Mardi

10.1K 415 521
                                    

AVERTISSEMENT

Cette histoire aborde des sujets compliqués (harcèlement scolaire, viol, dépression, transphobie) et contient des lettres de suicide.

Si vous êtes sensibles et que vous rencontrez des problèmes liés aux thèmes de mon texte, surtout, parlez-en autour de vous et faites vous aider par un proche ou une association.


_ _


Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Il était environ 3h00 quand j'ai reçu un autre appel de Pierre. Encore pour un suicide. Encore dans le même immeuble. Encore dans le même appartement...

Je me suis excusée auprès de Clara et je l'ai laissée chez moi. En arrivant sur place, les gars de la patrouille étaient plus abattus qu'au moment où je les avais quittés la veille. Quand je suis entrée, j'ai compris que ça s'était passé dans la salle de bain.

Je me suis avancée pour m'y rendre, mais Pierre m'a retenue en me saisissant par le coude. On s'est regardés droit dans les yeux sans trop savoir ce qu'il se passait.

Avec Pierre, on se connaissait bien. Très bien même. On avait eu une aventure. C'était un mec bien. Il voulait fonder une famille, avoir au moins trois enfants, un labrador, une maison en banlieue, un jardin, une barrière blanche. Le genre de chose qui n'existe que dans les contes de fées. De toute façon, ce n'était pas pour moi. Pas du tout.

- Ça va aller, lui ai-je dit de la voix la plus douce que je puisse trouver.

Après une hésitation, il m'a lâchée et j'ai avancé vers la salle de bain. En passant le seuil de la porte, je me suis figée.

Dans mon métier, j'avais déjà vu des choses déroutantes. Des scènes d'horreur. Des agissements qui pourraient être qualifiés d'inhumains, mais là, c'était d'un tout autre registre.

La mère et ses deux enfants étaient en sous-vêtements allongés dans la baignoire. Elle les tenait tout contre elle comme s'ils avaient participé à une photo de famille. Ils avaient tous leurs avant-bras et leurs intérieurs de cuisses ouverts sur dix bons centimètres.

En s'écoulant, le sang avait formé dans le fond de la baignoire une mare écarlate. Elle reflétait l'image des corps sans vie. Elle recouvrait presque complètement les jambes du plus jeune des enfants qui n'avait que 4 ans. Le couteau qui avait été utilisé tenait lui comme par miracle dans la main de la mère.

Ce qui rendait la scène plus dérangeante encore, c'était le fait qu'il n'y avait aucune trace de lutte. Aucune contrainte apparente. D'après le médecin légiste, il s'agissait bien d'un suicide. Mais le pire restait à venir.

La Saison du Suicide [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant