bonnes minutes que j'attendais Jayla en bas de chez elle. Je me mis à l'appeler une énième fois. Cette fois-ci, elle daigne enfin répondre.

— Putain Kiki, je t'ai dis que j'allais descendre! crie-t-elle dans mon oreille.

— Ouais mais tu m'as dit ça y'a dix minutes! Allez, bouge-toi le cul on va être en retard! répondis-je, énervée.

— Ouais, ouais... J'arrive.

Je raccroche. Déjà qu'elle me force à l'accompagner, elle va pas non plus se faire désirer! Je navigue pendant ce temps sur mon téléphone entre Twitter et Instagram. Quelques minutes plus tard, Jayla pointe enfin le bout de son nez.

— Désolée Kiki! dit-elle en joignant ses deux mains de façon à se faire pardonner.

— Allez, grimpe vite, répondis-je en lui assignant un sourire, n'étant pas capable de lui bouder plus longtemps.

Jayla monte côté passager. Je m'empresse de démarrer la voiture bien qu'elle n'ait pas encore eut le temps d'attacher sa ceinture, retard oblige. Comme vous l'aurez compris, on se rend quelque part. Un endroit assez particulier pour Jayla et pour des centaines de milliers de personnes, mais pas vraiment pour moi.

Une demie-heure après notre départ, nous arrivons enfin au Scotiabank Arena dans le centre même de Toronto, ma ville natale. J'y vis depuis le 20 juillet 1993, le jour où je suis née.

Mes yeux sont actuellement rivés vers la grande affiche où est inscrit en grandes lettres « The boy meets world tour » en dessous de la tête du légendaire Drake. Et oui, nous allons assister au concert de Drake. Jamais je n'aurais cru prononcer ces mots.

— J'y crois pas Kiki! s'exclame ma meilleure amie pendant que nous faisons la queue.

— Quoi encore? T'es une vrai fanatique bordel.

— Tu vas me dire que ça va rien te faire d'être à quelques mètres de lui? me questionne-t-elle, les sourcils haussés.

— Ça va rien me faire du tout, répondis-je sans scrupules.

Elle savait à quoi s'attendre en m'emmenant ici. Je ne serais jamais la groupie de quiconque. J'aime bien quelques unes de ses musiques mais je ne me considère pas comme fan. Je déteste l'idée d'idolâtrer quelqu'un et encore plus de payer pour assister à son concert mais ce soir je fais une exception à la règle pour Jayla.

Nous avançons rapidement dans la queue à ma grande surprise. C'est vrai que les gens sont impatients d'assister au concert.

— Bonsoir, tickets s'il vous plaît.

— Bonsoir.

Je tends mon ticket à une femme au comptoir et à son tour, elle me tend un ticket plastifié attaché à un fil où est marqué mon prénom et mon nom ainsi que « V.I.P. PASS ». Je l'enfile directement autour de mon cou. Jayla fait de même et s'avance à l'intérieur de la salle de concert. Je la suis en lui tenant le bras pour ne pas me perdre étant donné le monde présent.

Nous nous installons donc à nos places. J'avoue que nous sommes très bien placées tout devant. Debout mais tout devant.

Après plusieurs minutes d'attente, le rappeur arrive enfin sur scène. Des cris fusent de partout, Jayla est littéralement en transe.

— Bonsoir Torontoooo! s'exclame Drake, son micro à la main et son fameux sourire Colgate aux lèvres.

Les cris deviennent de plus en plus forts. Drake se contente toujours de sourire à son public.

Il commence par chanter quelques musiques de son album « Views », l'album pour lequel il fait la tournée comme Jayla n'a cessé de me répéter. Sans surprise, la première musique est « Hotline Bling », celle que j'ai entendu le plus ces derniers mois. Il enchaîne ensuite avec « One Dance » pendant que je me retrouve à jouer à surfer sur Twitter sur mon téléphone.

— That's why I need a one dance, got the Hennessy in my hand! One more time 'fore I go, higher powers tak-

Quand soudain, il s'arrête subitement en pleine performance. Je ne daigne pas lever les yeux, toujours concentrée sur mon téléphone. Faut dire que je me marre bien sur Twitter.

— Eh toi! crie-t-il.

Jayla me tapote l'épaule mais je la repousse, j'ai pas l'intention de perdre le fil du thread que je lis.

— Kiki bordel! s'exclame Jayla en me levant le menton.

Je réalise que tout le monde me fixe. Même Drake.