Chapitre 5, partie 2

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Deux heures plus tard, lorsque sonne midi, Sébastien, Sarah et moi rejoignons Morgane, Léa, Florian, Farid et Kylian qui patientent déjà dans la file d'attente devant le réfectoire. Nous nous faufilons jusqu'à eux sans que personne se plaigne.

Après avoir mangé, notre groupe s'installe sur un banc à l'extérieur du lycée, dans le parc situé près du gymnase, ceinturé d'une piste de course en gravillons, reconnaissable aux bornes qui la jalonnent.

— Vincent, je peux te parler ? me demande alors Léa, qui ne m'a pas décroché un mot de tout le repas.

— Ouais, bien sûr.

Je la suis tandis qu'elle s'éloigne un peu des autres, s'assurant de se tenir assez à l'écart pour que personne ne nous entende. Florian m'observe avec un air compatissant, il se doute que je vais avoir droit à une scène.

— Il se passe quelque chose entre Morgane et toi ?

Son expression ne cache rien de son inquiétude et à cet instant, j'ai de la peine pour elle. Je cherche mes mots afin de lui donner la meilleure réponse.

— Ça fait trois jours qu'on a repris les cours et je stresse depuis la première heure parce que j'ai peur de te voir avec une autre fille ! Tu ne m'as pas laissé la moindre chance ; ça me rend folle que tu te butes comme ça, Vincent ! Ne m'interromps pas, s'il te plaît, m'ordonne-t-elle en comprenant que je m'apprête à parler. De toute ma vie, c'est la première fois que je ressens un truc aussi fort ! D'habitude, ce sont les garçons qui me courent après... Mais toi, tu t'en fous, tu m'ignores ! Nous ne sommes pas demi-frère et demi-sœur, nous vivons juste sous le même toit ! Pourquoi tu refuses obstinément ne serait-ce que d'y penser, ou au moins d'apprendre à me connaître ?

Sa tirade m'a un peu déstabilisé. J'avoue qu'après ça, l'idée de l'envoyer promener me paraît cruelle. Si seulement elle pouvait s'intéresser à un autre mec...

— Écoute, Léa, je ne cherche pas à te faire de la peine... C'est juste que j'ai toujours des sentiments pour mon ex, et je trouve que ce serait déloyal de te laisser croire que tu as une chance, alors que tu n'en as aucune. J'ai besoin de temps pour tourner la page. Ces derniers mois ont été assez compliqués, et j'aimerais seulement avoir un peu la paix.

Elle baisse les yeux vers ses pieds, repoussant des petits graviers du bout de sa basket. Une mèche blonde retombe sur son front. J'observe son visage et suis tout de même soulagé de constater qu'elle ne pleure pas.

— Je comprends. Désolée de t'avoir brusqué, je n'ai pas pensé à ce que tu pouvais ressentir... C'est vrai, tu as un mental très fort, tu ne montres rien depuis que tu es ici. Il y a bien eu quelques fois où j'ai vu que tu étais énervé, mais tu maîtrises tellement tes émotions que je n'ai encore jamais aperçu la moindre tristesse dans ton regard.

— Ce n'est pas grave, t'inquiète. Allez, viens, on va rejoindre les autres.

Elle acquiesce et quand, une poignée de secondes plus tard, je me poste aux côtés de Florian, celui-ci me murmure à l'oreille :

— Bien joué, Mec. Je n'ai aucune idée de ce que tu lui as dit, mais visiblement, elle a tout gobé.

Esquissant un sourire pour la forme, je ne démens pas ses affirmations, bien qu'elles soient fausses. Je n'ai pas joué, au contraire, j'ai été on ne peut plus sincère avec elle et je refuse de lui faire du mal. Il faudrait qu'elle s'intéresse à quelqu'un d'autre et qu'elle m'oublie.

— Tu ne m'as pas dit que tu la trouvais sexy ? je l'interroge à voix basse.

Florian la détaille avant de hausser les épaules.

— Ben, elle a quelques arguments quand même. Pourquoi tu ne te laisses pas tenter, toi ?

— Ce serait vraiment bizarre de me taper ma future demi-sœur. Et puis, les filles possessives me font flipper.

Après une pause, il murmure :

— Ça, c'est clair, elle est super-chiante. Mais j'avoue que ça pourrait m'amuser, j'aime bien les meufs qui ont du caractère.

Sa dernière phrase m'arrache un rire bref.

— Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ? s'enquiert Morgane en s'approchant de nous.

— Ah... si tu savais, ma pauvre Momo ! Si tu savais... lui répond Florian, énigmatique.

Elle lève un sourcil parfaitement épilé dans l'attente d'une explication.

— Les hommes aussi ont leurs petits secrets, intervient Sébastien.

— Tu as des secrets, toi ? Tout le monde sait que tu veux te taper Flo depuis la seconde ! rétorque Morgane.

— Ça, ce n'est justement pas un secret, Chérie.

— Je les fais tous craquer, hommes et femmes, pas de distinction, lâche Florian, l'air faussement désolé.

— Qui pourrait te résister ? appuie Sébastien en lui faisant un clin d'œil.

— Ben ouais, qui ? renchérit mon camarade.

C'est sur cette dernière phrase que s'achève notre pause déjeuner, car déjà, la sonnerie retentit, nous annonçant le début des cours de l'après-midi. Une heure de littérature, puis deux d'histoire, suivies de deux de sport juste avant le week-end.

UNDISCLOSED DESIRES (Romance MM/GAY) ÉDITÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant