Chapitre 12 : Révélatrice

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Depuis que j’ai découvert la bibliothèque du palais, j’y passe énormément de temps. Je me rends compte que tout est vraiment trop démesuré dans ce pays, même leur bibliothèque. Je me dis qu'avec un peu de chance je vais trouver un moyen de sortir de ce palais puis de cette ville. Et avec énormément de chance, un livre sur la magie s'est perdu dans les milliers d'ouvrages qui se trouvent ici. A la recherche d'un énième livre, je tombe soudain sur une étagère consacrée à mon pays, au royaume de Fiore. Voilà sûrement le seul endroit de tout ce foutu pays qui puisse m'aider, magiquement parlant. Soudain, les grandes portes s'ouvrent et se referment aussitôt. Pas besoin de me retourner, je sais très bien qui vient d'entrer. Mais lui ne semble pas avoir remarqué ma présence et heureusement pour moi qui ne suis pas censé me trouver ici.. J'entends l'une des chaises du rez-de-chaussée être tirée et l'individu s'affale dessus dans un grand soupir. Essayant de ne pas m'attarder sur lui je continue mes recherches mais je ne trouve toujours rien. J'ai toujours pensé que les livres peuvent trouver la réponse à n'importe quelle question, mais quand l'on ne trouve pas le bon livre, comment fait-on? A croire que je suis condamnée à rester ici sans moyen de m'enfuir un jour ou de retrouver ma force. c'est maintenant à moi de soupirer, attirant un peu trop l'attention.

Natsu : On m'avait dit que tu venais là tous les jours, mais je ne pensais pas que c'était la vérité.

Moi, m'approchant de la rambarde : Vous devriez écouter plus attentivement les rumeurs alors, surtout en étant le fils de l'Empereur.

N'ayant plus rien à faire à cet étage, je descends les marches pour me retrouver à la table du rose que je n'arrive presque pas à discerner à travers les piles de livres qui se trouvent tout autour de lui. Si j'avais sû qu'il était mordu de lecture, je n'y aurais pas cru. Je m'approche suffisamment pour le voir assis sur une chaise, des centaines de papiers sur la table, un crayon à la main. Au vu de sa dégaine, il ne doit pas avoir changé de vêtements depuis au moins une semaine. M'inquiétant un peu trop à mon goût, j'arrive à sa hauteur et m'assoit sur le peu d'espace libre qui reste sur la table.

Moi : Vous avez l'air préoccupé.

Natsu, surpris : Tu t'inquiètes pour moi maintenant ? Ne serais-tu pas bipolaire ?

Moi, moqueuse : Ce serait plutôt à moi de vous dire cela. Vous m'envoyez au harem, vous m'embrassez contre mon gré, puis vous êtes gentil avec moi. Etes-vous bipolaire Altesse ?

Il sourit, se moquant de ma question. Un long silence s'installe, le prince se replonge dans son travail et je recommence à réfléchir. Je ne sais plus quoi faire, je devrais peut-être me faire une raison et pourtant, je ne peux consentir à abandonner mon pays aux mains de mon frère. Suis-je égoïste à vouloir retrouver ma place ? Peut-être que oui.

Natsu : Tu réfléchis beaucoup trop. Si tu veux tout savoir, je t'ai sauvée des griffes de mon père. Crois-moi tu serais déjà dans son lit à l'heure où nous parlons.

S'il savait à quoi je pensais, il paraitrait bien bête. Alors comme ça il m'aurait sauvée ? Je ne sais pas pourquoi mais cela me semble bien difficile à croire. A ses yeux je ne dois être qu'un amusement de plus dans sa vie de prince.

Moi : Pourtant votre père semble être un bon Empereur.

Natsu, mauvais : C'est ce qu'il fait croire à tout le monde, et il arrive bien à berner ceux dont il a besoin. Il initie des guerres qui lui font perdre des milliers d'hommes, son propre fils. Il ruine le pays pour entamer une nouvelle guerre entre tous les pays du continent et laisse la population dans la misère la plus totale.

Moi : Je sais, j'ai vu l'état de la ville en sortant avec Erza.

Natsu : Et il ne prend même pas la peine de régler ses problèmes et me confie toutes ses tâches ingrates. Je suis censé réprimer une rébellion naissante qu'il a lui même provoqué.

Il est vrai qu'au plan international l'Empereur a toujours fait preuve de puissance et d'intelligence même après sa défaite face au royaume de Fiore. Mais depuis que je suis ici, je me rends compte à quel point il ne mérite pas sa place. Son devoir est de protéger son peuple et d'accroitre la puissance de son pays. Si les deux ne font pas la paire, la classe dirigeante est condamnée à mourir.

Me penchant plus à présent sur le cas de la rébellion qui se trame dans les rues de la ville, je me rends bien compte qu'elle est similaire à celle que mon propre père m'avait demandé de faire face il y a des années de cela. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais j’ai envie de l’aider. Lui ou même le peuple de cet Empire qui ne devrait pas me préoccuper autant. Au contraire si une révolte gronde, ce serait ma chance. Une bonne diversion pour partir loin d’ici, mais sans pouvoirs ni armée, je ne risque pas d’aller bien loin. Autant gagner des appuis ici, maintenant.

Moi : Vous devriez sortir d’ici et rencontrer le peuple. Soutenir la religion pour qu’elle puisse cadrer les populations sans que cela ne leur paraisse être une tyrannie.

Le prince lève les yeux vers moi, examinant mes paroles. Je ne sais pas s’il a l’air contrarié, heureux, en colère, il ne fait que me regarder.

Natsu : Parce que toi tu as une grande expérience en révolte ?

J’aimerais lui dire que oui, ne serait-ce que pour le faire taire lui et son arrogance mal placée mais je ne suis pas censé en avoir. Ici je ne suis qu’une esclave et je me rends compte que je ne devrais même pas être là à parler aussi familièrement avec lui. Pourtant, je ne peux me résoudre à me sentir inférieur à lui, j’ai été bien trop longtemps au dessus de tous pour ça.

Moi : Peut-être pas, mais contrairement à vous je vis dans le monde réel. Etes-vous déjà sorti de ce palais ? Vous ne vous préoccupez que des répercussions politiques d’une probable révolte, la façon de la réprimer. Mais croyez-moi si vous faites ce qu’il faut pour aider les populations à vivre plus décemment, pourquoi vous ferez t’ils la guerre ?

Natsu : Tu as peut-être raison, mais tu oublies que si je fais ça, mon père n’y gagnera rien. Le peuple lui fera la guerre à lui au lieu de la faire à nous deux.  

Moi : Pourquoi vous préoccuper de lui ? Si le peuple vous aime il vous soutiendra une fois que vous serez Empereur. Rien ne devrais être plus important  que votre règne et non celui d’un autre.

Natsu : Tu me suggères un coup d’Etat ? On croirais entendre le nouveau Roi de Fiore et lui est bien pire que mon père.

Moi : Je ne vous suggère rien du tout, de grands dirigeants sont arrivés au pouvoir par un coup d’Etat. Mais ici, il s’agit seulement de penser au futur et non au passé.

Il semble peser le pour et le contre. Aussi étonnant que cela puisse paraitre il ne m’a pas arrêté une seule fois, écoutant attentivement mes paroles. J’ai l’impression d’en avoir trop fait, d’avoir révélé une part de moi même qui ne devrait pas exister ici pour ma propre sécurité. Pourtant, j’éprouve une grande satisfaction dans ce que je viens de dire. Je retrouve un peu de mon naturel ainsi.

Au bout de quelques minutes de silence et de réflexion, le prince soupire et plante son regard dans le mien, l’air déterminé.

Natsu : Très bien. Et que me conseilles-tu ?  

La reine guerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant