Chapitre 10 : Chamboulée

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Assise en tailleur sur mon lit, les mains posées sur les genoux, j'essaye tant bien que mal de me concentrer sur mon pouvoir. Mais j'ai beau répéter ce même rituel tous les jours pendant des heures, rien n'y fait. C'est comme si je n'avais jamais était rien d'autre qu'une humaine sans rien de particulier. Et chaque fois que j'essaye de me concentrer, les images de mon baiser avec le prince me reviennent en mémoire. 

Moi : Putain !!

Bizarrement, aucune des filles qui partage ce "dortoir" ne fait attention à ce que je viens de hurler. En fait, plus personne n'est là. Trop concentrée je n'ai même pas remarquée que tout le monde avait disparu.Je devrais m'estimer heureuse de me retrouver enfin seule depuis bien trop longtemps, pourtant j'ai envie de savoir où elles sont toutes passées. 

Je me lève et me dirige vers les jardins. Personne. Néanmoins, quelque chose a changé. Le ciel est toujours aussi noir, pourtant les usines sont toutes arrêtées. Pour l'empire d'Hélios, c'est une première. Quelque chose se passait. Mais qui veut dire personne, dit aussi que je peux sortir d'ici pour tenter de comprendre le labyrinthe. Au pire, je pourrais toujours dire que je me suis perdue en voulant me promener un peu. Je rentre à l'intérieur et me dirige vers la porte d'entrée. J'ouvre cette dernière et passe la tête à travers mais personne n'est là non plus. Ce doit être mon jour de chance. 

Et voilà, je me suis vraiment perdue. Cela fait maintenant une bonne heure au moins que je suis à la recherche de la sortie. Mais je ne suis même plus capable de retrouver le harem alors... Et bizarrement ce palais est complètement vide. Je n'ai pas croisé un seul garde. Enfin, c'est ce que je pensais.

... : Cette journée est vraiment pourrie, même le fait de ne pas travailler changera ça.

... : Tu t'attendais à quoi un jour de deuil ?

Merde, merde, merde. Je ne suis pas censée être ici. Et mon excuse bidon ne marchera qu'une seule fois. Autant ne pas la liquider tout de suite. Je dois vite trouver un endroit où me cacher. Je les entend se rapprocher de plus en plus de ma position tandis que je longe les murs en essayant de faire le moins de bruit possible. Malheureusement, je suis tellement concentrée sur ces gardes que je me prends une poignée de porte dans les côtes. La douleur me fait lâcher un couinement, et les pas des gardes se stoppent. Pour reprendre dans ma direction quelques secondes après. Je tente alors le tout pour le tout et essaye d'ouvrir cette fameuse porte. Avec chance, celle-ci s'ouvre immédiatement et je m'y engouffre.

La pièce où je me trouve est plongée dans le noir complet. Impossible d'apercevoir quelque chose. Je cherche donc de la main un interrupteur que je trouve rapidement et appuie. La lumière allumée, je comprend que je suis dans une ancienne chambre. Plus personne ne devait être venu ici depuis longtemps. Mais ce qui attire mon attention, est le seul objet encore intact de la pièce. Tout a été détruit, tous les meubles et objets traînent sur le sol en milles morceaux. Pourtant un cadre posé à même le sol est toujours en parfait état. Je m'avance vers ce dernier et le ramasse. A peine l'objet entre mes mains, je reconnait immédiatement les deux personnes présentes sur la photo. Le petit garçon aux cheveux roses ne peut être que le prince Natsu. Il a l'air tellement heureux, dans les bras de son frère. Oui, la deuxième personne n'est autre que le prince Zeleph, celui-là même que j'ai tué lors de la dernière guerre. Il était mon ami, car même si nos positions ne pouvaient le laisser prétendre, lui et moi étions amis. Zeleph comptait beaucoup pour moi, mais la guerre apporte son lot de tragédies. En voyant cette photo des deux frères, je ne peux m'empêcher d'être triste pour Natsu. Je l'ai privé de son frère. Et je ne sais pourquoi, je suis persuadée qu'il est celui qui a détruit la chambre de ce dernier. 

Perdue dans la contemplation de cette photo, perdue dans mes souvenirs avec Zeleph, je ne remarque pas l'arrivée de quelqu'un d'autre dans la pièce.

... : Tu es toujours là où il ne faut pas  !!

Surprise, je sursaute et me retourne vers mon interlocuteur. Natsu est devant moi, portant une tenue officielle et sa couronne. Si ses yeux pouvaient me tuer sur place, je suis sûre qu'il le ferait. Il n'a pas l'air d'apprécier ma présence dans cette chambre, et je peux le comprendre. Il m'observe pendant un moment, puis son regard se pose sur le cadre toujours dans mes mains. J'ai l'impression qu'il s'énerve encore plus et il se rapproche de moi. D'un geste brusque, il me l'arrache avant de lever sa main pour le briser sur le sol. des débris de verre se propagent à nos pieds, mais la fureur du prince n'a pas l'air de se calmer. Je ne comprends pas pourquoi il fait cela. Jusqu'à ce que je me souvienne des paroles du garde de toute à l'heure. C'est un jour de deuil. Depuis que je suis ici, j'ai perdue la notion du temps. Mais nous sommes déjà le 7 juillet. Le jour où je l'ai assassiné. 

Moi : Vous n'auriez pas dû faire ça, il tenait sûrement beaucoup à vous.

Natsu, en colère : En quoi ça te regarde ?! Tu n'as sûrement jamais vu son visage avant aujourd'hui alors ne vient pas me dire ce que pensait mon frère !! Cet abruti est parti en me laissant l'Empire sur les bras !! Cet égoïste !!

Si seulement il savait. s'il savait que Zeleph est parti en guerre contre moi pour son frère. Je ne ressens rien envers le prince, pourtant à cet instant, j'ai juste envie de lui dire la vérité, pour qu'il arrête de lui en vouloir. Mais tout ce que je peux faire pour lui, c'est le prendre dans mes bras. Pourquoi est-ce que je fait ça ? N'importe qui l'aurait fait, n'importe quel être humain n'aurait pas pût laisser quelqu'un dans cet état là. A ce moment là, le prince que je connais, n'est plus qu'un homme triste et en colère. 

La reine guerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant